Censure

Le ministre Gassama au front : retour sur une journée turbulente à Hamdallaye-Bambéto-Coza-Enco5

Comme dimanche, la journée du lundi 23 septembre a été particulièrement agitée et émaillée d’incidents qui ont mis aux prises des militants du RPG Arc-en-ciel, le parti au pouvoir et ceux de l’UFDG, le principal parti de l’opposition à Taouyah, Hamdallaye, Bambéto, Cosa, d’une part et de l’autre, les forces de l’ordre aux militants des deux partis.

 

Face à cette escalade inquiétante de la violence entre militants du RPG Arc-en-ciel et de l’UFDG, le ministre des droits de l’Homme et des libertés publiques, Diaby Gassama en compagnie de certains de ses cadres et d’une forte équipe multimédia, a décidé de monter au front pour aller livrer aux uns et aux autres, le message de paix, de non- violence et surtout de la légalité.

 

Au QG de l’UFDG

Il était presque 13 heures lorsque le cortège du ministre Diaby et sa suite arriva au QG de l’UFDG à Hamdallaye-CBG. En l’absence du maître des lieux, le président du parti, Elhadj Cellou Dalein Diallo, parti à Labé pour les obsèques du grand iman de cette ville, le ministre des Droits de l’Homme a été accueilli par Dr Fodé Oussou Fofana.

 

Après un bref échange entre les deux hommes, le cortège reprend son chemin avec cette fois-ci Dr Oussou Fofana, le Vice-président de l’UFDG. Direction, Kankankoura au niveau du petit lac dans le quartier de Taouyah d’où sont partis les incidents ayant opposé ce dimanche les militants du RPG arc-en-ciel à ceux de l’UFDG.

 

Kankankoura, le point de départ de cette opération a hauts risques pour le ministre des droits de l’Homme 

 

Kankankoura, réputé pour être un bastion du parti au pouvoir, a été la ligne de départ de cette dangereuse mission du ministre des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques. Bien que surpris par la présence de la délégation du ministre Gassama en ces moments chauds où peu de hauts cadres préfèrent les bureaux ou les maisons au terrain, le groupe de jeunes manifestants, proches du pouvoir qui étaient sur place, se sont vite regroupés pour écouter dans la plus grande discipline le message dont était porteur le visiteur.

 

Dans son intervention et sans langue de bois, le ministre a rappelé à ses interlocuteurs les valeurs et les principaux fondamentaux qui régissent un État de droit. Selon Gassama Diaby, la violence doit être bannie définitivement de nos cultures car elle constitue, a-t-il dit, l’arme des plus faibles. Il mettra l’accent sur le respect réciproque entre les militants de partis politiques, le respect des lois et institutions de la République.

Pour le ministre des droits de l’Homme, le dialogue, le respect et l’acceptation de l’autre dans sa différence,  sont les seuls moyens qui permettront de fonder en Guinée un véritable État démocratique, vertueux des principes universels des droits de l’homme. C’est sous les ovations des jeunes qu’il se retirera des lieux. Cette ferveur enthousiaste avec laquelle le ministre a été reçu dans ce fief,  tranche nettement avec les critiques dont ce ministre fait l’objet très souvent de la part l’élite du parti présidentiel.

 

 Axe Hamdallaye-Bambéto : Gasama Diaby bien accueilli

 

Après l’escale de Kankankoura, le ministre Diaby a mis le cap sur l’axe Hamdallaye-Bambéto, une zone traditionnellement acquise à la cause du chef de file de l’opposition. Même si le décor et l’interlocuteur ont changé, le message républicain du ministre est resté invariablement le même. Comme à Kankankoura, le discours aux jeunes de l’axe Hamdallaye-Bambéto, a été un discours plein de sincérité, d’humanisme, de patriotisme mais surtout celui appelant au respect absolu des lois et de l’autorité de l’Etat.

 

Bretelle Carrière-Hamdallaye, une véritable pétaudière qui échappait à tout contrôle des forces de sécurité

 

Sur place, la tension était extrêmement vive entre militants de l’UFDG et ceux du RPG Arc-en-ciel. Débordés par le déferlement de la violence entre les deux groupes de jeunes, décidés à en découdre, les gendarmes étaient réduits à rester sur la ligne défensive établie tout autour des axes qui mènent au siège national du RPG arc-en-ciel.

 

Face-à-face, les deux parties s’attaquaient et se contrattaquaient à coups de bâton, de pierre, de fronde… sous le regard médusé des gendarmes, totalement dépassés par l’ampleur des violences. Tout le long de cette bretelle, ils avaient réussi à dresser des barricades à l’aide de pneus enflammés, de gros troncs d’arbre, de cailloux. Ce qui rendait toute circulation quasi impossible dans la zone.

 

C’est dans cette fournaise, digne d’une véritable guérilla urbaine que le ministre Diaby, toujours en compagnie de ses jeunes cadres et de Dr Oussou Fofana, s’enfonce pour tenter de ramener le calme. Le pari était à la foi difficile et périlleux pour lui.

 

A son arrivé, le ministre s’avise tout d’abord auprès des gendarmes qui le briefent rapidement sur la situation qui prévalait sur le terrain. Sans en démordre, Gassama Diaby décide d’engager des échanges  directs avec les jeunes surexcités et leurs leaders. En dépit de leur détermination à en découdre avec les militants du parti présidentiel, les manifestants pro-Dalein, finirent par être réceptifs aux messages du ministre des Droits de l’Homme à qui ils ont promis d’observer un cessez-le feu.

Hamdallaye-Bambéto, le chemin de la croix et de la bannière pour le ministre Diaby et sa suite

 

Résolument engagé à mettre fin au chaos et à l’anarchie qui agitaient la zone, le ministre des Droits et des Libertés Publiques, après avoir rencontré les jeunes de cette bretelle de Concasseur, est monté, non en conquérant, mais en pacificateur sur le très redoutable axe Hamdallaye-Bambéto. Pour y arriver, les marges de manœuvre du ministre Diaby étaient plus que réduites.

 

Les jeunes étant naturellement hostiles à toute présence des hommes en uniforme dans la zone, il ne lui restait plus que son courage et sa bonne volonté pour réussir ce pari hautement risqué pour sa vie. Sans hésiter, sans son véhicule de commandement et sans son escorte de gendarmes qui l’accompagnait, il a décidé d’affronter le monstre.

 

Il était presque 15 heures. Malgré les braises ardentes que crachait le soleil  à cette heure, il entreprit avec Dr Fodé Oussou la remontée  à pied de ce trajet d’environ deux Km entre Hamdallaye-Bambéto. C’était une aventure périlleuse et insolite qui a commencé juste au niveau de l’école primaire de Hamdallaye, non loin du siège du RPG Arc-en-ciel. Là, le ministre engage les discussions avec les premiers groupes de jeunes qui tenaient farouchement cette ligne de démarcation entre les gendarmes et leur groupe.

 

A l’entame des échanges, les jeunes expliquent au ministre qu’ils n’accepteront jamais que les gendarmes quittent leur ligne pour faire ‘’incursion’’ dans les zones qu’ils occupaient. En véritable républicain, le ministre des Droits de l’Homme a fait entendre aux jeunes les valeurs et les principes qui régissent un Etat de droit. S’il a accepté volontiers de laisser sur place le pick-up de gendarmes qui l’escortait, Gassama Diaby a expliqué que la présence des forces de sécurité est indispensable pour maintenir et garantir l’ordre public dans un cadre strictement légal.  Puis au tour de Dr Oussou Fofana de livrer, au nom du président de l’UFDG, son message.

 

Cet exercice préalable de communication qui a été bien mené par les deux hommes, a permis à la délégation de progresser rapidement sur le terrain. Les manifestants visiblement touchés par les discours tenus, ont aussitôt décidé, séance tenante, de procéder, à eux-mêmes, au démantèlement des barricades qu’ils avaient érigées le long des deux voies de la route Leprince. Pendant plus d’une heure de trajet, le ministre Gassama et Dr Fodé Oussou ne cessaient de marteler à chaque groupe de jeunes qu’ils croisaient, les messages appelant à la paix, au respect de l’autre et au respect de l’autorité de l’État.

 

Les propos  discourtois contre le président de la République : la ligne rouge que le ministre Gassama interdit aux manifestants de franchir

Autant il se bat pour permettre à tout guinéen de jouir de la plénitude de ses droits, y compris les opposants et ce, conformément aux prescriptions de nos lois, autant il tient au respect des institutions de la République et des hommes qui les incarnent. Imbus de ce principe sacro-saint qu’il a des droits de l’homme, le ministre Diaby n’a pas hésité à hausser le ton face aux manifestants qui commençaient à scander des propos hostiles et particulièrement discourtois à l’endroit du Premier magistrat du pays.

 

‘’Je tiens au respect de tous, de nos institutions et des hommes qui les représentent et particulièrement le président de la République. Je suis son ministre et je ne peux accepter qu’on tienne des propos discourtois à son égard en ma présence.  Cela n’est ni républicain ni conforme au droit de l’homme. Donc,  je n’accepterai aucune insulte ni propos discourtois à l’égard de quiconque encore moins envers le chef de l’état même si vous ne le soutenez pas, ce qui est votre droit.  Donc si vous n’arrêtez de suite, je m’arrête là et je me retourne ’’, a lancé audacieusement le ministre des Droits de l’Homme à la foule de manifestants très surchauffés qui l’accompagnaient. Et Dr Fodé Oussou, qui s’est particulièrement montré à la hauteur de sa responsabilité, a apporté son soutien ferme au ministre et a appelé ses militants à calmer le jeu. De Hamdallaye jusqu’à la descente de la colline qui mène à la RTG en passant par le grand carrefour de Bambéto, les manifestants ne cessaient d’ovationner le duo Gassama-Fodé Oussou.

 

Un trajet qui a été également bien assaisonné, à défaut d’attaquer le chef de l’Etat, de slogans favorables au chef de file de l’opposition et à son parti. Des cris de ‘’vive l’UFDG, vive El hadj Cellou Dalein’’ étaient scandés à satiété tout le long de ce parcours de combattant qui a été si pénible que Dr Oussou Fofana a failli s’écrouler en raison d’une brusque chute de sa tension artérielle. Une situation qui a d’ailleurs contraint le ministre à écourter son trajet pour regagner Kaloum où il a rencontré Baïdy Aribot, le candidat uninominal de l’UFR.

 

Grâce à cette intervention qui a permis la levée des barrages, certains motards et automobilistes courageux avaient commencé, avant même la fin de la mission dans la zone, à circuler sur l’axe Hamdallaye-Bambéto.

 

A voir cette sortie réussie du ministre des Droit de l’Homme dans une zone hostile au pouvoir, ceux qui dans le parti au pouvoir, l’accusent d’être trop proche de l’opposition et trop sensible aux revendications de celle-ci, sont encore et sans doute bien servis.

 

Nous y reviendrons.

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