Censure

Lansana Diawara, président d’une association de consommateurs: « Nous allons engager une procédure contre certaines banques de la place »

Lansana Diawara

 

Vendredi 16  mai dernier, notre reporter s’est entretenu avec  M. Lansana  Diawara, Président de l’Association Guinéenne des Usagers des Banques (AGUB).  Une structure de défense des consommateurs spécialisée dans les établissements bancaires et assurances en République de Guinée. Dans cet entretien, M. Diawara explique les magouilles de certaines banques de la place, et la décision de porter plainte contre celles-ci à la justice.

Guinee7.com: Des clients de certaines banques  se plaignent de la qualité du service. Qu’en dites-vous?

Lansana Diawara : Vous savez, j’ai souvent dit que nous traversons une situation exécrable dans nos établissements bancaires en République de Guinée. Et tout récemment, nous avons fait des enquêtes pendant au moins un mois. Il y a eu assez de plaintes remontées au niveau du siège de l’AGUB. Certaines banques ont souvent été citées comme celles qui posent des problèmes aux usagers.

Quelles sont ces banques?

Je peux citer Ecobank qui vous impose une carte magnétique sans votre demande. demande au préalable.  Le malheur est que la plupart des clients ne savent pas utiliser ces cartes magnétiques. C’est dire que ces cartes sont entretenues à leurs frais pour rien. Ce sont des formes d’arnaques qui sont très graves. C’est un produit bancaire et il faut une fois de plus laisser le soin aux clients de donner son accord à obtenir une carte magnétique.

Et de grâce, si le client n’a pas demandé, il ne faut pas la lui imposer. Il y a aussi le cas des fonctionnaires dont les salaires ont été virés à Ecobank. Cette banque avant ce virement leur avait promis des prêts. Ces fonctionnaires ont, pour certains, eu des prêts par deux fois. Et depuis, la banque leur refuse les prêts sous prétexte que ce sont des fonctionnaires fictifs. Il faut cependant rappeler que l’Etat s’est porté garant des prêts ce qui du coup confirme que ces personnes  relèvent de l’Etat. S’il se trouve par la suite que ce sont des fonctionnaires fictifs, c’est à l’Etat de tirer les conséquences. En fait, c’est un contrat individuel et non un contrat collectif. Donc, si x n’a pas respecté son engagement, vous n’avez pas de raison à taper  y ou z.

Toujours à Ecobank, il y a assez de lenteur dans le service. Quand vous devez retirer 100 mille GNF, vous venez le matin,  il faut passer toute une journée pour retirer cette somme. Alors qu’on doit facilement avoir accès à son bien.

A part Ecobank,  il y a d’autres banques qui causent des ennuis?

Il y a la Société Générale des Banques en Guinée (SGBG) où une attestation bancaire vous coûte 200 mille GNF. C’est un document qui atteste que vous avez votre compte en Banque. C’est excessivement cher. Toujours à la SGBG, il y a des clients qui se plaignent des manquants. On vous verse de gros montants que vous ne pouvez pas compter. En quittant la banque avec l’argent, vous faites confiance à l’établissement et  chez vous, vous constatez qu’il y a des manquants et vous ne pouvez plus y retourner. Ce n’est pas sérieux et c’est très grave. Toujours en ce qui concerne  cette banque, il y a le cas des cartes éclair qui vous permet de retirer de l’argent à partir du guichet automatique. Là, il y a un problème, car l’écriture du reçu que vous obtenez de ce retrait d’argent s’efface en quelques jours et vous ne pouvez plus comptabilisez. Surtout qu’on vous l’a facturé.

Et le cas de la Badam?

Là, c’est plus grave encore. C’est une banque qui est en faillite depuis des années. Jusqu’au moment où je vous parle, aucun client n’a bénéficié d’un franc. Tout ce que le gouvernement à travers la Banque Centrale a essayé de faire, c’est de nommer un liquidateur. Dans cette liquidation, nos informateurs nous ont fait comprendre qu’il  y a trois parties qui doivent être désintéressées  dans ce processus : les actionnaires, les employés et en dernier ressort les clients. Ce  qui n’est pas normal, car nous estimons qu’il fallait désintéresser d’abord les clients et c’est ce qui va beaucoup encourager la bancarisation qui va être revue à la hausse. Jusque-là, cette situation traine. Alors, nous nous constituons en partie civile et tout est prêt pour engager ce processus auprès des juridictions pour  que la lumière soit faite par rapport à cette situation  et savoir qui a fait quoi. Surtout des plaintes spécifiques contre ces actionnaires de ces banques-là. Il faut savoir que c’est une banque qui avait pour objectif de financer des projets de l’agriculture et de l’élevage, malheureusement, des cadres corrompus de cette banque ont essayé de financer des projets commerciaux et industriels. Ce qui n’était pas la vocation de cette banque. Chose qui a accéléré  sa chute.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour  mettre fin  aux pratiques malsaines aux niveaux des banques ?

L’AGUB est agréée par l’Etat et peut agir en justice en se constituant partie civile dans un procès pénal dans l’intérêt des usagers de banque.  S’il résulte de l’infraction, d’un préjudice collectif ou en engageant un procès civil afin d’obtenir la suppression de clauses abusives  de contrats types ou en se joignant à un ou plusieurs consommateurs des usagers de banques  qui ont déjà engagé un procès
civil afin de réparer un préjudice civil individuel. En disposant de l’agreement national, nous pouvons aussi recevoir le mandat de plusieurs consommateurs ayant chacun subi un préjudice provoqué par le même fait. Nous agissons alors en leurs noms  pour obtenir réparation devant toute juridiction dès la saisine. Donc, nous tenons à vous signaler que nous allons engager une procédure contre certaines banques de la place. Nous comptons sur tous les usagers des banques pour le réussir.

Propos recueillis par El Hadj Mohamed Koula Diallo

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