Censure

Sotragui : Entre menaces des usagers et bas salaires, les travailleurs ont les mains crispées sur le volant

La Société de Transport de Guinée (SOTRAGUI) traverse des moments difficiles. Et du coup, elle n’arrive pas à couvrir les besoins de la population en matière de transport. Pour en savoir  plus notre reporter s’est rendu dans les locaux de ladite société à Matoto ce mardi 2 décembre.

Lancé le 1er mars 2012, avec 16 bus dans le circuit, selon le Secrétaire Général du syndicat de la Sotragui, M. Madani Sano, cette société a connu plusieurs péripéties : « A ce jour, il y a 851 travailleurs. Et à un moment donné, il y avait 75 bus qui fonctionnaient. Mais les événements politiques ont décimé notre parc automobile. Actuellement c’est la ligne de Kaporo et de l’autoroute qui est servie. La ligne de Bambéto est suspendue, car l’insécurité y persiste toujours. Lorsqu’on a  voulu la relancer, on a été menacé. C’est pourquoi, elle reste suspendue.»

En visitant le dépôt de la Sotragui, on constate que le parc automobile est composé de beaucoup de bus à l’arrêt. Sur les raisons de cet arrêt de certains bus, le Secrétaire général du syndicat M. Madani Sano précise : « C’est vrai que depuis quelques temps certains bus sont à l’arrêt. Mais le problème est en passe d’être résolu. En effet, nous avons reçu  certaines pièces comme les plateaux, les disques. Il faut reconnaitre qu’il reste des  pare-brise. Mais on espère en recevoir bientôt. »

Sano indique  ensuite qu’à ce jour il y a 29 bus qui circulent dans la capitale. Soit 25 bus sur le réseau et 4 autres en attente. Par rapport aux difficultés que rencontrent les travailleurs de cette société, le syndicaliste précise : « Nous avons envoyé un préavis de grève le 25 novembre dernier à la direction pour demander une augmentation des salaires. Mais la direction nous a promis d’ouvrir des négociations et nous attendons. Il faut aussi noter que nos travailleurs sont confrontés à un problème d’insécurité. Car la plupart du temps, l’équipage est agressé par les passagers. En plus de ça,  depuis qu’on est entré à la Sotragui, on a toujours le même salaire.»

Et de lancer cet appel : « Nous demandons à l’autorité de nous venir en aide en augmentant le parc automobile afin qu’on puisse couvrir l’intérieur du pays et la sous-région. On ne veut plus que la société fasse faillite. Il faut que les Guinéens apprennent à pérenniser l’acquis. On souhaite laisser un acquis à nos enfants. »

‘‘On est maltraité’’

Fadjimba Diawara, conducteur : « J’ai commencé à travailler  depuis le 1er mars 2012 à la Sotragui. On a souscrit à la Caisse de Sécurité Sociale. Jusqu’à présent on n’a pas de carnet. Durant les fêtes ; on ne gagne rien comme prime. Aussi, lorsqu’on est malade, on n’est pas pris en charge. Et le salaire est insuffisant.»

Un contrôleur sous anonymat : « Je travaille ici depuis  octobre 2013. On est maltraité. Car on travaille du matin au soir avec un salaire misérable. Sur le terrain, les passagers nous insultent et parfois on est même agressé. On réclame l’augmentation du salaire et le 13ème mois.»

I K C, conducteur : « On travaille dans des conditions difficiles.  Certains passagers nous agressent et la direction devrait prendre toutes les dispositions pour nous sécuriser. Mais il n’en est rien. Et avec tous ces risques, le salaire laisse à désirer. Donc, nous souhaitons vraiment que cela change. Mais pour le moment la direction reste insensible à nos souffrances.»

A la direction des Ressources humaines et de la Communication où nous nous sommes rendus pour prendre sa version  des faits, le directeur nous a lancé d’un ton ferme : « Nous n’avons aucune communication à faire pour le moment.»

El Hadj Mohamed Koula Diallo

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