Censure

Elaj, mort la plume à la main

Ce vendredi, il est pile 16h45. Elhadj Mohamed Diallo, principal journaliste de www.guinee7.com m’appelle en m’annonçant : « M. Traoré, Bah Oury est venu au QG de l’UFDG, une bagarre a éclaté. On l’empêche de rentrer, je suis là. Je suis. » Je lui dis : « prend la photo et tu me décris au fur et à mesure la scène pour que je rédige ici.»

Aussitôt le téléphone raccroché, je rappelle. Sans réponse. Je reprends l’expérience à 16h53. Sans succès. Dans l’attente de la description et de la photo, à 16h56, Nouhou Baldé, l’administrateur de guineematin.com m’appelle et m’annonce qu’une balle a touché mon journaliste dans la bagarre entre partisans de Cellou et ceux de Bah Oury. Je range mes affaires.

En sortant du bureau, un collègue de Elhadj m’appelle pour me dire qu’on l’amène au CHU de Donka à l’urgence. Je n’ai pas rencontré d’embouteillage. C’était une chance. Alors je pris l’autoroute pour vite venir au chevet du guerrier.

Me voici dans quelques minutes à Donka. J’arrive aux urgences. Les collègues de Elhadj bougent de partout : « c’est son patron », disaient-ils aux médecins. Et moi je demande : « il est où ? » « Aux urgences », me dit un homme en blouse bleue. « Oui, peux-je le voir ? » on me mettait comme une barrière devant. Un homme remarque que je commençais à casser les larmes qui s’invitaient sur mon visage sans que je ne les commande. Un homme me tire par la main et me met dans un coin : « Vous êtes un homme. Vous devez avoir le courage. Je vous dis la vérité, il est décédé », me dit-il en appuyant mon bras sur ma jambe. Sur ma tête, le monde s’effondre.

« Elhadj » le journaliste qui aime aller au charbon est cette fois-ci allé pour ne plus revenir. Ils l’ont tué pendant qu’il était en plein exercice de son métier qu’il aime comme aucun journaliste. Ils l’ont tué laissant sa petite fille et son épouse en larmes. Que justice soit rendue.

Ibrahima S. Traoré

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