Censure

Un garde pénitentiaire fait des attaques à mains armées sans être inquiété: bénéficie-t-il des complicités de sa hiérarchie

Une sale affaire de complicité avec des détenus éclabousse en ce moment même de hauts responsables de l’administration pénitentiaire.  Ils sont soupçonnés de faciliter l’évasion de bandits de grand chemin comme Alphonse Lamah. Et pour cause?

Garde pénitentiaire de son état à la Maison centrale de Coronthie, Alphonse Lamah faisait partie d’un gang de 4 personnes qui avait braqué en novembre 2015 l’artiste vedette M’Ballou Kanté avant de lui dérober  la somme  de 21 mille dollars US, des bijoux en or, des bazins, des téléphones portables, 2 ordinateurs et 1 iPad.

Quelques temps plus tard, les présumés malfrats sont interpellés par l’escadron mobile n°4 de la gendarmerie de Matoto puis placés en détention à la Maison carcérale de Coronthie.

Peu après, le garde pénitentiaire est traduit devant le Tribunal de première instance (TPI) de Mafanco pour ‘‘vol à main armée’’. Il est condamné à 2 ans assortis de sursis. Le jugement d’Alphonse Lamah se fait en l’absence de ses 3 complices qui sont toujours en prison. Là, question. Pourquoi avoir précipité son jugement? Des versions accusatrices sont nombreuses autour de ce dossier. Les unes font état de corruption, sans donner de noms. Les autres indexent deux hauts responsables d’avoir touché à un montant de 12 millions de FG et facilité les choses aux détenus, après un simulacre de procès.

Cette allégation gravissime amène à s’interroger sur la motivation qui a conduit à  faire trimbaler devant un tribunal correctionnel Alphonse Lamah  alors que le chef d’accusation retenu contre lui relève d’une affaire criminelle.

Après la libération d’Alphonse Lamah, le voilà bénéficiaire d’une prétendue mutation… à Kankan. D’aucuns estiment qu’il s’agit là d’une habitude qui consiste à éloigner un détenu de ses victimes et de ceux qui l’avaient arrêté. Mais les choses tournent mal.

Alphonse Lamah, pressenti être muté à Kankan, est enseveli dans un drap aussi sale en haute banlieue de Conakry où un de ses présumés complices nommé Louis Loua est arrêté armé de PMAK, alors qu’il menait un braquage – en compagnie d’Alphonse Lamah –  dans le quartier de Foula-madina, commune de Ratoma. Curieusement, Lamah n’est pas arrêté.

La Brigade anti-criminalité (BAC) présente Loua au public dans l’enceinte du ministère en charge de la Sécurité. La page se tourne. 

La convocation à la Police

Aurait-il agi de connivence avec une haute autorité pénitentiaire ? La question se pose puisqu’aussi incroyable que cela puisse paraître, le récidiviste Alphonse reste introuvable.

Une enquête est ouverte. Le régisseur de la prison de Coronthie, Moriba Sylla est convoqué, il y a de cela plus d’une semaine à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), avenue de la République, Conakry.

Quand nous lui avons posé la question, le régisseur Sylla a d’abord déclaré qu’Alphonse Lamah dont il s’agit est bel et bien un garde pénitentiaire. Mais vouloir faire un lien de complicité de sa part avec la personne d’Alphonse Lamah, serait l’accuser à tort. Mais M. Sylla déclare n’avoir jamais reçu de convocation écrite sur cette affaire. Cependant, il affirme avoir répondu à une convocation verbale.

De son côté, le directeur de l’Administration pénitentiaire Alpha Tanoundi Camara  indique qu’il n’y a jamais eu de convocation contre le régisseur. «En plus, ajoute-t-il, je ne suis pas au courant de ce qui se passe à la Maison centrale. Si je me rends pas là-bas, on ne m’informe pas».

Le directeur de la DCPJ confirme qu’il n’y a jamais eu de convocation émise à cet effet.

Mais l’affaire Alphonse Lamah sème la psychose dans les rangs des hauts perchés de l’administration pénitentiaire. Qui est complice et qui ne l’est pas? Au moment où nous publiions cet article, chacun montrait patte blanche. Jusqu’à quand ?

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Abdoul Malick Diallo

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