Censure

Photographier Alpha Condé en public n’est pas une offense, donc pas un délit, chers gardes du corps

«J’étais au siège du RPG pour l’assemblée générale. A l’arrivée du président, je suis sorti dehors pour le prendre en photo, juste en face du siège. C’est là que j’ai été interpellé par un militaire, qui m’a demandé de lui montrer ce que j’ai pris comme image. Avant même que je ne m’exécute, il a retiré mon appareil. Je lui ai dit de supprimer ladite photo et me remettre mon appareil, il n’a pas voulu, il y a eu altercation entre nous. Ils m’ont embarqué par la suite jusqu’au niveau de leur base à la présidence de la république, à côté de l’APIP. Au moment où ils (les militaires) me bombardaient de questions, un agent habillé en veste bleue est venu me frapper à la poitrine, et je me suis directement évanoui. A mon réveil, un doyen de la presse était là, il m’a conduit vers le bureau de presse de la présidence, où il m’a remis ma carte mémoire», tel est le témoignage, dans la presse, de Abdoul Malick Diallo, reporter du journal Le Populaire et du site Aminata.

Le journaliste est donc victime d’une garde qui confond le noble métier de la protection physique du chef de l’Etat à l’excès de zèle. « Il faut avouer aussi que, du côté des apôtres, le zèle a été parfois un peu précipité ; il a manqué dans cette occasion à la cause de la vérité, ce qui manque si souvent, une grande tête à la tête des têtes », écrit en 1816, Joseph de Maistre e à M. le Vicomte de Bonald.

Cet incident qui s’est passé ce samedi n’est pas le premier cas. On se rappelle qu’un autre journaliste a été brutalisé, son matériel confisqué par cette garde sous prétexte qu’il a utilisé un ‘‘matériel inapproprié’’, un téléphone portable, pour photographier le chef de l’Etat. Comme si les fonctions de photographie d’un téléphone portable étaient différentes de celles d’un appareil de photo classique !

La loi sur la presse en Guinée protège le président de la République contre les offenses. Et même par absurde, une photo du chef de l’Etat prise en public, constituait une offense, elle doit être constatée par un procureur et non par une garde qui, à bien des égards, se moque des lois de la République.

De par le ton utilisé par les journalistes, de par la diversité des courants de pensées dans les médias, de par la tolérance de nombreux dérapages-liés le plus souvent au manque de formation- des journalistes, les hommes de médias n’ont pas à se plaindre de la liberté qui leur est accordée dans l’exercice de leur fonction.

Cependant ces efforts risquent d’être sapés par les faits de la garde d’une autre époque.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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