Censure

Bouréma Condé, force tranquille et Grand Commis de l’Etat (Par Cheick Ahmed Sylla)

On l’entend peu, on le voit peu. Il n’a pas de compte Facebook, ni de compte Twitter. Vous ne l’entendrez pas dans les grandes gueules, vous ne le voyez pratiquement pas à la RTG. Il ne reçoit pas les félicitations des partenaires au développement de la Guinée. Il ne s’affiche pas à la une de journaux. Il fait juste son boulot. Et il le fait excellemment bien.
Bouréma Condé est ce qu’on appelle un Serviteur de la République. Ceux de l’école classique, qui ont un sens élevé de la République, des valeurs et des responsabilités qui incombent à ses serviteurs.

Son mérite réside autant dans les résultats qu’il obtient que par la discrétion des actions qui amènent ces acquis.

Sans bruit, sans appui particulier, il a réussi là où les autres ont échoué. Alors que depuis 2011, les négociations entre pouvoir et opposition ont toujours eu du mal à démarrer faute « d’arbitre » accepté de part et d’autre, Bouréma Condé s’est imposé à l’unanimité comme Président du cadre de dialogue Pouvoir-Opposition.

Sa désignation en cette qualité est plus qu’un témoignage de confiance quand on sait qu’en son temps, le Général Lamine Cissé, sommité reconnue internationalement, avait été récusé par l’opposition ; quand on se souvient que Saïd Djinnit, après avoir mené le dialogue de 2013, a été sérieusement contesté par cette même opposition ; quand on ajoute que, cette fois, l’opposition n’a plus exigé la présence de deux assesseurs guinéens.

Ce choix relève donc, non seulement d’une grande confiance en la probité de Bouréma Condé mais également en sa compétence. Que tout le monde s’accorde sur sa capacité à mener les débats sur un sujet aussi stratégique et sensible que les élections communales et l’application des accords de 2013, est la preuve du capital crédibilité que cet homme d’Etat a su construire dans sa carrière.

Quand on se remémore la tension qui existait avant la rencontre entre le Chef de file de l’opposition et le Chef de l’Etat suivie par la tenue de ce dialogue, on évalue aisément la contribution de Bouréma Condé à l’apaisement social.

Si on évoque le bilan politique, social et humain des manifestations du premier mandat d’Alpha Condé, on apprécie avec soulagement que Bouréima Condé soit parvenu à éviter aux Guinéens de telles épreuves.

A force d’argumentaire simple, logique et concis, dépouillé de tout vocabulaire savant et mystique, le ministre de l’Administration de Territoire a su expliquer les enjeux qui entouraient les élections communales.

En faisant preuve de pédagogie et de patience, il a su faire comprendre aux uns et aux autres les difficultés liées à l’organisation de ces élections en l’état actuel de nos lois. Devant le blocage qui se profilait, il a su continuer à mener les débats jusqu’à ce que les solutions apparaissent et se matérialisent par cet accord du 12 octobre.
Le plus remarquable, c’est qu’il a accompli sa mission sans qu’à aucun moment, ni l’opposition, ni le pouvoir, n’aient à douter un seul instant de son appartenance politique et de sa loyauté vis-à-vis du camp présidentiel.

Ce succès, qu’il a engrangé en menant le dialogue politique et qu’il poursuit dans le cadre de la préparation des élections communales, ne doit pourtant rien au hasard. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’ordre et la discipline qui règnent à présent dans les Gouvernorats et les Préfectures de la Guinée. Alors que les premières années de la troisième république avaient enregistré des suites de dysfonctionnements et d’impairs de la part des représentants administratifs locaux, ces types de manquement se font de plus en plus rares sous le magistère de Bouréma Condé.

Alors que les partisans d’un « jeunisme » très souvent démagogique réclament à tout va le remplacement des anciens par des plus jeunes, voilà qu’un haut cadre, issu de la « vieille école », démontre sa capacité à s’adapter et à faire face aux nouveaux défis qui se posent aux Etats africains en quête de démocratie.

Finalement et, encore une fois, il ne fait que son boulot. Mais au moment où la plupart des acteurs politiques de notre pays calculent tous leurs actes et conçoivent toutes leurs déclarations pour attirer le plus possible l’attention des médias et se construire une image, ce Monsieur redonne toute sa signification à la notion de Grand Commis de l’Etat.
Chapeau Monsieur le Ministre !

Cheick Ahmed Sylla

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