Censure

Alpha CONDÉ2 : Promesses soudaines illimitées, et corruption minière en Guinée (Par Mamadou Billo SY SAVANÉ)

L’arrestation de M. Mahmoud THIAM aux U.S.A., puis son incarcération pour corruption minière de grande ampleur du temps où il était ministre des Mines et des Ressources naturelles, semblent annoncer quelques tourments juridico-politiques à Conakry. L’hypothèse qu’à plus ou moins longue échéance, le président Alpha CONDÉ soit directement cité dans cet immense scandale n’est pas absurde. Loin s’en faut. La proximité en affaires de certains de ses très proches Ministres d’avec le désormais prisonnier américain, Mahmoud THIAM, n’est pas des plus rassurants pour lui, et encore moins pour certaines de ses notabilités politiques proches. Il est d’autant moins rassuré que certains de ses ministres, organisateurs de la récente « MAMAYA » à KINDIA ne peuvent pas être suspects de la moindre probité dans la gestion des affaires publiques. Bien au contraire.

Après ce constat, il faut bien s’interroger sur le ou les mobiles de la fébrilité soudaine du président. Cette fébrilité inhabituelle se traduit par des promesses démagogiques illimitées et les gesticulations brouillonnes qu’on observe chez lui, depuis l’incarcération de M. Mahmoud THIAM. Est-ce une simple coïncidence ?- A voir.

Tout d’un coup ici, il promet des usines. Là, ce sont des centaines de milliers de logements qui sont promis dans la même précipitation. Ailleurs, c’est un chef d’Etat étranger, en l’occurrence turc qui lui aurait ordonné de raser la ville de CONAKRY. Bref, on est pris de vertige, tant les promesses pleuvent dans toutes les directions. Comme s’il cherchait, par anticipation à se rendre agréable, en prévision de probables tempêtes à venir pour se mettre à l’abri de la souhaitable colère populaire.

Pourtant, Le président Alpha CONDÉ n’est pas encore directement mis en cause. En tout cas pour le moment. Cependant, la frénésie de promesses démagogiques soudaines dans laquelle il s’est tout d’un coup installé, laisse songeur plus d’un GUINEEN. Et la précipitation à venir clamer son « innocence » devant M. François HOLLANDE à l’Elysée il y a quelques jours, intrigue pour le moins. Au demeurant, M. François HOLLANDE n’est pas le tuteur de la Guinée, qui est un pays indépendant depuis presque soixante ans. Dans cette grave affaire de CORRUPTION, il n’est ni concerné, ni victime. C’est nous (GUINÉENS) qui sommes les véritables malheureuses VICTIMES de ce qu’il faut bien appeler un racket crapuleux, rendu possible par le seul fait de détenir un pouvoir incontrôlé, ou d’en être un allié.

En tout cas, tout se passe comme si l’absolution demandée au Chef de l’Etat français et peut-être obtenue, le dispenserait de s’expliquer devant les Guinéennes et Guinéens à CONAKRY, quant au soupçon sérieux de CORRUPTION qui pèse désormais sur lui, soupçon auquel il a lui-même donné consistance en venant se justifier non pas devant ceux qui l’ont « élu », mais devant un ETRANGER qui ne l’a pas élu et auquel il ne devrait pas avoir de compte à rendre.

A la question qui lui était posée de savoir si lui-même a touché une rétro-commission issue du racket minier, fréquente en pareille circonstance, le président CONDÉ s’en est tiré par une pirouette peu crédible, sans rapport avec la question posée. Je reprends donc à mon compte la question, et la reformule, sans en dénaturer le sens : Est-ce que le président Alpha CONDÉ a touché directement ou indirectement des rétro-commissions dans cette affaire de CORRUPTIONS minières ?

J’avoue que personnellement, bien qu’étant un modeste opposant, je m’attendais de sa part, à une réponse franche, directe et ferme du genre : « Non ! Je n’ai jamais touché de rétro-commission. Je n’en ai même pas entendu parler. Je n’ai pas touché de rétro-commission, ni maintenant, ni à aucun moment ». Voilà à peu près ce que j’espérais entendre de lui, sur cette question. Evidemment, il ne m’a rien promis. C’est moi qui nourrissais à son égard, ce fol espoir. Après tout, même pour le modeste opposant que je suis, il reste un « frère » Noir africain. Au demeurant, après plus de soixante ans de vie dans un pays démocratique, doté d’un Etat républicain, fonctionnant sur le principe de la probité dans la gestion du Bien Commun, il n’était pas déraisonnable d’attendre cela de lui. J’en aurai certainement tiré une discrète fierté, s’il avait balayé de manière catégorique et crédible le soupçon de CORRUPTIONS qui pèse sur lui, au plan international. Hélas ! Mille fois hélas.

Il n’y a rien d’excessif à dire que le président Alpha CONDÉ n’a pas le moindre respect, ni considération pour la Guinée et les Guinéens. En tout cas, s’il en a, alors il met une pudeur excessive à les dissimuler. La preuve ?—Dès son investiture en 2010, puis en 2015, il fit aussitôt comprendre aux Guinéens qu’ils ne sont rien à ses yeux, qu’ils sont insignifiants et incompétents. Et que, Tony BLAIR, Bernard KOUCHNER, SOROS, et le Gotha de DAVOS, sous ses ordres à lui, s’occuperaient de notre pays, à notre place, même contre notre gré. Plus récemment, avec une désinvolture inimaginable de la part d’un Président, il déclarait publiquement que les « les cadres Malinké sont les plus malhonnêtes de la Guinée…. ». Pour les lecteurs étrangers qui ne connaîtraient pas bien le peuplement de la Guinée, je précise que les Mandingues et les Peuls sont les deux principales composantes du pays, au plan arithmétique. Il a si peu de considération pour les Guinéens, quels qu’ils soient, qu’il s’est imaginé possible d’acheter les populations de la Haute-Guinée, en y envoyant 500 millions de francs guinéens pour les calmer. Comme si l’humiliation pouvait être effacée par quelques billets de banque.

Pour des raisons que lui seul connait, il n’y a plus que le tyran mégalomane de Turquie, ERDOGAN, qu’il présente aux Guinéens comme le nouveau messie qui fera de la Guinée, un paradis, sans les Guinéens. D’ailleurs, au prétexte de reconstruire Conakry, il obéit aux ordres du nouveau grand VIZIR turc, et de ce fait, il envisage d’expulser de chez eux, les pauvres autochtones de KALOUM. . Lisez les déclarations du président CONDÉ à ce sujet :
« J’ai inauguré l’usine de préfabriqué en bêton. Quand Erdogan (Président Turc, Ndlr) est venu, il nous a dit que Conakry n’est pas une ville. Nous allons commencer à construire des immeubles à la cité police et à la cité Douane afin que les gens de Kaloum puissent déménager, qu’on casse Kaloum pour reconstruire ».

Doit-on comprendre qu’à l’instigation de son nouveau « tuteur ami », les pauvres Soussous de KALOUM seront chassés et dépossédés de leurs Terres Ancestrales ? Pourquoi ? Au profit de qui ? Après leur possible expulsion, reviendront-ils dans leur quartier et dans les nouvelles habitations ? A quelles conditions ?

Pour terminer provisoirement, j’attire l’attention de mes compatriotes sur :

1°. L’ « amitié » soudaine du président pour un tyran dont la pratique du pouvoir est plutôt singulière et par moments, sanguinaire.

2° .Son assiduité auprès de M. ERDOGAN n’annonce rien de bon pour notre pays, en ce qui concerne nos libertés politiques chèrement acquises. Car son intention pas encore assumée de s’offrir une durée illimitée au pouvoir, le conduit inexorablement à en préparer d’ores et déjà les conditions. D’où la récente « MAMAYA » organisée à KINDIA pour au moins 150 mille euros prélevés sur les ressources publiques, et la fréquentation régulière du tyran turc. Car il y a toujours des leçons et méthodes à emprunter. Car dans ce domaine, ERDOGAN a quelque longueur d’avance. Il peut donc donner conseil et assistance, même militarisée.
3°. Après la MAMAYA de KINDIA, il surgira quelques parts en Guinée, par exemple à MACENTA, LOLA, KINDIA…des mouvements « populaires » opportunément « spontanés », mais fortement suggérés, pour demander que le président Alpha CONDÉ fasse autant de mandats qu’il le souhaiterait. Il sera alors déclaré « irremplaçable » comme beaucoup d’anciens irremplaçables qui dorment dans les cimetières.

NB : Pour le lecteur non Guinéen, la « MAMAYA », c’est une manifestation contrainte « festive », imposée aux populations. Elle consiste à les contraindre à se mettre aux abords des routes pour dit-on, « accueillir » une personnalité, souvent le président qui désire montrer que le « peuple l’aime » et ne peut se passer de lui. On ferme d’autorité, écoles, marchés et entreprises. Et tout le monde dehors au bord de la route, sous le soleil brûlant, pendant plusieurs heures. Ne pas y assister c’est, s’exposer inévitablement à de sévères sanctions. Au temps de Sékou TOURÉ, ils appelaient cela « réception ». Voilà une Illustration de la gouvernance de M. Alpha CONDÉ

Mamadou Billo SY SAVANÉ

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