Censure

Affaire 28 septembre : Toumba Diakité ou la boite de pandore

Le massacre du 28 septembre 2009, qui a eu lieu à Conakry dans le stade du même nom, ne finit pas de défrayer la chronique. Et pour cause, ce massacre avait fait plus de 150 morts, de nombreux disparus, des blessés, des viols massifs de femmes. Cela ne pouvait manquer d’indigner et de révolter la conscience nationale et internationale.
Huit ans se sont écoulés et beaucoup d’eau a coulé sous le pont, d’interminables réclamations de justice ont été faites en Guinée comme à l’extérieur, on ne voit toujours pas le début d’un procès. C’est vrai que partout dans le monde la justice est lente à se manifester, mais en Guinée et dans le cas particulier de cette affaire, la raison profonde de la lenteur se situe dans le manque de volonté politique.

L’arrestation et l’audition à Dakar d’Aboubacar Toumba Diakité vient soulever moult interrogations qui vont ouvrir la boîte de Pandore. Enumérons ici quelques-unes de ces interrogations : Toumba ne tient pas à périr seul dans cette affaire, s’il est l’un des exécutants clés du massacre, il en connait certainement les commanditaires, le laissera-t-on parler ? Ne va –t-on le laisser mourir à petit feu s’il était extradé à Conakry ?

Le capitaine Moussa Dadis Camara et le général Sékouba Konaté seront forcément dans le box des accusés en cas de procès. Mais ils constituent tous les deux, sans le vouloir, de redoutables adversaires pour la paix sociale, car ils bénéficieraient de l’appui de nombreux partisans, dit-on. Ceux-ci n’hésiteraient pas à prendre fait et cause pour l’un ou l’autre. Des mouvements d’humeur ne seraient – ils pas à craindre à Conakry le moment venu ?
Beaucoup d’autres dignitaires, militaires ou civils, inculpés mais jouissant toujours des privilèges du pouvoir en place, font des mains et des pieds pour retarder aussi longtemps que possible la tenue du jugement. Le chef de l’Etat ne serait- il pas leur premier soutien et « complice » ?

Le professeur Alpha Condé a participé en 2009 à la réunion préparatoire de la manifestation du 28 septembre, réunion qui avait rassemblé les leaders des partis politiques et de la société civile. Pourquoi a-t-il fait faux bond à ses camarades en se rendant à l’étranger quelques jours avant le 28 septembre ?
Au vu de toutes ces interrogations, on peut raisonnablement dire que ce procès tant attendu pourrait difficilement avoir lieu, en tout cas pas sous le règne d’Alpha Condé. Or tarder à rendre la justice, dit un adage, c’est la refuser. Vivement la CPI !

le démocrate

 

O.TIERO

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