Censure

De l’opposant historique à la dérive autoritaire et populiste de M. Alpha CONDE (Par Abdoulaye Bah, UFDG – France)

Alpha Condé né en 1938, il est surtout connu pour s’être opposé farouchement au régime de Sékou Touré. Durant son séjour en France, il créa le Mouvement National Démocratique. De nos jours, il loue les mérites de Sékou Touré en disant je cite « je prendrai la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée », quel paradoxe !

Ainsi, en 1991, il décide de rentrer en Guinée afin de participer au scrutin présidentiel de 1993. Avant son retour, il a passé près de 40 ans à l’étranger sans mettre les pieds en Guinée. C’est pour cela, qu’il affirme avoir le malheur de ne pas connaître les cadres guinéens. Comment un homme n’ayant ni attache physique avec son Pays, ni relations humaines avec les cadres de son pays pourrait – il tout de même être l’homme providentiel ?

De l’époque où Lansana Conté dirigeait la Guinée, Alpha Condé alors opposant rappelait constamment que tous les pays suivaient le chemin de la démocratisation. Ce qui implique l’organisation d’élections libres afin de permettre au peuple de choisir ses dirigeants à tous les niveaux notamment, le Président, les députés, maires des communes urbaines et rurales. Or en ce moment, il refuse d’organiser des élections à des dates précises comme prévoit la constitution.

Aux élections de 2010, 2015, Alpha Condé doit ses victoires à des promesses. En effet, dès sa qualification pour le second tour de l’élection présidentielle avec 18%, il passe par des promesses irréalisables. Ainsi, il fait appel aux candidats n’ayant pas été qualifiés au second tour, le cas Papa Koly Kourouma, jusqu’à nos jours, ces personnes sont dans leur faim quant à la réalisation de leur promesse. Parmi les nombreuses promesses non-tenues, il y a celle relative au retour de Moussa Dadis Camara, une fois qu’il sera au pouvoir. Jusqu’à ce jour, il n’est toujours pas revenu en Guinée. Toutes ces tentatives de retour au Pays menées par ce dernier ont été bloquées par les autorités de Conakry. Comme autre promesse non-tenue par M. Alpha Condé, il y a celle faite lors de son passage à Fria. Elle consistait en la construction d’un marché moderne à Fria. Qu’en est – il de cette promesse de construire un marché ? Il avait bâti sa campagne sur la promesse de l’autosuffisance alimentaire, pourtant la famine bat son plein dans les foyers guinéens. Alpha Condé promet de trouver de fonds nécessaires pour développer la Guinée, Recept Tayyip Eerdogan lors de son passage en Guinée lui fait savoir que la capitale est sale s’il pouvait faire un effort pour rendre propre au moyen la capitale.

L’estimation du coût des voyages de M. Alpha Condé est sans doute de l’ordre de dizaines de millions de dollars en incluant les hôtels, et l’entretien et d’autres services accessoires. Pourquoi cet argent ne sert – il pas à financer la construction et l’entretien des routes, notamment la route Conakry – Kindia ?

Alpha Condé dans ses sorties médiatiques promet de bons hôpitaux et de bonnes routes en disant que désormais son gouvernement va construire des centres de santé dans les sous-préfectures pour éviter que les populations se déplacent vers la capitale guinéenne. Combien d’hôpitaux ont été construits depuis l’arrivé d’Alpha Condé au pouvoir ?

Lors de l’investiture de M. Alpha Condé, il a juré de respecter et de faire respecter la Constitution. De nos jours, il empêche par ses manœuvres qu’on organise des élections libres et transparentes. Pourtant, l’organisation des élections à bonne échéance figure dans la constitution. Il refuse catégoriquement de respecter les accords conclus lors du 12 octobre 2016, sans pour autant mentionner qu’il y a eu des accords depuis 2010 qui n’ont jamais été respectés. Il se fait le mérite d’être le médiateur dans la crise gambienne. Pourtant le conseil de sécurité de l’ONU a voté la résolution 2337 autorisant ainsi la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et l’Union Africaine à tout mettre en œuvre pour le transfert effectif du pouvoir à M. Adama Barrow y compris le chapitre 7 de la charte des Nations Unies à savoir le recours à la force militaire s’il y a menace contre la paix.

De l’opposant historique, Alpha Condé change et devient un populiste qui étouffe son opposition, selon lui, il est le représentant du peuple et quiconque est contre son système de gouvernance est automatiquement contre le peuple, alors celui qui est contre le peuple ne peut appartenir à ce peuple. Il permet à ce qu’on tire sur des Guinéens sans que justice ne soit rendue. De nos jours près 75 militants de l’UFDG sont tués sans compter la disparition du journaliste Cherif. Il met fin à chaque négociation entamée. De crises permanentes avec de vastes affaires de corruption, de marché de gré à gré reconnu même par le gouvernement. Depuis 2010, Alpha Condé stigmatise une partie de la population désignée comme ennemie de l’intérieur. Il a instrumentalisé les clivages ethniques en vue de remporter les élections 2015 sur fond de mascarade. Son régime a opté à de répressions massives. Ainsi, il devient autoritaire.

En sus de ses promesses non-tenues, M. Alpha Condé à la gouvernance autoritaire, il devrait être poursuivi pour violation du principe de l’estoppel. Le concept d’«estoppel » est anglo-saxon et interdit à une personne de contredire ou de contester ce qu’elle a précédemment dit, fait ou laissé croire. Il s’agit là, le fait de se contredire et que ta contradiction porte préjudice aux autres. Ce principe d’ « estoppel » est un corolaire aux principes procéduraux de loyauté et de bonne foi qui tendent à la moralisation des comportements processuels. Le concept « estoppel » permettra de sanctionner les comportements contradictoires de M. Alpha Condé qui ont causé des préjudices à une partie des citoyens. Alpha Condé est sorti devant les médias nationaux et internationaux pour dire qu’il mettra tout en œuvre pour que les accords politiques signés le 12 octobre 2016 soient respectés, sans ignorer que des accords ont été conclu depuis 2010 qui jusqu’à présent non pas été appliqués. De nos jours, il veut remettre en cause délibérément l’accord politique. Cette contradiction a porté préjudice à une bonne partie de la population. C’est là, un parjure doublé d’une violation du serment d’investiture de M. Alpha Condé. Dans un Etat de droit qui implique que l’administration soit soumise à un ensemble de règles extérieures et supérieures qui s’imposent à elle de manière contraignante. Aussi, l’administration ne peut rien imposer qui ne soit explicitement prévu par un texte. M. Alpha Condé devrait donner des explications à l’Assemblée Nationale qui par la suite statue en toute indépendance sur son sort notamment sa destitution de sa fonction de président pour non-respect de sa parole.

Je termine sur le point II de l’accord du 12 octobre 2016 concernant l’organisation des élections communales qui fait grincer les dents. Cet accord cherche la souplesse du fait de la complexité et de difficultés liées à l’organisation des deux élections à savoir les élections communales et élections de quartiers. Pour ce faire, l’accord souhaite que les conseils de quartier soient composés au prorata des résultats obtenus dans les élections communales. Quelle excellente imagination ! Il faut d’abord préciser que les élections dans les quartiers et districts ne figurent expressément pas dans la constitution. De même la constitution ne s’oppose pas à l’élection dans les quartiers. Par contre, c’est le Code électoral qui mentionne cette élection de quartier en disant je cite que « les collectivités locales s’administrent par des conseillers élus ». Ainsi, le scrutin indirect au prorata de l’élection communale ne viole nullement la constitution, notamment son article 2 disant que le suffrage est universel. Sidya Touré de l’UFR et Faya du Bloc doivent revoir leurs angles d’attaque. Cet article 2 de la Constitution ne s’applique que pour ceux qui veulent obtenir une représentation nationale notamment le président et les députés. Pourtant, les quartiers et districts sont des entités administratives qui doivent prendre en charge les intérêts de la population sur une circonscription précise. Toutes les décisions seront prises au sein du conseil de quartiers. Ces quartiers ne peuvent pas avoir de compétences sur l’édification des règlements, des lois. D’ailleurs, ces collectivités territoriales ne sont pas un Etat dans un Etat. Elles ne détiennent pas de souveraineté et ne peuvent pas se doter de leurs seules initiatives d’organes nouveaux. Ensemble pour l’instauration d’un Etat de droit dans notre pays.

Abdoulaye Bah, Secrétaire général UFDG – Section Ile de France Nord-Est

 

 

 

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