Censure

‘‘On ne peut comparer le règne de Sékou avec le régime actuel’’ dixit un cadre du PDG-RDA

Madame Bangoura Foulematou Diarra, secrétaire chargée des affaires administratives et juridiques du parti PDG-RDA a, dans un entretien qu’elle a accordé à votre semainier évoqué longuement les acquis de son parti. Notre interlocutrice s’est penchée également sur l’ethnocentrisme qui gangrène notre pays, avant de lancer un appel solennel à tous les Guinéens et Guinéennes en faveur de l’Unité nationale, pour la prospérité de la Guinée. Interview.

Bonjour Hadja. En prélude à la tenue des élections communales et communautaires, comment se porte le PDG-RDA?

Bangoura Foulematou Diarra : Mon parti se porte bien. Actuellement nous vivons comme tous les autres partis politiques. Nous nous portons encore mieux, parce que nous sommes un parti qui a des acquis, un parti qui a une histoire, un parti qui a un passé exceptionnel. Je veux dire que nous sommes le parti fondateur de la république de Guinée. Nous sommes le parti qui a donné l’Indépendance à la Guinée. Nous avons c’est vrai des difficultés comme tous les autres partis, mais pour nous c’est d’ordre purement humain. Pourquoi ? Actuellement les gens que nous prenons comme amis sont en réalité ceux qui étaient contre nous. Ceci explique les difficultés rencontrées dans nos  activités que nous menons sur le terrain sur l’échiquier national.

Vous parlez des acquis, pouvez-vous nous  énumérer quelques-uns qui sont palpables sur le terrain?  

Notre parti a fait l’histoire de la Guinée. C’est notre parti qui a donné l’indépendance. On ne peut pas nier ça, quand même?

Vous n’êtes pas sans savoir, étant le premier parti à vivre  en parti Etat, comme on le dit. Si nous revenons sur  certains de nos acquis, il faut dire qu’ils ont été bradés, piétinés pour étouffer la vraie histoire du peuple de Guinée. Il reste encore des vestiges  de ces acquis. Je vais vous dire  à l’indépendance, la métropole nous a abandonnés, la France nous avait complètement abandonnés.

Il a fallu les Etats de l’EST, c’est-à-dire les Etats de l’Europe de l’Est pour nous venir au secours, en plus des Etats de l’Est. Je vais vous citer la Chine, le Cuba, la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, La Corée pour ne citer que ces pays. Tous ces Etats-là sont venus au secours de la Guinée. Toutes nos premières usines ici en Guinée ont été construites par ces Etats, surtout la Russie ou l’Union Soviétique et la Chine. Fouillez un peu, chaque ville de la Guinée avait son unité industrielle. Je suis de Mamou, dans ma ville, il y avait deux usines : la conserverie de Mamou, et l’usine qui fabriquait les matériels agricoles.   De Yomou jusqu’à Kassa, il y avait des unités industrielles. Dès après l’école, le petit guinéen allait directement à la fonction publique.

Notre monnaie avait une valeur. Le jeune fonctionnaire était payé à 3 000 sylis. De ces trois mille sylis sortaient et son loyer et le prix de son ravitaillement, et son argent de poche. Le parti Etat prenait presque la charge de la population.

Le palais du peuple est un acquis de notre parti, l’hôtel de l’Indépendance, il y avait combien de barrages. On ne souffrait pas de manque de lumière. Le goudronnage, il y avait la société NIPOL qui a fait le goudronne de Conakry jusqu’à Kissidougou, moi j’étais jeune, je partais à l’école mais je suivais ça. Nipon Kooé, C’est un Japonais, c’est un jeune mais il avait plus de 350 mille ouvriers à travers le monde. Vous êtes jeune mais peut être vous avez entendu parler de Ballets Africains qui ont fait honneur à la Guinée.

Peut-on comparer le règne de Sékou Touré à celui de ses successeurs ?

D’accord, ce qui reste clair, on ne peut pas comparer les deux régimes là. C’est pratiquement incomparable sur tous les plans. Avant on était fiers, on se tapait la poitrine pour dire qu’on est Guinéen, tout le monde était des frères et sœurs, mais bon Dieu, aujourd’hui, comme disent mes parents  «  KOROUN AN, BEDOUN AN » C’est grave pour mon pays ! Il y a une division totale entre les fils du pays. Ce qui fait qu’on ne peut pas comparer les deux époques là.

Est-ce que votre parti est implanté sur toute l’étendue du territoire national?

Oui nous sommes implantés sur toute l’étendue du terroir. Nous avons des structures dans toutes les préfectures de la Guinée, dans les cinq communes de la capitale. Des comités, des bureaux de bases, des sections et des fédérations.

Est-ce que votre parti est candidat aux élections à venir?

Bon, d’abord nous avons été le premier parti à nous opposer au genre d’élection qu’on veut faire en Guinée. Vous savez nous sommes esclaves de notre idéologie, nous sommes esclaves de notre idéal. Le PDG c’est le Parti démocratique de Guinée. Qu’on parle de démocratie aujourd’hui ou demain, c’est que nous avons déjà un passé démocratique.

La démocratie c’est quoi, c’est le pouvoir du peuple, quand on dit que les élections à la base doivent se faire par nomination, nous avons dit non. Ce ne serait pas en ce moment la démocratie. C’est en laissant le libre choix au peuple de choisir lui-même ses représentants, ses responsables qu’on peut parler de démocratie, voilà l’idéal du PDG. Laisser le peuple choisir ses responsables, ses cadres à qui il a confiance, ça a été toujours comme ça au sein du PDG. Le comité de base, c’est toute la population du quartier qui se rassemble pour élire un chef de quartier.

Avant les chefs des quartiers s’associaient pour élire un commandant d’arrondissement.       C’est à la rigueur, le préfet qu’on appelait  en ce moment gouverneur de la région qui peut être choisi par le chef de l’Etat, et ça c’était en consensus avec le comité central avec le bureau politique national. Donc cette nomination ne se faisait pas individuellement. C’était encore avec l’ensemble des autorités nationales. Dire maintenant qu’on va nommer un chef de quartier, ce serait de se mettre en porte-à-faux avec la démocratie.

Or nous, nous réclamons que  tout ce que nous faisons c’est au nom de cette démocratie. Donc nous, nous sommes opposés carrément à ce genre d’élections. Nommer un chef de quartier, non. Le PDG est contre. Il faut que cela parte du peuple.

Par rapport à notre candidature, je dis oui. Nous avons des candidats sur le terrain et nous attendons le moment opportun pour nous lancer en campagne. Nous sommes candidat ici comme à l’intérieur.

Votre parti ne va pas donc se rallier au RPG pour les futures  élections?

Non. Notre parti, le PDG-RDA est un parti allié à la mouvance, c’est une vérité. Mais nous, nous sommes un allié critique. Quand nous voyons des actions positives vis-à-vis du peuple de Guinée, nous accompagnons et si nous voyons le contraire, nous réagissons, nous faisons des déclarations, nous nous prononçons carrément pour ou contre ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas. Tout ce qui est bien pour le peuple de Guinée, c’est ce que nous apprécions, nous ne pouvons pas nous mettre en porte-à-faux avec ce que nous avons choisi comme idéal.

Avec l’extradition de Toumba Diakité en Guinée, la justice s’engage à organiser un procès avant la fin de l’année et de faire toute la lumière sur le massacre du 28 septembre. Quelles sont vos impressions   Hadja sur cette situation?

Mes sentiments peuvent être de plusieurs plans. Mes sentiments personnels vont vers la justice guinéenne. La justice guinéenne doit s’atteler de manière correcte, propre, claire dans ce dossier Toumba. Mais Toumba n’est pas le seul dénoncé dans ce carnage du 28 septembre. Nous le PDG-RDA, c’est une frustration pour nous ;  qu’on dise que le 28 septembre qui est une date historique, un pan de l’histoire de la Guinée soit sali par un massacre qui ne dit pas son nom.

Et qui encore, des fils de ce même pays. Cela nous a traumatisés parce que c’est des Guinéens qui sont morts, qui sont violentés, qui ont été meurtris dans leurs chœurs. Ces Guinéens qui sont morts sont des Guinéens au même titre que ceux qui les ont tués. Il faut que la justice soit objective, qu’elle cherche très bien les tenants et les aboutissants de ce problème pour que justice soit faite.

Le cas spécifique de Toumba a plusieurs aspects. Un premier aspect, c’est d’avoir porté une arme à un citoyen guinéen qui mieux, est un président en pleine activité de ces fonctions. Donc tentative de meurtre sur la personne du chef de l’Etat.

Le deuxième aspect c’est un fugitif qui a été rattrapé.  Quand on fait une action, qu’elle soit néfaste ou pire, on doit reconnaître ses responsabilités,  prendre ses responsabilités en main, si on fait le contraire, on devient fugitif. Donc on est condamnable.

Le troisième aspect, je vous ai dit dès le début  que Toumba n’est pas le seul dans ce massacre-là. Il a des complices qui sont encore en liberté, en plus de la liberté, ils sont en activité au sein du pouvoir, au sein de l’armée, dans la société et qui vivent tranquillement. C’est pourquoi je demande à la justice d’être objectif et d’être rassurante et de donner la raison à qui de droit.  Je crois que la justice fera un acquis de conscience pour une fois honorer la justice guinéenne.

Je suis sûre que cette justice sera observée au niveau national, africain et international. Donc la justice guinéenne doit savoir qu’elle a une image à défendre comme lors des procès des gangs en 95.

Je demande au peuple de Guinée de cultiver  l’unité. On ne gagne rien en nous divisant, qu’on n’accepte pas d’être divisés pour que d’autres personnes règnent tranquillement. En nous divisant nous ne saurons plus qui est qui ? Ce n’est pas dans la division que nos devanciers on acquit l’indépendance. C’est tout le peuple de la Guinée qui s’est donné la main pour dire oui à l’indépendance. Non  à la domination étrangère. Ce n’est pas après 50 ans que  nous allons penser que c’est la division qui fait la solution des Guinéens. Pour développer ce pays, il faut qu’on se donne la main parce que le bonheur de ce pays ne viendra pas par un saut d’oiseau.

Je vous remercie.

le démocrate

Entretien réalisé par Alpha Amadou Diallo                                      

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