Censure

Au poteau, Bobodi ? (édito)

Aboubacar Bobodi Camara a bénéficié du ‘‘Prix africain de développement’’ (PADEV) de la Fondation 225. Les animateurs de cette fondation disent, sur leur site, qu’ils ‘‘mettent en lumière les personnes physiques et morales qui, chacune dans son domaine d’activité, se distinguent par l’excellence de leur travail’’. Bododi est un pêcheur anonyme qui a gravi les échelons jusqu’à se hisser à la tête d’une grosse société de pêche. Qu’il soit récompensé pour son audace à réussir un tel challenge, selon les critères de la Fondation 225, n’est pas blâmable en soi.

La surenchère, c’est quand les organisateurs surfant sans nul doute sur la propension mégalomaniaque de l’homme-il se fait passer pour le shérif de Kaloum en plaçant ses posters géants aux principaux carrefours-, lui collent le titre de ‘‘Nana Kwassi Bobody 1er‘’. Ils lui disent que cela signifie…Roi. Sans lui donner son royaume.

D’ailleurs ‘‘Nana’’ chez les Akan (Côte d’Ivoire, Ghana) signifie ‘‘vieux’’ ou plus prosaïquement, le ‘‘sage’’. Une personne qui mérite le respect. Point barre. Et Kouassi c’est le nom qu’on donne généralement à l’enfant né le lundi.

Parce qu’ils ont fait une composition de noms pour faire un cocktail impressionnant de noms ressemblant à s’y méprendre aux noms de rois Baoulés, on pourrait douter de la bonne foi des organisateurs de cette parade. Et penser-pas dire, parce que nous ne disposons pas de preuves- qu’ils ont monté un deal pour bénéficier des largesses d’un homme qu’on dit large. Ce qui, moralement n’est pas joli.

Sinon que Bobodi sa fasse appeler Roi, Bouboudi, ou Pharaon, cela relève de son droit. Pour le moment, l’Etat, contrairement à une idée largement partagée sur les réseaux sociaux n’a rien à cirer dans le baptême d’un citoyen. Qu’il s’habille comme le roi du Swaziland, comme Tarzan, ou comme Aurlus Mabelé, s’il ne fait pas entorse à la loi, cela ne regarde que sa personne.

C’est aussi ça, la liberté, au nom de laquelle de nombreux donneurs de leçons estiment que l’Etat doit  »stopper » un citoyen. “La liberté, c’est toujours la liberté de l’autre”, apprenons le.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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