Censure

Des chenilles s’attaquent à nos cultures : “On n’est pas du tout inquiété quant à la réussite de la campagne agricole“, rassure un professionnel

Suite à l’attaque des cultures par des chenilles à l’intérieur du pays, nous avons rencontré M. Sékou Fofana, chef du département ‘‘Défense des Cultures’’ à la direction nationale de la Protection des végétaux. Entretien.

Guinee7.com : Des chenilles s’attaques à nos cultures à l’intérieur du pays, qu’en-est-il ?

Sékou Fofana : Ce sont des chenilles légionnaires, qui ont l’habitude d’attaquer nos cultures à cette période, c’est-à-dire dès qu’il y a intermittence de pluie, l’éclosion commence et ces chenilles viennent ravager nos cultures.

Quelles sont les préfectures touchées ?

Bon jusqu’à ce jour les informations qui nous sont parvenues à partir de nos chefs de service régionaux de la protection des végétaux, il y a la Moyenne-Guinée qui est attaquée, dans Mamou, Labé et Koundara. Il y’a aussi la Basse Guinée, principalement Kindia et Télémélé   et en Haute-Guinée il y a Faranah.

A-t-on une idée de la superficie de l’espace atteint ?

Je peux vous donner par détails certaines superficies attaquées. Dans Mamou par exemple, nous avons 5 hectares ; à Dalaba (Mombéya, kèbali, Ditinn), 500 hectares de végétations spontanées. A Kindia c’est dans la commune urbaine que nous avons constaté l’attaque sur les légumes, les cultures maraîchères et le maïs, nous n’avons pas de superficie bien précise, mais ce n’est pas encore arrivée à la périphérie, c’est-à-dire dans les villages ou dans les communautés. A Faranah, nous avons dans les sous-préfectures et dans les localités de Sôghôyah, 8 hectares ; Tiro 9 hectares ; Tindo 9 hectares et Bagna 20 hectares. Cette fois-ci, cela a un peu débordé, il y a une partie sur la végetation spontanée et une partie qui s’est attaquée au manioc et aux cultures maraîchères contrairement au Foutah. A Labé, nous avons les vergers qui commencent à être attaqués, mais ils ne sont pas menacés.

A quel genre de cultures s’attaquent-elles principalement ?

Ces chenilles s’attaquent à presque toutes sortes de cultures, ça n’épargne pas les cultures maraîchères, ni le maïs, ni le manioc, presque toutes les feuilles vertes, même les mauvaises herbes ne sont pas épargnées.

La campagne agricole de cette année, se trouve-t-elle menacée ?

A Mamou et à Labé, la situation est maitrisée. On n’est pas du tout inquiété quant à la réussite de la campagne agricole. Ces chenilles arrivent de manière périodique, en fonction du débit des pluies et dès que la pluie s’installe définitivement, elles disparaissent. D’ailleurs sans même traiter ces superficies, dès qu’il y a une grande pluie, toutes ces chenilles disparaissent. Elles sont très très vulnérables aux grosses pluies, en attendant nous, nous les traitons avec des produits chimiques.

Il est à préciser que nous ne sommes pas menacés sur le plan des cultures proprement dites, pour le moment il n’y a que la zone de Kindia où ces chenilles s’attaquent aux cultures maraîchères et aux cultures de maïs. Dans les autres préfectures, à l’instar de Mamou et Labé, elles sont au niveau de la végétation spontanée, c’est-à-dire les mauvaises herbes qui entourent, les villages, les villes, les cultures ne sont pas encore attaquées. Mais mieux vaut prévenir que guérir. Nos agents sont sur le terrain pour d’empêcher les chenilles d’attaquer les cultures mises en place.

Cependant, il y a un problème de manque de personnel, ce sont nos agents même qui se débrouillent avec l’atomiseur, les pulvérisateurs. Les auxiliaires formés, avec la période de culture, sont occupés et il y a d’autres tâches, donc difficilement nous les réunissons. Nous y allons mollo-mollo, mais tout le monde est sur le terrain pour faire face à ces attaques.

Pouvez-vous, nous faire une estimation des pertes financières ?

On ne peut évaluer les pertes financières qu’après le traitement et cela ne peut se faire que lorsque les cultures sont en production. Mais les cultures ne font que pousser pour le moment, c’est difficile de faire la statistique des pertes.

La direction nationale de la Protection des végétaux ne disposant pas de matériels pour prendre les photos pour ses archives, nous avons fait une recherche sur internet pour trouver ces chenilles légionnaires. pour vous donner une idée des chenilles qui s’attaquent à nos cultures.

Avez-vous les moyens de lutter aujourd’hui efficacement contre ce fléau ?

On n’a pas ces moyens-là, parce que quelque part les appareils qu’on utilise sont dépassés, ce sont des atomiseurs qui ne sont pas performants, qui viennent avec beaucoup de défauts. Vous les voyez dans des emballages croyant qu’ils sont neufs, mais après on constate qu’il y a des accessoires qui cèdent au moment même du traitement. Il faudra des appareils donc plus performants, à grand débits, qui peuvent aider à traiter de grandes superficies. Mais avec les pulvérisateurs d’eau, les atomiseurs, on fait très peu dans la journée et c’est très fatiguant. Si on pouvait nous donner des moyens beaucoup plus modernisés, on peut en un laps de temps maitriser ces fléaux-là.

Il y a aussi les problèmes de produits, dit-on.

Oui, il y a certaines préfectures qui sont en rupture de produits et elles ne sont pas encore rentrées en possession de leurs dotations annuelles, même dans la campagne agricole. La faute est due à l’importation des produits. Parce que chaque année, il y a un appel d’offres pour la fourniture en herbicide, en insecticide en produits de lutte contre les mouches de fruits, pour encourager et aider les paysans à sauvegarder leurs cultures. Il y a certains importateurs qui sont à jour, ils ont fourni et d’autres retardent, donc des préfectures sont obligées de se débrouiller en attendant leurs dotations. Certains utilisateurs de produits prennent une partie des besoins avec les détaillants en attendant leurs stocks pour les rembourser après.

Avez-vous un appel à lancer ?

Nous demandons toujours que nous soyons soutenus, nous sommes une structure au niveau de l’agriculture, qui est le support même, le socle de la production agricole. Parce que quand tu entends production, c’est qu’il y a eu protection. Tout ce que les gens sont en train de faire dans leurs champs, débroussailler, labourer, semer et récolter, il a fallu qu’il ait un suivi pour protéger ces productions là ; sinon il n’y a pas de récolte. Nous protégeons jusque dans les magasins. C’est pour cela on nous dit protection des végétaux et des denrées stockées. Même au magasin après les récoltes, à la conservation, nous intervenons parce que ces produits qui se gardent sont menacés soit par des champignons, des insectes ou d’autres ravageurs. Nous sommes le pilier de la production agricole. Il faudrait qu’on nous appuie et qu’on nous vienne en aide. Au minimum, le matériel et l’équipement, je demande cette aide auprès du gouvernement et à toutes les autres autorités.

Propos recueillis par Abdou lory Sylla pour Guinee7.com

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