Censure

Insalubrité / La route Leprince (Conakry) devenue le nouveau dépotoir pour ses riverains

Depuis 2014, cela se passe de commentaire ; sur la route Leprince, de Hamdallaye jusqu’à Sonfonia, en passant par Koloma, Cosa Wanindara, des tas d’immondices sont visibles le long de la chaussée. Selon certains riverains rencontrés, ils agissent de la sorte à la demande de l’ex-gouverneur de la ville de Conakry, feu Soriba Sorel Camara, qui a fait cette proposition de dépôt des ordures le long de la route, afin les camions que les camions les ramassent par la suite.

Au fil du temps, le spectacle qui s’offre au gens de passage, ce sont des sacs plastiques remplis d’ordures dégageant un parfum nauséeux, couverts par des essaims de mouches, le tout posé sur des flaques d’eau. Les mains toujours au nez, c’est la position qu’adoptent les riverains et passants une fois sur les lieux. Le passage des voitures produisant du vent intoxique les usagers de la route.

Selon plusieurs riverains rencontrés sur place, cet état de fait est lié au manque de points de regroupement des déchets produits par les ménages. Raison pour laquelle, ils le font depuis le passage de feu Soriba Sorel Camara, leur ordonnant de mettre les ordures sur le terre-plein de cette autoroute. Selon Mariam Diallo, « cet acte d’incivisme est imputable aux citoyens les plus éloignés. Nous les riverains, nous jetons loin nos ordures», soutient-elle.

Pour Souleymane, citoyen du quartier Cosa : « On n’a pas où mettre les ordures, parce que quand tu mets les ordures devant ta cour, il n’y a personne qui vient chercher. Maintenant, on verse les ordures sur le terre-plein », se justifie-t-il avant d’ajouter que « normalement,  ils (les autorités, ndlr) doivent choisir un lieu où mettre les ordures. Hormis ça, ils viennent chercher les ordures parce qu’elles peuvent provoquer les maladies aux habitants. C’est le gouvernement qui est faible. Moi, je l’accuse, parce que quand je verse les ordures sur le terre-plein, on doit m’arrêter, s’il existe un autre lieu ».

Le boucher, Amadou Yaya Diallo, la cinquantaine, pense le contraire. Pour lui, on ne doit pas déverser les ordures à cet endroit, pour éviter les maladies de tous genres.  « On ne doit pas déposer les ordures sur le terre-plein de la route. Ça fatigue les gens, parce que les camions ne viennent pas tous les jours pour les prendre ». Le plus important pour lui, aujourd’hui : « Qu’on arrête de le faire. Ils (les citoyens, ndlr) n’ont qu’à envoyer les déchets là où ils ont l’habitude de les envoyer. En le faisant, ça y va pour la santé de tout le monde ».

Il a par ailleurs, demandé à l’Etat de les aider à avoir des poubelles où mettre les ordures. Pour lui, s’ils ont des poubelles, ils pourront empêcher les gens de faire des telles pratiques qui n’honorent pas.

A la mairie de Rotama, c’est tout à fait le contraire des citoyens des quartiers rencontrés. Selon Frigui Camara, directeur des microréalisations de la commune de Ratoma, plusieurs réunions de sensibilisation ont eu lieu entre les cadres de la mairie et les chefs de quartiers, pour demander aux citoyens d’arrêter de déverser les ordures sur les terre-pleins. « La gestion des ordures est une compétence transférée au niveau des collectivités locales dans les 32 compétences qui sont aujourd’hui centrées en 14 compétences dont l’assainissement fait partie. Mais aujourd’hui, la commune n’a aucun moyen. Elle est dépossédée de tous les moyens financiers et matériels pour gérer les ordures. La gestion des ordures n’est plus disponible matériellement avec les collectivités », a-t-il déclaré

Toutefois, il reconnait que la problématique de la gestion des ordures au niveau des terre-pleins a commencé « au temps de feu Soriba Sorel Camara lorsqu’il gérait bien ; lors d’un de ses passages, il a dit aux gens de mettre les ordures, parce qu’il n’y a avait pas de points de regroupement, après les véhicules passerons chercher.  Mais très malheureusement, sa politique n’a pas marché parce que dès après ça, il a été dépossédé de la gestion des ordures. Ils ont donné à l’armée, où il y a avait un comité de gestion aussi ».

Pour Frigui Camara, depuis cette époque, c’est devenu une culture pour les riverains de cette route qui déposent à n’importe quelle heure les déchets solides au niveau des terre-pleins.

Frigui Camara

Bhoye Barry pour guinee7.com

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