Censure

Manifs de l’opposition: la mauvaise foi républicaine ! (Par Alexandre Naïny Bérété)

Louis de Bonald disait dans les Pensées sur divers sujets que « Dans les débats politiques, l’orgueil toujours injuste, accuse de mauvaise foi ceux qu’il n’ose taxer d’ignorance ». Et je crois qu’il avait raison, cette citation corrobore parfaitement avec la situation politique de notre pays aujourd’hui. Sauf qu’ici, c’est le peuple qu’on prend pour un imbécile en voulant son bonheur, en le chantant sur tous les toits mais dans la pratique, on fait tout pour ne pas qu’il soit heureux.

Au sortir d’une élection attendue de tous depuis plus de 10 ans, avec toutes les violences, les bavures et les morts qui ont précédé sa tenue, on s’arrange pour ne pas accepter les résultats issus de cette élection. De qui se moque -t-on alors ? Si ces élections n’ont pas été parfaites, loin de là, avec des cas de fraudes par ci par là, elles ont cas même le mérite de s’inscrire dans un processus démocratique on ne peut plus logique, avec toutes les imperfections, les défauts qui riment avec la vie démocratique.

Pour moi, l’heure est venue de faire le bon diagnostic sur le cycle électoral de notre pays depuis 2010. Pourquoi les mêmes revendications ? Pourquoi le même discours sur les mêmes problèmes? Pourquoi les mêmes pratiques depuis 2010 ? et enfin pourquoi les mêmes qui meurent ?

Les réponses à ces questions sont connues de tous sauf que l’on refuse de voir la réalité en face ou du moins à l’affronter. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, depuis les premières élections libres de 2010, la CENI, toujours elle, est au cœur de toutes les controverses politiques en Guinée. Pourquoi le pays alors n’arrive toujours pas à s’extirper de ce qui semble aujourd’hui être l’éternel problème guinéo-guinéen, responsable de tous nos malheurs? Le remède à ce problème constituera le début de la quiétude sociale dans notre pays.

La CENI au cœur de tous les fantasmes

De 2010 à nos jours, c’est les mêmes histoires. la CENI est incompétente, elle est irresponsable, elle proclame des résultats inexacts et tronqués. Je suis à la limite d’accord avec ce constat. Mais la vraie question qui sous-tend ce constat est, qu’est-ce qu’on fait pour y remédier? c’est là le pécher éternel de la classe politique guinéenne.

Tout le monde sait qu’il faut à notre pays une CENI non pas politique et politisée mais une CENI technique et gestionnaire. Pour l’avoir, il faut du consensus et du courage politique, faire table rase des élections passées tout en tirant les bonnes leçons, et préparer l’avenir en confiant la gestion des élections à des techniciens formés à cet effet. Mais la classe politique ne regardant que ses intérêts immédiat, les per diem des membres politiques composant la CENI, s’obstine et maintient le statut quo au détriment de la cohésion sociale et de l’avenir des guinéens. Et quand on n’est pas content du résultat produit par cette CENI politique, on prend le peuple en otage et on recommence les mêmes cycles de violences avec les mêmes victimes, ces pauvres citoyens innocents qui n’ont rien demandé si ce n’est la tranquillité et la paix pour vaguer à la recherche du quotidien.

Et comme l’imbécilité politique n’a aucune limite en guinée, on fait de ces victimes innocentes le fonds de commerce politique, le répertoire d’action sur lequel se construit le discours politique. Machiavel serait vraiment fier de vous acteurs politiques guinéens.

Les manifestations, cette machine à endeuiller les familles

Les manifestations représentent une des caractéristiques de la vitalité démocratique dans un Etat de droit. Elles permettent aux citoyens d’exprimer leurs sentiments sur une situation ou un sujet donné en sortant sur la voie publique. Si les manifestations sont utiles, révolutions dans certains endroits si elles débouchent sur une transformation majeure de la hiérarchie sociale et politique, le cas de notre pays déroge à la règle.

A l’exception des manifestations de 2007 qui se sont soldées par un certain changement dans la gouvernance du pays, les manifestations depuis 2010 à nos jours même si elles ont eu leur mérite, se sont plutôt caractérisées par des violences, des bavures policières, des destructions de biens publics et privés, et surtout de nombreuses familles endeuillées. Et avec le même constat, après les victimes, on se retrouve autour de la table pour se congratuler et se partager le graal au grand dam des pauvres familles qui ont perdu des enfants.

La banalisation de la vie à son sommet le plus extrême, la triste réalité du pays d’Alpha Condé et de Cellou Dalein Diallo.

Des manifestations sans intérêts politiques

Dieu seul sait que les manifestations auxquelles l’opposition appelle de tous ses vœux n’ont aucun fondement et surtout ne vont servir à rien, sauf à, encore et toujours attrister des familles. S’agissant de ces élections locales, la loi électorale est très claire, les résultats officiels ne sont proclamés par la CENI qu’après le traitement de tous les contentieux électoraux par les tribunaux. Aujourd’hui tous les résultats sont connus à l’exception de trois communes rurales de Macenta. Alors quel est l’intérêt de ces manifestations ?

Ce sont les tribunaux qui peuvent invalider les votes et enjoindre à la CENI d’organiser de nouvelles élections dans les circonscriptions où des votes ont été annulés. Or tous les contentieux ont été traités par les juges, ce qui a donné lieu à la proclamation par la commission électorale des résultats définitifs. Qu’est-ce que ces manifestations vont changer à ces résultats ? On nous dit que c’est pour rétablir le vote des urnes. Là où le vote n’a pas été annulé par la justice, je ne vois pas comment une manifestation pourrait le faire.

Elles sont tout simplement l’expression d’un comportement anti-démocratique et antirépublicain. La seule question qui vaille aujourd’hui, est de savoir comment faire pour ne pas répéter les mêmes erreurs lors des prochaines élections ? Et pour y arriver, cela passera par une refonte totale de la CENI et un toilettage de la loi électorale sur les procurations et la gestion des cartes d’électeurs.

Décidemment, la turpitude politique a encore de beaux jours devant elle en Guinée, ou comme le dirait un autre, tout est permis en faveur de sa propre cause, même la mauvaise foi.

Par Alexandre Naïny BERETE, étudiant en sciences politiques à Nantes

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