Censure

Les défis qui attendent le nouveau gouvernement (Par Association guinéenne des économistes)

« La Promotion de la bonne gouvernance économique et financière et l’éclairage des choix publiques » 

REMARQUES PRELEMINAIRES :

L’Association  Guinéennes des économistes (293 membres à ce jour) est une jeune association professionnelle à but non lucratif créée au mois de septembre 2015 dans le but répondre aux besoins et aux intérêts des économistes œuvrant dans divers secteurs d’activités en Guinée: entreprises privées, secteur public, milieux syndicaux, associations sectorielles, monde universitaire, etc.

Par son congrès annuel et ses autres activités, l’Association participe à la diffusion du savoir économique auprès du public et à la formation continue de ces membres. L’Association se fixe aussi comme objectif  d’intervenir de façon crédible et impartiale sur les enjeux économiques qui confrontent la société Guinéenne. Á cette fin, elle a mis sur pied une commission des politiques publiques aux fins d’examiner des dossiers ayant des incidences économiques et financières et de proposer des prises de position à l’égard de ces dossiers. La commission est constituée d’une vingtaine d’économistes ayant des compétences et des cheminements de carrière variés et touchant divers domaines d’expertise dans les milieux universitaires, privés et publics.

Le présent article portant sur les défis du nouveau gouvernement a été préparé par des membres de la commission des politiques publiques il a également été rendu possible grâce aux recherches et au travail préliminaire effectué par MONSIEUR CONDE MAMADY économiste, M2Banque/Finance et études du développement ; en service au MDB et chargé des cours de finance des universités.

La Guinée est entrain de prendre de l’importance au-delà des frontières de l’Afrique de l’ouest. Le pays a connu une période de stabilité économique et politique sous le président de la république sortant le Professeur ALPHA CONDE, mais de nombreuses réformes nécessaires attendent le  nouveau Gouvernement. Les défis consisterons à:

  • Faire baisser le chômage,
  • Lutter efficacement contre La corruption
  • Relever le défi de la Décentralisation budgétaire
  • Consolider La justice
  • Combattre avec vigueur La pauvreté
  • Instaurer un  environnement des affaires incitatif
  • Mener une politique efficace d’intégration régionale
  • Réaliser une Croissance économique forte et inclusive
  • Mener une Politique de coopération responsable
  • Résoudre la problématique de l’énergie et des infrastructures
  • Réussir la réforme de l’Administration
  • Instaurer la bonne Gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources
  • Instaurer une politique budgétaire saine

A l’aube du XXIe siècle, notre pays est confronté à des défis d’ordre social, économique et politique, qui ont d’importantes répercussions sur notre politique budgétaire : mondialisation toujours plus prononcée, progrès technologiques en constante accélération, préservation de nos ressources naturelles,  stabilisation de l’endettement de l’Etat et l’évolution de nos relations avec  les Etats de la sous région Ouest Africaine.

La cour constitutionnelle a validé le samedi 30 octobre 2015 la victoire du président sortant le Professeur ALPHA CONDE à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015 avec un au taux de 57,4% des voix.

Après l’effondrement économique du pays suite à la gestion peut orthodoxe de la  transition par le régime militaire vers un système politique démocratique de 2008 à 2010, seuls les observateurs les plus optimistes s’attendaient à ce que le pays s’en sorte aussi bien sur une si courte période. D’importantes réformes seront nécessaires afin que la Guinée poursuive sa trajectoire économique.

LE BILAN SATISFAISANT DU PRESIDENT SORTANT SUR LE PLAN ECONOMIQUE ET DE LA GOUVERNANCE MAIS BEAUCOUP RESTE A FAIRE :

L’espoir de ceux qui aspiraient aux réformes était élevé lorsque le professeur ALPHA CONDE avait été élu Président en 2010. Le leader historique a été  capable de mobiliser les masses, en remportant un mandat populaire avec plus de 51% des voix lors des élections de 2010. Mais en regardant en arrière, de nombreux militants sont  circonspects. Ils voient un président très orienté sur le compromis et peu soutenu dans sa volonté d’impulser le vrai changement par une coalition de partis qui ont contribués à sa victoire, a limité les effets positifs des réformes politiques et économiques majeures entreprises.

A titre d’exemple, malgré une période de croissance économique et de stabilité relative, le taux de chômage reste élevé, la pauvreté endémique, la question de la stabilité budgétaire toujours d’actualité, la corruption et la problématique du partage des fruits de la croissance entre autre restent des enjeux majeurs.

FAIRE BAISSER LE CHOMAGE :

Les jeunes entre 15 et 35 ans  qui représentent 70% de la population, 60% de cette tranche d’âge est au chômage. Ce phénomène s’explique essentiellement dans le contexte Guinéen par un taux de natalité élevé (3%),  l’inadéquation de la formation aux besoins de l’emploi, le manque d’esprit d’initiative des jeunes et surtout par la faible croissance économique (3% en moyenne) sur plusieurs décennies.

L’absence d’une politique cohérente d’emploi du fait de la diversité des acteurs impliqués a réduit considérablement l’impact des efforts des autorités dans la lutte contre le chômage à travers la mobilisation des ressources  internes et externes en faveur des projets des jeunes et des femmes particulièrement. Il faut souligner également le manque de statistiques fiables sur l’emploi, ce qui entraine l’impossibilité  d’évaluer  avec objectivité l’efficacité des politiques menées.

Une révision complète de la politique actuelle de l’emploi accompagnée d’une croissance économique forte   s’impose.

LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LA CORRUPTION :

La corruption demeure importante et un obstacle des progrès économiques. Le comité national de lutte contre la corruption (ANLC) se trouve confronté à une tâche difficile. En effet, selon cette agence, la Guinée a perdu 500 milliards de GNF soit près de 50 millions D’euro en 2012 pour des faits de corruption. La corruption qui touche tous les secteurs et entretenue jusqu’aux plus hautes sphères politique et administrative est aujourd’hui l’un des plus grand maux de notre économie.

Malgré les dispositions prises par les autorités pour lutter contre ce fléaux, la corruption demeure inquiétante dans tous les secteurs notamment les secteurs des finances (87,7%), sécurité (90,4%), services fonciers (84,5%)  et les mines.

Les enquêtes de l’agence révèlent que «  92% de la corruption en Guinée sont dues à l’impunité; 89,9% au mauvais fonctionnement de l’administration; 89,3% aux salaires bas des fonctionnaires, 88,8 au manque de transparence dans les affaires du Gouvernement et 86,9% du fait que le Gouvernement ne se penche pas suffisamment sur le problème ».

Les dénonciations et les résultats des rapports d’audits ont permis d’écarter plusieurs agents de l’Etat de haut niveau, ainsi que des hommes politiques sont la preuve de la détermination à combattre la corruption au plus haut niveau.

La ratification des conventions internationales contre la corruption, la mise en place d’un guichet unique et du comité stratégique pour la surveillance des secteurs névralgiques sont autant de preuve de la volonté des autorités d’éradiquer ce phénomène mais si ces efforts restent insuffisants pour venir à bout de la corruption.

Cependant  Il ya un changement d’attitude clair:

Il n’est plus possible d’être arrêté pour une affaire de corruption et de s’en sortir même si des mesures vigoureuses sont encore nécessaires pour réduire encore l’ampleur de ce phénomène qui compromet les principes de base démocratique et ralenti les opportunités de développement de notre pays.

UNE REVISION COMPLETE DE LA POLITIQUE DE DECENTRALISATION BUDGETAIRE EST NECESSAIRE :

Depuis plus d’une décennie, la Guinée s’est engagée dans un ambitieux programme de décentralisation dans le but de transformer un pays très centralisé en un pays avec d’importantes compétences dévolues aux régions. Cependant, la dévolution massive de l’autorité politique ainsi que la prise de décision sans une bonne préparation et un cadre légal clair et cohérent ont entraînés divers problèmes. Parmi les conséquences, ont peut citer le manque de capacité des régions à gérer les nouvelles compétences; une décentralisation de la corruption liée à la nouvelle allocation des ressources et des règlements régionaux qui ont dans l’ensemble échappés à un examen quand à leur compatibilité  au nouveau national.

Les relations financières entre l’Etat et les régions, particulièrement complexes, doivent être désenchevêtrées.  La répartition des tâches entre l’Etat et les régions doit être clarifiée, tandis que les ressources devront être réparties de façon plus équitable entre régions fortes et régions faibles.

L’Etat doit se concentrer davantage sur ses tâches essentielles et sur la conduite stratégique. Les régions obtiendront parallèlement des compétences et des ressources supplémentaires, dont elles disposent librement. L’élargissement de la marge de manœuvre permettra une utilisation plus ciblée de l’argent des contribuables. La nouvelle politique de décentralisation devra également engendrer une réduction des différences entre les charges fiscales des régions et, par là même, une plus grande équité fiscale.

Notre système d’Etat centralisé doit être revitalisé. Les tâches et compétences des autorités centrales et des régions  doivent être clarifiées. L’instance qui paie une prestation doit aussi être responsable de son exécution. Les tâches seront assumées de façon aussi décentralisée que possible. Celles que l’Etat central et les régions continueront d’assumer ensemble seront gérées davantage en fonction des buts et des résultats.

La décentralisation budgétaire  procure à toutes les parties des avantages d’ordre politique. L’Etat y gagne plus de clarté en matière d’utilisation des deniers du contribuable. Elle peut désormais se concentrer sur ses tâches essentielles et se consacrer davantage à la conduite stratégique. Les régions obtiennent plus de compétences et une marge de manœuvre élargie. Elles disposeront davantage de fonds dont elles peuvent user librement plutôt que de ressources affectées. Les contribuables voient leur argent s’apprécier: leurs impôts seront utilisés de façon plus efficace et plus économe.

De plus, la décentralisation budgétaire devra réduire les différences entre les charges fiscales des régions  et, par là même accroître l’équité fiscale. Par ailleurs, une compensation d’ordre sociodémographique sera introduite, dont profiteront les régions  qui assument des charges spéciales à cause de leur proportion élevée de personnes en formation, de personnes âgées ou démunies, ainsi que les chômeurs.

Avec 1% de financement prévu dans le BND en 2014 ; l’exécution en faveur des régions s’est limitée à 0.28% pour la même année- La volonté politique affirmée pour une affectation budgétaire conséquente pour les projets et programmes de décentralisation et de développement local est nécessaire pour changer la tendance actuelle- un taux de 10 à 15% du BND en faveur des collectivités ne serait pas irréaliste du fait de l’ampleur des défis qui se posent à celles-ci et pour plus d’efficacité et d’efficience dans l’amélioration de la qualité de la dépense publique dans notre pays-

L’un des défis majeurs du nouveau gouvernement consistera à superviser et à gérer activement les relations avec les régions. Cela requiert une clarification des compétences institutionnelles, une cohérence du cadre légal et un leadership fort et compétent, non seulement au niveau de la présidence  mais également pour les postes clés tels que les Ministères de l’intérieur,  l’éducation, l’agriculture, les Mines la  sécurité, le Transport, la Pêche et des finances. Il faut souligner également que les ressources financières des collectivités locales sont non seulement faibles mais le niveau de recouvrement l’est aussi; aggravée par le non transfert intégral des ressources dédiées par l’Etat aux collectivités locales.

CONSOLIDER LA JUSTICE :

Des efforts en vue de construire l’autorité judiciaire seront également nécessaires. En particulier les juridictions régionales et surtout la cour constitutionnelle  qui doivent être renforcés  pour qu’elles inspirent d’avantage confiance au public afin d’assurer que leurs décisions soient appliquées dans toutes les régions.

COMBATTRE AVEC VIGUEUR LA PAUVRETE :

Le fait d’assurer que les profits économiques aient des retombés pour les plus pauvres reste un défi majeur. Environs plus de la moitié des ménages guinéens demeurent aux alentours du seuil de pauvreté national (55% en 2012) et l’écart entre les riches et les pauvres ne cessent de se creuser. Ce phénomène se concentre surtout en milieu rural puisque la part  de la population rurale vivant en dessous du seuil de pauvreté est supérieure à 60% contre 31% de la population urbaine. Cela menace d’affecter la cohésion sociale.

Les perspectives de croissance en 2016 selon les institutions financières étant de 4% (soit 4 fois celles de 2014-2015) sont certes importantes dans le contexte économique Guinéen, cependant elles restent insuffisantes pour une lutte efficace contre la pauvreté. Des reformes vigoureuses et soutenues sont indispensables  pour attendre des taux de 7 à 8% voir à deux chiffres pour accélérer le développement économique et social et atteindre l’émergence économique tant souhaitée.

NECESSAIRE AMELIORATION DE   L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES :

En matière budgétaire, notre but doit être d’assurer à notre espace  économique une place au sein de l’élite des pays de la sous région. Les facteurs décisifs ne sont pas seulement les infrastructures, la sécurité juridique, la qualité de la formation ou la stabilité sociale, mais aussi le bas niveau des intérêts et des impôts. La fiscalité doit être prévisible, tout comme les prestations de l’Etat.

Les entreprises qui opèrent au niveau international sont extrêmement mobiles. Elles sont en mesure de trouver rapidement un nouveau centre de production ou d’administration si les conditions générales de leur lieu d’implantions ne leur conviennent plus. Elles évitent donc les pays qui ne présentent que peu d’intérêt du point de vue économique. Pays riche en matières premières, la guinée  a tout intérêt à ce que les entreprises implantées sur son sol y restent et à ce que de nouvelles s’y installent.

Pour que cela soit possible, l’Etat doit offrir à l’économie des conditions générales avantageuses. A part la sécurité, la stabilité et le bas niveau des intérêts, cela implique aussi des prestations étatiques de qualité correspondant aux besoins des citoyens. Tant les entreprises que la population doit être convaincue que leurs impôts sont utilisés à bon escient, efficacement et avec mesure.

MENER UNE POLITIQUE EFFICACE  D’INTEGRATION REGIONALE :

L’adhésion de la guinée à la CEDEAO représente un objectif stratégique du gouvernement. Une adhésion affecterait tous les secteurs de la société: politique, économie, culture et également sécurité. La plupart des Etats Ouest  Africains  voient dans la CEDEAO la meilleure stratégie permettant d’assurer la paix, la prospérité et la concertation dans une Afrique forte. Pour la Guinée, l’adhésion à la CEDEAO a des avantages et des inconvénients.

L’intégration sous régionale exige diverses modifications de notre politique budgétaire. Certaines réformes budgétaires permettront de réduire ou d’éviter de créer des différences par rapport au système des pays de la sous région. Mais les avantages d’une adhésion doivent en compenser les désavantages pour la place économique guinéenne.

REALISER UNE CROISSANCE ECONOMIQUE FORTE ET INCLUSIVE :

La croissance économique aujourd’hui à moins 2% n’est pas créatrice d’emplois suffisants. Selon les prévisions de la Banque Mondiale la croissance annuelle de notre économie ne devrait pas dépasser 4 à 5%  sur la période 2016-2017.  Si ce taux de croissance est une performance par rapport aux années 2014 et 2015 ; elle reste Cependant insuffisante pour lutter efficacement contre la pauvreté vue le taux de natalité élevé estimé à 3% annuellement. Celle-ci  doit être également plus créatrice de milliers d’emplois.

La majorité de la main d’œuvre travaille actuellement dans le secteur informel (près de 60 à 70% de la population totale). Des mesures sont donc nécessaires pour créer des emplois dans le secteur formel, qui fournissent une sécurité aux employés et des avantages supplémentaires, telle que la couverture des soins  de santé. En plus des efforts sont nécessaires pour mener une politique de recensement des entreprises guinéennes pour le formel, ce qui aura un impact réel sur la croissance et l’amélioration des conditions de vie.

Il faut souligner également que le secteur primaire qui emplois les 3/4 des actifs mais qui ne contribue qu’à près à 20% du PIB doit être un secteur clé de notre performance économique en vue d’un partage équitable des fruits de la croissance qui doit être forte et vigoureuse (7 à 8%).

MENER UNE POLITIQUE  DE  COOPERATION RESPONSABLE :       

Notre pays est extrêmement riche en ressources naturelles, mais la plupart de ses exportations sont au bas de la chaine de valeur. Le nouveau Gouvernement doit trouver des moyens d’accroitre cette chaine de valeur. Une main d’œuvre qualifiée est la clé pour réaliser cela, et les réformes et des investissements productifs  à long terme dans le secteur de   l’éducation du pays seront nécessaires pour y parvenir.

DEFIS ENERGETIQUES ET D’INFRASTRUCTURES A RELEVER :

La construction du barrage hydro-électrique de kaleta de 240 MW à hauteur de 520 millions de dollars, la mise en valeur des micro-barrages pour la satisfaction des besoins énergétiques des régions  et la pose de la première pierre le 22 décembre 2015  de la réalisation  du barrage de souapiti (le double de kaleta) pour un cout de 1500 millions de dollars US  sont des mesures de politiques publiques à saluer et à encourager car elles constituent si elles sont bien menées les conditions d’amorce d’un développement durable dans notre pays.

A moyen terme, de lourds investissements dans les infrastructures (principalement l’électricité, les routes et les ports) ainsi qu’une restructuration de la bureaucratie au moyen de compétences claires sont nécessaires et inévitables pour stimuler les investissements étrangers et nationaux.

En plus une politique de gestion rationnelle des ressources est indispensable pour corriger les erreurs passées constatées dans ce secteur stratégique consommateur de ressources considérables.

APPROFONDIR LA REFORME DE L’ADMINISTRATION POUR LA RENDRE PLUS EFFICACE ET EFFICIENTE :

La rentabilité de l’administration guinéenne et sa capacité à répondre aux besoins des citoyens s’améliore. Parallèlement à la réforme du gouvernement et de l’administration, les changements revêtent également des aspects économiques et financiers. C’est pourquoi l’un des instruments choisis est la gestion de l’administration axée sur l’efficacité. Il permettra de renforcer les synergies et éliminer les doubles emplois.

Les bouleversements économiques et sociaux d’aujourd’hui exigent aussi l’assouplissement des structures du secteur public. L’administration guinéenne est actuellement soumise à une réforme complète tandis que la législation sur le personnel de l’Administration centrale  fait l’objet d’une révision en profondeur. Le statut de fonctionnaire  sur le personnel de l’Administration  se rapprochera du droit privé.

Les décisions d’ordre stratégique seront prises au niveau politique, alors que les décisions d’ordre opérationnel incomberont à l’administration. Cela permettra d’instaurer une nouvelle liberté d’action, que les unités de l’administration pourront d’avantage  utiliser de leur propre compétence. Les méthodes appliquées sont celles de la nouvelle gestion publique (NGP), accompagnées de plus en plus par des mandats de prestations déterminés.

En adoptant des modèles de gestion qui ont fait leurs preuves dans le secteur privé, l’administration publique est censée améliorer son rendement et son service à la clientèle. L’un des éléments essentiels sera la gestion de l’administration axée sur l’efficacité et non plus sur les crédits octroyés. Il n’y aura plus de prescriptions réglant chaque détail.

Dans la même perspective, la possibilité de passer du budget  annuel traditionnel à un budget triennal est actuellement examinée. Les avantages d’un budget couvrant trois années sont évidents: un tel budget représenterait une importante décharge de travail non seulement pour l’administration, mais aussi pour les autorités politiques ainsi que le parlement, et le budget serait axé non plus sur le court terme, mais sur un moyen terme de trois ans.

Des structures et institutions démocratiques réduites et transparentes avec des salaires adéquats pour les équipes réduiront les opportunités et les incitations à la corruption, qui est un obstacle majeur à l’investissement. Il faut préciser également  que la mise  en place d’une équipe gouvernementale fortement  réduite permettra de réaliser des économies budgétaires et augmenter l’efficacité de l’action publique.

IMPOSER LA BONNE GOUVERNANCE ET LA NECESSITE DE PRIVILEGIER LE PRINCIPE DE LA TRANSPARENCE :

Les performances économiques et financières du pays ont été perturbés selon les experts par l’épidémie à virus  Ebola et la baisse des cours des matières premières ; la dégradation de la situation financière s’explique aussi par les déviations dans la mise en œuvre de la Politique économique ; ce qui entraina entre autre :un déficit budgétaire excessif, de pertes importantes de ressources en devises et des recettes publiques à l’interne et le déficit de transparence dans la gestion du programme d’investissement public ont compromis l’atteinte des critères de performance  et des objectifs de l’année 2015 au titre de la facilité élargie de crédit.

Les réglementations financières  se fondent sur des principes scientifiques établis, dont sont déduites les règles applicables à la politique budgétaire du gouvernement. Cette dernière a généralement la réputation d’être complexe.  Toute politique doit pouvoir être jugée par les citoyens- ce qui exige évidemment certaines notions préalables. D’où la nécessité d’appliquer le principe de la transparence.

En effet la  transparence présente un double avantage:

Premièrement, elle permet aux citoyens de se forger une opinion. Il importe en effet que ces derniers puissent comprendre les liens entre la politique budgétaire et les activités de l’Etat. Les citoyens ont le droit de savoir pourquoi  ils paient des impôts. Il leur faut pouvoir juger si leur argent est utilisé judicieusement et avec mesure. Il faut en outre qu’ils puissent évaluer les conséquences financières des décisions politiques.

Deuxièmement, il y va de l’attrait de la place économique guinéenne. La transparence permet en effet d’évaluer les avantages que présente un site économique.

Elle favorise  une répartition équitable des ressources (justice sociale)

L’Etat intervient dans les domaines où les mécanismes du marché sont insuffisants .Il intervient également pour que soient appliquées les normes minimales de la justice sociale. L’Etat définit en outre le cadre général de la société, met en place les infrastructures et compense les inégalités sociales ou régionales.

La politique budgétaire est un des instruments qui lui permettent d’exercer ces tâches. Une répartition équitable des ressources est l’une des conditions importantes qui doivent être réunies pour assurer la paix sociale, qui n’est pas seulement un acquis éminent des partenaires sociaux, mais aussi un atout essentiel de la place économique  guinéenne. Les entreprises préfèrent les pays stables où elles n’ont à craindre ni grève ni autres conflits.

LA NECESSITE D’INSTAURER UNE POLITIQUE BUDGETAIRE SAINE :

Depuis l’apparition de l’épidémie à virus Ebola la situation budgétaire de notre pays s’est fortement dégradée. Le déficit budgétaire est passé de 2,5% en 2014 à 4,20% (Août 2015), la dette en pourcentage du PIB selon la Banque Mondiale est passée  26% en 2014 à 31% en 2015.

Pour améliorer la gestion budgétaire en 2016, il est recommandé aux autorités budgétaires de limiter le déficit budgétaire au montant des appuis budgétaires et de financement projets ; de limiter le recours au financement intérieur ; d’éviter les arriérés de paiement et de renforcer la transparence du programme d’investissement public.  Ces mesures sont certes salutaires, mais elles peuvent être renforcées par l’amélioration de la transparence à tous les stades de la mise en œuvre de la politique budgétaire.

Des politiques visant à redistribuer les richesses, incluant une réforme du système fiscale et une politique de santé abordable pour les pauvres, seront nécessaires pour atténuer les effets des inégalités économiques.

Mais cela ne suffira pas:

Il faut des principes clairs

Seul un Etat disposant de finances saines est capable d’être performant dans les domaines social et économique. Il importe, pour cela, que l’Etat mène une politique budgétaire solide et durablement fondée sur des objectifs et des principes clairs. C’est à cette condition que la politique budgétaire de notre pays pourra rester compréhensible et prévisible, ce qui est crucial, pour les citoyens et citoyennes aussi bien que pour l’économie.

Un autre défi de l’avenir consiste à atténuer un conflit d’intérêts.

D’une part, on exige de l’Etat, à juste titre, qu’il résolve les problèmes rapidement et efficacement, ce qui entraîne en général des dépenses. De l’autre, notre pays doit non seulement faire face à une concurrence internationale impitoyable, assurer sa stabilité, sa sécurité juridique et offrir des infrastructures de qualité, mais aussi rester attrayant sur le plan fiscal.

Et des reformes justifiées

Pour maîtriser les défis de la politique budgétaire, une bonne discipline financière et une fiscalité modérée sont indispensables. Mais il faut aussi des réformes. L’objectif prioritaire doit être de rétablir l’équilibre du budget, puis de le maintenir. En outre, le système fiscal doit être simplifié. Enfin, la décentralisation budgétaire entre le gouvernement et les régions  doit être réaménagée.

Notre système fiscal est de plus en plus complexe et ne peut plus être compris que par les spécialistes. Il faut donc d’urgence le simplifier. Les avantages qui résultent d’une concurrence fiscale saine entre les régions doivent être instaurés.

Ce qui impose des options  budgétaires importantes

D’importantes options budgétaires devront être prises ces prochaines années. En matière de recettes fiscales, il s’agira d’instaurer une certaine harmonie entre les recettes dues aux impôts sur le travail, la consommation, l’énergie et le capital.

En instaurant, par le biais de la politique budgétaire, de bonnes conditions générales pour la croissance économique et l’emploi, on renforce aussi la cohésion sociale. En outre, une politique budgétaire claire renforce la confiance de la population à l’égard de l’Etat. Elle rend la politique générale plus prévisible, car elle assure la stabilité.

Le but visé est une politique budgétaire qui favorise la croissance et l’emploi.

L’Etat peut veiller à modérer la charge fiscale et à renforcer la croissance économique par ses investissements. Dans le cadre de mesures d’économies, il s’efforcera de ne pas réduire plus fortement les dépenses d’investissement en matière d’immobilier et d’infrastructure, ou de formation et de recherche, que les autres dépenses. Car ces investissements ne se révèlent rentables qu’à long terme. De même, les autorités politiques ne doivent  pas chercher à présenter chaque année un budget équilibre, mais à l’équilibrer sur la moyenne de plusieurs années. Mener une politique budgétaire prévoyante signifie aussi considérer les changements comme une chance à saisir. Les bouleversements structurels sont en effets souvent la source de la croissance future. Les retarder artificiellement ne fait que rendre le processus d’adaptation plus coûteux et plus douloureux.

La Guinée demeure un pays qui s’ouvre sur l’extérieur, parfois ambivalent en ce qui concerne ses ambitions nationales. Or le poids économique du pays augmentant, une expansion de son profil international pour devenir un acteur régional, aura lieu probablement dans  les années à venir. Le prochain gouvernement devra mettre en place la capacité institutionnelle nécessaire pour s’adapter rapidement à de tels changements et assurer que le développement économique aille de pair avec le développement humain.

ASSOCIATION GUINEENNE DES ECONOMISTES

associationguieco@gmailr.com

 

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