Censure

Abé Sylla après les accusations de Cellou Dalein : «épargnez-moi de dire les saletés et fermez vos grandes gueules ! »

Cellou Dalein Diallo, invité des Grandes Gueules, la semaine dernière, a dénoncé « l’octroie » de la centrale Tombo III à Abé Sylla, qu’il décrit comme un allié politique du président Condé. Pour Dalein, ce dernier donne des marchés dans le secteur de l’énergie à ses amis.

Abé Sylla, président de la NGR et d’une société de renommée internationale basée aux USA, AIS Engineering, a répondu aux accusations du principal leader de l’opposition, dans l’émission Jacques Rogers Show. Extrait.

« Le projet dont on parle, je l’ai obtenu avant l’élection du président. Ça été signé il y a déjà des années. J’ai travaillé avec Idrissa (ancien ministre de l’Energie, janvier- octobre 2014, NDLR) pour mettre ça en place. C’est un BOT. Et pour ceux qui ne savent pas, je vais bien expliquer ce qu’on appelle un BOT. Ce n’est pas un appel d’offres, c’est un partenariat public privé. Le gouvernement veut de l’électricité, mais ils n’ont pas d’argent. L’homme d’affaire propose de fournir à un prix, vous le consommez, vous payez l’électricité pendant un nombre d’années, après je vous transfère tous mes investissements inclus mes équipements. Ce n’est pas de la charité, ce n’est pas de la corruption, c’est comme ça partout dans le monde.  BOT (Build, Operate and Transfer). Tu construis, tu opère (faire la maintenance) et tu transfères. La maintenance c’est d’ailleurs ce qui fait défaut au pays, c’est l’un des grands problèmes en Guinée. Chaque fois qu’il y a des équipements de production d’énergie, il n’y a pas mal de sabotages, parce que ça appartient à L’Etat. Par exemple, quand nous sommes allés pour enlever les anciens groupes, ce que dix de mes ingénieurs ont découvert, je ne peux même pas faire le compte rendu en public. Il y a des filtres, tu ne peux même pas y faire passer un cheveu. Des déchets incroyables ont été découverts dans des engins. Et comment ils ont pu pénétrer ces engins ? Dieu seul le sait. Tout simplement parce que ça appartenait à l’Etat. Là ça n’appartient plus à l’Etat. Nous avons repris, nous avons reconstruit avec notre propre argent et nous allons l’opérer pendant une bonne année, et après transférer à l’Etat. Voilà. Avec une formation à l’appui. Il n’y a pas longtemps on parlait des enfants qui mourraient parce qu’il n’y a pas d’électricité. Quelle honte ? Je ne défends pas que ma boite, prenons exemple sur tous les investisseurs du domaine. Prenons exemple sur K-Energie. C’est pour un jeune homme de Connecticut qui a investi 200 millions de dollars avec ses partenaires, il n’est même pas un Guinéen, il a investi 200 millions de dollars. Ce monsieur, il a pris des risques. Quand il faisait ses installations, il y avait Ebola en cours. Aujourd’hui c’est lui qui produit la majorité de l’électricité. Je viens en appui pour boucler le cercle et avoir le maximum d’énergie pour la population guinéenne. Si cela fait mal à quelqu’un, ils n’ont qu’à aller se faire…faire ce qu’ils veulent, hein, bon je ne peux pas tout dire à l’antenne. Mais je leur dirais pardon de m’épargner de dire les saletés. Et de fermer leurs grandes gueules en somme. Voilà ».

Tombo III fait pour 50 ans a été bousillé en moins de 10 ans

« Tombo III c’était des centrales complètement gâtées. C’était des engins qui devraient durer 50 années, ils les ont bousillées en moins de 10 ans. Sabotage, un peu de tout, pillage en somme. Vous savez le mot maintenance n’existe même pas dans nos dialectes. N’importe quel Guinéen, vous lui demandez c’est quoi la maintenance? Ça n’existe pas dans son dialecte. C’est pourquoi jusqu’à aujourd’hui l’Etat est dans l’obscurité totale. Tout ce que nous avons hérité c’était de les faire sortir et faire des investissements pour faire venir des groupes et les mettre là. Et changer tout ce qui est la-dans. Un investissement qui vaut des millions (50 millions de dollars pour 70 MW, NDLR). Pour qu’il puisse enfin y avoir de l’électricité en Guinée en complément avec ce qui est déjà mis en place par le gouvernement actuel. Et ça c’est ce que j’avais toujours bien expliqué aux Guinéens.

Il y a les projets d’urgence, il y a les projets intermédiaires, les projets qui permettent au gouvernement de finir de construire tous les barrages (6 à 7 ans avant que tous les barrages ne finissent, Soupéti, Amariah 1 et 2, etc.) ce qui va leur permettre de produire non seulement en hydro qui est propre, mais faire face à la demande d’énergie de sa population et vendre même l’excédent.

Bref ça consiste à rénover complètement la centrale, tu reconstruits, tu les mets en ligne, tu produits. Une fois que tu produits, vous vous entendez sur un prix raisonnable, qu’ils peuvent payer, vous produisez les factures mensuelles.

C’est comme ici aux USA à part les grands investissements hydro-électriques, comme le fait actuellement le gouvernement guinéen, la production c’est les privés qui le font. L’Etat n’a rien à y faire, même le transport, la distribution.

Le schéma actuel en Guinée, qu’on le veuille ou pas, ce sera ça. Le gouvernement ne doit plus se mêler de la distribution, du transport et de la production. Si j’étais président aujourd’hui ça allait être la même chose et même lui Cellou ça allait être la même chose. Nous ne sommes pas un pays communiste, si c’est ça, ça ne sert à rien d’y compter ».

Enfin le président de la NGR estime que Cellou l’en veut pour des raisons politiques. Parce que, selon lui, depuis qu’Alpha Condé a dit qu’il ne sera pas candidat en 2020, lui Abé Sylla qui donne du courant à Conakry et qui, dès 2017 va construire une usine dans chaque ville de la Guinée, est sans nul doute vu comme un adversaire redoutable.

Bily Camara pour guinee7.com

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