Censure

Assassinats ethniquement ciblés à Conakry ? Faux ! (Par Dr Sidiki Cissé)

94 victimes ! Voilà le nouveau trophée macabre que l’opposition dite républicaine brandira dans un exhibitionnisme détestable jusqu’au moment où elle viendra pulvériser ce palmarès peu glorieux par l’organisation de nouvelles manifestations violentes. Quel  chiffre pourrait donc la satisfaire   pour  stopper  sa course  frénétique visant à assouvir  sa soif ardente d’installer son chef dans le fauteuil tant convoité de  SEKHOUTOUREYA ? Quand est ce que l’opposition républicaine, en réalité l’UFDG, autour de laquelle sont venus s’agglutiner des partis ornementaux sans troupes, comprendra-t-elle que les manifestationsꜗ pacifiquesꜗ violentes et les villesꜗ mortesꜗ violentes ne se transformeront jamais en soulèvement populaire pour renverser le régime du Professeur Alpha Condé ? Quand est ce que cette opposition comprendra que ces dizaines de jeunes, victimes d’une stratégie stupide et catastrophique au plan humain et matériel, même enterrés au carré dit des martyrs du cimetière de   Bambeto, resteront à jamais et pour toujours, des pertes irremplaçables pour le pays, et plus particulièrement pour leur famille ? Mais  pourquoi donc  cette opposition bornée  se refuse t elle  de comprendre qu’une enquête, nationale ou internationale, même aboutie, ne rendra jamais aux familles éplorées  leurs proches brutalement arrachés à leur affection, ou restaurer l’état physique des handicapés à vie ?

Et ce ne sont pas des funérailles fortement politisées et teintées d’une bonne dose de machiavélisme qui pourraient y changer quelque chose ; néanmoins, le chef de file de l’opposition  pourrait  leur porter secours en créant  un fonds d’aide  aux nombreuses victimes de ses nombreuses marches (morts ,blessés et commerçants pillés ) ,en y  versant tout ou partie de son budget mensuel de fonctionnement de près de 500 000 000 FG ;cela ne devrait pas être un  grand sacrifice pour lui , vu qu’il avait lui-même  suggéré la création  d’une telle cagnotte dans laquelle il  se disait prêt  à verser une partie de ce pactole  en faveur des enseignants, lors de la grève déclenchée par l’anarchosyndicaliste, Aboubacar Soumah.

Nous demandons vivement à l’opposition républicaine de renoncer à cette stratégie meurtrière qui endeuille de nombreuses familles, en appauvrit des centaines d’autres, tout en handicapant à vie des dizaines d’un troisième groupe comme par exemple, ce jeune paralysé à vie, Mamadou Bailo, que l’on découvre sur un tweet en date du 30 mars 2018, de Bah Oury, qui a ému des milliers d’internautes. Nous lui conseillons d’autres formes de protestations comme boycotter les sessions de l’assemblée nationale, ou refuser de siéger dans les conseils communaux.

Profitant de l’émotion suscitée par ce bilan macabre, des politiciens malhonnêtes et intellectuels en quête de popularité facile, vont jusqu’à parler d’assassinats ethniquement ciblés.  Assassinats ethniquement ciblés à Conakry ? Faux ! Ceux qui allèguent de telles arguties sont, soit animés d’intentions politiques malveillantes, soit coupables d’appréciations superficielles ou subjectives.

Pourquoi ne parlent ils pas d’assassinats ethniquement ciblés à Matam, Matoto  , Dixinn  ou Kaloum , où résident également de nombreux autres  éléments de cette ethnie  chez laquelle on veut créer , vaille que  vaille, un sentiment de persécution et d’ostracisme ?

En vérité, les criminels qui tuent et blessent les manifestants ne visent nullement les membres  d’une quelconque ethnie de notre pays. Les balles assassines  frappent les participants aux manifestations d’une opposition faussement plurielle, donc faussement pluriethnique qui,  prenons courage pour le dire, se résument aux militants du principal parti d’opposition dont tous, très malheureusement, dans leur écrasante majorité, appartiennent à la même ethnie, comme le sont d’ailleurs la plupart des partis  politiques en GUINEE.  On ne pourrait avoir un jugement de valeur sur les évènementsqui surviennent dans la commune de Ratoma de façon trop répétitive, sans prendre en compte  un certain nombre de facteurs  dont la conjonction fait de cette zone  une chaudière en ébullition permanente qui déverse  son trop plein de violences avec une fréquence exaspérante.

                    Commune de Ratoma, épicentre des violences à Conakry

Incontestablement, depuis l’arrivée au pouvoir du Professeur Alpha Condé, cette commune est et reste le point de départ de toutes les violences qui secouent sans arrêt la capitale guinéenne. Manque d’eau, coupures d’électricité, revendications syndicales, manifestations politiques, tout est prétexte pour troubler l’ordre et la quiétude des paisibles citoyens, sur fonds de violences inouïes. Ceux qui tentent d’expliquer ce phénomène de violences récurrentes dans cette commune  par la survivance de rancœurs nées de l’affaire  Kaporo rail, ou par une extrême  pauvreté dans cette zone, passent à coté de leur sujet. Aucune étude sérieuse ne pourrait démontrer que cette commune serait la plus pauvre parmi les cinq que compte la capitale guinéenne. Loin s’en faut. La vérité est qu’à Ratoma , l’on est en face  d’une instrumentalisation de la violence  par des  politiciens qui rêvent de gagner par la rue ce qu’ils ne  peuvent  gagner par  les urnes.

Le bien fondé de cette affirmation est donné par l’opposition républicaine elle-même qui parle de succès lorsque, par le biais de barricades érigées, de pneus brulés et de jets de pierres, des  loubards réussissent  à empêcher les travailleurs de toutes catégories professionnelles à rejoindre leur lieu de travail. Le porte parole de cette  même opposition ne vient il pas de déclarer sur les ondes de certaines radios privées que lorsque les injustices s’arrêteront, il n’y aurait  plus de barricades ? Tout un aveu.  Il est triste et révoltant de constater que cette même opposition qui ambitionne de gouverner notre pays , se livre également à une forme de  discrimination  positive à titre posthume à l’égard  des victimes des violentes manifestations qu’elle organise ; en effet, elle ne demande avec insistance et constance que lumière soit faite que sur le cas  des 94  ayant eu le très peu enviable privilège d’avoir été enterrés  au carré dit  des martyrs du cimetière de Bambeto, probablement les seules et uniques  victimes à ses yeux . Quels sont donc les critères qui auront conduit notre opposition radicale à ne pas comptabiliser les éléments des forces de sécurités tombés pourtant au cours des mêmes manifestations ? Pourquoi ne se bat- elle pas avec la même ardeur et la même détermination pour les victimes de Womey ,Zogota , et autres ?

Même les 150 morts du stade du 28 septembre 2009 sont passés à l’arrière-plan, parce que ne représentant plus pour elle un enjeu électoral, comme ils le furent, il n’y a pas si longtemps. Egaux en droits et devoirs de leur vivant, les guinéens devraient le rester après leur mort, sans considérations politiciennes.

       La surenchère de l’arithmétique macabre et  la politique de victimisation à outrance

Incontestablement, la surenchère sur le dénombrement macabre et  la théorie de la victimisation  à outrance sont  un fonds de commerce dont  l’UFDG n’est pas prête à s’en débarrasser, ces deux axes  s’étant révélés comme  ses armes de mobilisation les plus efficaces. Victimes d’un endoctrinement politico ethnique duꜗ tourou tourouꜗ, mis en chantier par les idéologues de l’alternance ethnique au sein de l’UFDG, les militants de ce parti, appartenant de manière presqu’exclusive à la même ethnie, sortent massivement et deviennent ainsi  des cibles pour des tueurs non identifiés, qui ne regardent pas les faciès de leurs victimes avant d’accomplir leurs sales besognes. Tout en  dénonçant ces barbaries d’un autre âge, on ne peut s’empêcher de condamner ces politiciens qui  ethnicisent  le débat politique et se mettent à la tête de marches, interdites ou pas, où les participants sont munis  de pierres, de gourdins, d’armes blanches, et même  d’armes à feu, en violation flagrante de l’  article  631,alinéa 1 du code pénal qui dit :  « Sans préjudice, le cas échéant, de peines fortes, est puni d’un emprisonnement de  6 mois à 3 ans , quiconque , dans un attroupement au cours d’une manifestation ou à l’occasion  d’une réunion , est trouvé porteur d’une arme apparente ou cachée  ou d’objets quelconques apparents ou cachés ayant servis d’armes ou apportés en vue de servir d’armes ».

    Une police peu ou  mal  préparée  pour gérer les manifestations de rue

Face à une opposition dont les responsables au plus haut niveau ne font nullement mystère de leur détermination à faire tomber le régime par un soulèvement populaire, la police guinéenne, dans son état actuel, est incapable   de gérer une telle situation en raison de certaines insuffisances   qui sont, entre autres :

°insuffisance numérique des effectifs de la police nationale : le ratio normal au plan mondial police population est de 1 policier pour 200 personnes.  Ce chiffre est de  1 pour 200 en Espagne, de 1 policier pour  560 personnesen France, et 1 policier  pour 1480 personnes en Guinée. Certaines sources parlent même de 1 policier pour 2000 personnes. Avec un tel rapport, il est évident que notre police est incapable de neutraliser au même moment les multiples foyers de violences.

+insuffisance criarde de moyens  logistiques empêchant  le déploiement sur le terrain  de plusieurs équipes à la fois.

+ Sous équipement en armes conventionnelles de lutte contre les mouvements de foule, ce qui pourrait, en partie, expliquer certaines bavures policières.

    Un choix délibéré de violations des textes de lois et de défiance de l’autorité de l’Etat

Il est désespérant de  constater qu’une opposition qui dit vouloir participer à l’édification d’un Etat démocratique se cabre dans une posture constante de violations  des lois et de défiance vis-à-vis des institutions de la République, occasionnant ainsi des risques d’affrontement avec les forces de l’ordre. Pour justifier ses  marches intempestives, l’opposition évoque souvent l’article 10, alinéa 1 de la constitution, mais fait fi  de l’alinéa 4 du même article qui stipule : «  tous les citoyens ont le droit de s’établir et de circuler sur le territoire de la République, d’y entrer  et d’en sortir librement. » Qui oserait s’aventurer  sur l’axe Hamdalaye  – Kagbelen lors des manifestations de l’opposition sans courir le risque d’être violenté ? On ne peut non plus passer sous silence les violations répétées  des articles 22, alinéas 1 et 4 de la constitution et des articles  623,637, et 638 du code pénal qu’il nous semble opportun de rappeler :

+ Constitution

Article 22, alinéa 1 : chaque a le devoir de se conformer à la constitution, aux lois et aux règlements.

Alinéa 4 : les biens publics sont sacrés et inviolables. Toute personne doit les respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage,  de vandalisme, de détournement,  de dilapidation  ou d’enrichissement illicite est réprimé par la loi.

+Code pénal

Article 623 : l’autorité administrative peut interdire une réunion  ou une manifestation publique, s’il existe  une menace réelle de trouble à l’ordre public.

La décision d’interdiction de toutes réunions ou manifestations publiques doit être suffisamment motivée et notifiée aux  signataires  de la déclaration dans les 48 heures de la réception de celle-ci.

L’autorité de tutelle peut, soit confirmer la décision d’interdiction, soit l’annuler.

La décision d’interdiction peut faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir devant la cour suprême.

Article 637, alinéa 2 : les organisateurs d’une manifestation publique interdite ou non déclarée, sont punis d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 1 an et d’une de 500000 à 1000000 de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement.

Article 638 : les participants qui, au cours d’un défilé ou d’un cortège sur la voie publique sont trouvés porteurs d’une apparente ou cachée ou d’un engin dangereux pour la sécurité publique, sont punis d’un emprisonnement de 1 à 3 ans et d’une amende de 500000 à 2000000 de francs guinéens.

 Une indulgence préjudiciable au bon fonctionnement de l’Etat

La trop grande indulgence  au sommet de l’état dans l’exercice des prérogatives que lui confère la constitution en son article 45, sape l’autorité de l’état et encourage l’impunité, l’insécurité et toutes les autres dérives qui peuvent en découler. C’est pour cette raison que lors des rencontres que le chef de l’état a  accordé  aux différentes composantes des forces vives de la nation, celles-ci, unanimement, n’ont pas manqué d’attirer son attention sur les graves conséquences  de la non application des lois de la République . S’il faut se réjouir de telles retrouvailles qui constituent une occasion exceptionnelle pour le chef  de communier avec son peuple et de tâter son pouls, il est cependant légitime  d’avoir des craintes, en se référant  à un  passé récent, qu’elles n’accouchent, une fois de plus, des accords qui pourraient malmener nos lois. Ne dit-on pas souvent  qu’il n’y a ni de bonne loi, ni de mauvaise loi ? Tout est question de contexte et de moment. En vertu de l’article 84 de la constitution, le Président de la République est compétent pour introduire au niveau de l’Assemblée Nationale  un projet demandant à amender ou à supprimer une loi, s’il en éprouve la nécessité. Mais en attendant, il est important que les lois de la République s’appliquent à tous avec la plus grande fermeté, sans aucune forme de discrimination, pour le plus grand bien de notre peuple.

Dura lex, Sed lex .

FRIA le 4 avril 2018

DR SIDIKI CISSE

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