Censure

Bravo au Sily mais on doit tirer des bonnes leçons (1ère partie)

Des éliminatoires à la qualification à la phase finale de la CAN Guinée Equatoriale 2015, le Sily National de Guinée a montré son talent et son courage. Un travail collectif fut abattu non seulement par les joueurs et l’encadrement mais aussi par le gouvernement qui a tout mis en œuvre pour soutenir cette équipe jusqu’au bout. Cependant, en dépit de la bonne performance du Sily, on doit signaler ses faiblesses pour attirer l’attention des dirigeants afin de les corriger dans le future.  La présence des joueurs de grands gabarits et de hautes tailles, un entraineur de haut niveau, et le manque d’infrastructures sportives sont entre autres des facteurs à revoir pour avoir une equipe beaucoup plus compétitive capable de remporter des grandes compétitions. Dans cette observation, je préfère m’atteler seulement à l’aspect physique des joueurs dans certains compartiments du jeu pour mieux me faire comprendre. Les autres aspects feront l’objet d’autres articles. Sans pour autant prétendre avoir une expertise particulière en la matière, je ne fais que mes propres remarques étant un amoureux du cuir rond.

La préparation physique donc commence par le recrutement des joueurs de grandes gabaries comme Titi Camara, Momo Wandel, Souleymane Oularé, Sékou Amed Drame, Pablo Thiam, etc… Cette génération n’avait aucune carence physique.

La présence en défense d’abord comme Dian Bobo permet non seulement de tenir tête aux attaquants baroudeurs et déstabilisateurs, mais aussi de gagner des duels aériens en défense. Par exemple, un stoppeur de grande gabarie et de haute taille permet de mieux libérer son libero qui aura du temps et la sérénité à prendre des décisions. Il permettra aussi de décharger le gardien de but qui pourra facilement sortir et gagner les balles aériennes provenant des ailles. Donc quand le stoppeur peut maitriser l’attaquant de point adverse, cela diminue la pression sur toute la défense. Presque tous les buts marques contre la Guinée étaient des erreurs défensives par ce qu’étant sous des pressions adverses. Le stoppeur ne doit pas forcement être technique mais seulement physiquement impressionnant et intelligent pour ne pas commettre des fautes graves comme des penalties ou même se faire expulser banalement. Des grands défenseurs comme Taribo West du Nigeria, Rigbobert Song du Cameroun n’avaient aucune qualité technique ; mais ils étaient parmi les meilleurs de leur temps. Leur présence physique simplement impressionnaient l’adversaire et rassuraient le libero et le gardien de but.

Ensuite la présence d’un milieu récupérateur de grande taille comme Sékou Amed Drame Mendy ou Pablo Tchiam a l’avantage d’abord de gagner des duels aériens pour récupérer les contre-attaques de la tête, mais aussi de couper les transmissions de balles. Il coupe ou dévié ensuite les passes décisives de l’équipe adverse, et empêche physiquement l’accompagnateur de l’attaquant de point pour isoler ce dernier. Tout cela ne fera que diminuer la charge de la défense et éviter la pression de l’attaque adverse. Il ne doit pas lui aussi être forcément technique mais seulement prudent.

Finalement, la présence des joueurs de grandes gabarie et de hautes tailles à l’attaque comme Titi Camara, Oularé, Wandel ou Kaba Diawara est indispensable pour déstabiliser l’equipe adverse. Premièrement cela permettra de récupérer les centres aériens venant de nos ailiers et des corners. Deuxièmement un attaquant de point de grande gabarie met la pression sur la défense adverse pour la forcer soit à commettre des fautes, ou pour l’empêcher d’organiser le jeu. Troisièmement un attaquant bagarreur déstabilise la défense adverse pour libérer les autres attaquants comme Ibrahima Traoré, Ibrahima Sory Conté ou Séydouba Soumah qui auront moins de charge et moins de pression pour marquer des buts. L’attaquant de point ne doit même pas être forcément technique aussi, mais combatif. Rachidi Yekiny du Nigeria ne pouvait pas dribler un poteau, mais il a été deux fois meilleur buteur de la CAN de 1992 au Sénégal et 1994 en Tunisie. Le Libérien Weah ou le Ghanéen Antony Yéboah étaient aussi très limites en qualité technique ; Cependant ils étaient parmi les meilleurs de leur temps.

Bref, tous les sélectionneurs du Sily, nationaux comme expatriés négligent l’importance des joueurs de gabaries et de hautes tailles dans le football. Il est bon d’avoir des techniciens, mais la technique ne pourra pas tout faire à elle seule. On a l’impression que les sélectionneurs ne considèrent que des dribleurs pour être sélectionner. Hors l’avant-centre actuel Ghanéen, Asamoah Gyan n’a aucune qualité technique; cependant il est indispensable à l’attaque Ghanéenne aujourd’hui.

Le Sily National de Guinée n’a pas perdu contre le Ghana par ce que ces derniers étaient meilleurs ; mais tout simplement à cause de l’accumulation des fatigues des trois premiers matchs qui avaient complètement épuisés les jeunes joueurs sur le plan physique. On pouvait le sentir lors de la deuxième mi-temps contre le Mali. Donc la Guinée n’a pas besoin d’avoir un Didier Drogba, mais les sélectionneurs peuvent chercher et former parmi les joueurs locaux, des défenseurs et des attaquants de points bien battus, pour épauler physiquement les techniciens qui pourront par la suite consacrer leurs énergies à l’attaque. Mais quand les attaquants sont obligés de venir aider physiquement la défense ; dans ce cas, ils auront moins d’énergies et moins de lucidité à faire face à la défense adverse. La prestation remarquable de l’unique joueur local, Fodé Camara, prouve à suffisance qu’on ne doit plus négliger les joueurs évoluant dans la ligue nationale; surtout quand on sait qu’aujourd’hui, cette ligue est en train de se professionnaliser.

Billo Sanoh, simple amoureux du cuir rond depuis New York (USA)

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