Censure

Communales, présidentielle, affaire 28 septembre : Aboubacar Sylla se prononce

Le président de l’Union des forces du changement (UFC), Aboubacar Sylla, a accordé un entretien à notre reporter. Le porte-parole de l’opposition affiche son ambition et entend affronter les deux principaux partis politiques à savoir le RPG et l’UFDG) dans les cinq communes de la capitale, lors des prochaines communales.  Ce n’est pas tout. En 2020, Aboubacar Sylla viserait également le palais Sékhoutouréya. En dehors de ce sujet, il est revenu sur le dossier Toumba Diakité qui selon lui, aurait dû simplement être confié à la CPI à l’image des événements survenus en   Côte d’Ivoire.

Votre parti est candidat aux élections communales et communautaires. Quel est votre atout pour pouvoir affronter les deux grands partis dans cette commune de Ratoma?

Aboubacar Sylla : La politique, elle se fait avec des convictions. Elle se fait avec un programme de société et avec des personnes ressources. Nous essayons d’avoir tous ces éléments de notre côté pour mener le combat politique. Notre combat n’est pas contre un parti ou un autre parti. Notre combat, c’est de faire en sorte que certaines valeurs  pour lesquelles nous nous battons, les valeurs de justice, les valeurs de démocratie, les valeurs d’égalité, les valeurs des droits de l’homme soient respectées.

C’est dans ce combat que nous allons certainement attirer des personnes qui vont se reconnaître dans ces idéaux que nous défendons et qui vont donc adhérer  ou en tout cas apporter leur soutien à notre parti politique,  c’est ce que nous sommes en train de faire. L’UFC est d’abord  un parti qui n’a aucune connotation communautaire.

Nous sommes un parti politique qui est vraiment un carrefour, un lieu génétique de rencontres de toute la Guinée, de tous les citoyens guinéens quels que soient leur origine, leur communauté d’origine, leurs  âges, leurs sexes. Donc nous  faisons en sorte que cette idée soit bien connue des Guinéens de manière à ce que tous ceux qui se reconnaissent dans ces qualités-là,  puissent vraiment nous rejoindre.

Comme vous le voyez, c’est un parti qui en train de prendre son envol. Tous les jours, nous enregistrons de nouvelles adhésions. Il n’y a pas une assemblée ou on n’a pas au moins 15 personnes qui viennent adhérer, quand c’est n’est pas 20, 30 même 40 enregistrés en une seule journée comme adhésion. Ça, je parle de ceux qui prennent la peine de se déplacer, de venir à l’assemblée  générale et prendre leur carte de membre.

Je ne parle pas de ceux qui rallient dans l’esprit et dans leur cœur le parti à travers les quartiers, à travers les communes, à travers le pays et qui décident donc à partir d’un certain moment d’être de l’UFC. Donc j’espère que notre parti va continuer son petit bonhomme de chemin et c’est pour tout ça que j’ai besoin d’être disponible pour vraiment me donner à fond dans cette quête de reconnaissance et dans cette pêche de militants, de manière à ce que notre parti rejoigne  les plus grands partis.

Je vous rappelle tout simplement que le grand parti comme l’UFDG, il y a 7 ans, c’est un parti qui n’avait pas le niveau de l’UFC au terme d’implantation. Donc ça  veut dire qu’avec un peu d’efforts, tout est possible. Cellou Dalein Diallo est arrivé à l’UFDG en 2007 en 2010, vous voyez déjà en 3 ans, l’UFDG  était  pratiquement le premier parti.

Vous avez vu le score que Cellou Dalein  a engrangé au premier tour des élections présidentielles. Il a fait 44% sur trois ans d’existence. Quand il est arrivé à l’UFDG, je sais de quoi je parle,  l’UFDG n’était même pas installé à Ratoma, même pas dans le quartier de Taouyah. Donc tout est possible. Nous sommes un jeune parti, nous prenons notre envol, tout est possible d’ici 2020. Nous espérons en tout cas que  les portes de Sékhoutouréa   vont nous être grandement ouvertes pour changer enfin ce pays.

Est-ce que vous voulez dire par là que c’est Cellou qui a fait de l’UFDG ce qu’il est aujourd’hui ?

C’est évident. Vous savez que je suis en politique. Auparavant j’étais un patron de presse. J’ai créé « L’Indépendant » en 1992, peut être certains parmi vous n’étaient pas encore nés, je ne sais rien. Cela fait 25 ans que « L’Indépendant » existe. Donc je suis  un analyste politique. J’étais sur la scène politique, sans être un politicien moi-même. Donc je suis l’évolution de la Guinée.

Depuis que je suis sorti de l’université, jusqu’à maintenant, donc je sais  de quoi je parle. Je sais qui était qui, qui a fait quoi ? Contrairement à vous, parce qu’il n’y a pas eu de continuité dans la transmission de l’histoire politique de la Guinée. Il y a eu rupture, vous êtes là, vous ne savez pas qui était qui ? Qui a fait quoi ? ‘’L’Indépendant’’ à un moment donné était pratiquement l’opposition en Guinée.

Quand Lansana Conté a réussi à enfermer Alpha Condé et après l’avoir libéré quelques 2 ans après, après avoir réussi à le faire exiler. Lorsque tous les autres leaders étaient là, ils étaient refroidis complètement, les Siradiou, les Bah Mamadou qui avait fait aussi deux mois et quelque  la prison, l’opposition c’est « L’Indépendant » qui l’assumait.

Ce n’est pas par hasard que moi j’ai été arrêté en tant que propriétaire de « L’Indépendant ». J’ai fait seulement trois jours à la CMIS  parce qu’il y a eu beaucoup de tintamarres, la RFI, la BBC, Amnistie Internationale ont tellement harcelé le gouvernement que finalement le Général Lansana Conté a dit ‘’ Hé ! wabayin, wabayin’’ (libérez-le), que j’ai été finalement libéré.

C’est pour vous dire l’histoire politique de la Guinée, il y a une rupture. Ceux qui connaissent l’histoire ne font plus le reportage. Ce sont Dian Baldé,  Talibé Barry, je crois que ce sont vos ainés. Ils sont maintenant, je leur dis ça toujours, ils se font passer tous  pour de grands patrons de presse. Ils sont assis dans les studios ou dans les sièges des journaux, ils n’ont pas transmis l’information. Il y a une rupture dans l’histoire politique de la Guinée.

Ce qui fait qu’il y a beaucoup d’imposture aujourd’hui dans ce pays. Il y a beaucoup de personnes qui se font passer pour ce qu’ils ne  sont pas. Des mauvaises personnes. Ceux qui sont à la base de la situation catastrophique dans  laquelle vit ce pays, se donnent une nouvelle virginité, apparaissent aujourd’hui comme du sang neuf, comme des gens compétents, comme des gens sérieux, alors que la détresse dans laquelle on vit aujourd’hui, on ne dit pas cela.  Ça, c’était juste une petite parenthèse.

On a écouté un nouvel adhérent demander d’insérer dans votre  programme de société, la souffrance que vivent les aveugles et les mal voyants. Mais on ne vous a pas entendu en parler dans votre allocution?

Oui, nous sommes en train de mettre à jour, notre projet de société. Il y a des personnes qui  sont déclarées,  comme M. Bangaly Keita dans le cadre d’une commission de travail et dans cette mise à jour comme ils étaient là, je pense qu’ils en tiendront compte. Je n’ai pas besoin pour cette question qui est vraiment un point de détail au niveau d’un progrès de société parce qu’il fallait réagir. Mais, je sais qu’on l’a bien entendu, que dans la mise à jour de notre programme, on pourra tenir compte de cette doléance-là. C’est un programme qu’on mettra à votre disposition  aussitôt qu’on l’aura achevé parce qu’on va l’imprimer sous forme de brochures.

En tout cas, ce sera un programme de société différent des programmes de société que vous avez l’habitude de voir, parce que d’habitude les partis politiques, ils prennent secteur par secteur chacun  dit je vais faire ceci, je vais construire des écoles, faire des routes, c’est plus de déclarations d’intention qu’un programme étayé par une stratégie, par une allocation budgétaire conséquente.

Nous, nous allons essayer de faire quelque chose de plus inédit,  de plus réaliste qui va permettre certainement à ceux qui vont lire le programme de société de se prononcer sur sa faisabilité et son utilité éventuelle à l’intérêt du pays.

Etes-vous favorable à la tenue du procès du massacre du 28 septembre en Guinée ?

J’avais donné un avis pour ça. C’était avant l’extradition de Toumba. J’avais dit que je pense que vue  l’absence de volonté politique de la part de ce gouvernement  d’organiser ce procès, vu l’implication de certaines personnes qui sont encore en fonction  dans la haute administration au niveau de l’Etat guinéen, j’avais dit que la meilleure façon d’avoir un procès équitable et juste, c’est de transférer ce dossier à la CPI. Ça, c’est une décision qui devait être prise par le gouvernement comme le gouvernement ivoirien l’a fait.

Le gouvernement ivoirien n’a pas attendu que la justice ivoirienne soit en carence au niveau du dossier Laurent  Gbagbo avant de décider son transfèrement à la CPI. Compte tenu de la complexité de ce dossier, apparemment qui est simple mais qu’on a rendu complexe, compte tenu de l’implication dans ce dossier des personnalités qui sont encore en fonction due à certaines complicités à un certain niveau, ce procès risque de ne pas être équitable.

En tout cas, si les propos tenus par Toumba  et ceux qui sont prononcés par le Général Sékouba Konaté sont  fondés, ça veut dire qu’il y a beaucoup de surprise qui attendent les Guinéens, s’il y a un procès juste,  équitable et transparent qui s’ouvre autour de cette affaire.

J’avais proposé que c’était plus simple d’aller à la CPI parce que l’absence de la volonté politique pour nous était manifeste. Depuis 7 ans, rien n’était fait au niveau de ce dossier. Mais apparemment, le gouvernement étant mis  au pied du mur a décidé donc de diligenter quelques procédures, c’est ce qui explique le mandat d’arrêt émis  depuis 2010 contre Toumba Diakité. Ce n’est pas ce gouvernement qui a émis ce mandat d’arrêt.

Mais on a mis en œuvre la procédure d’affaire  judiciaire entre la Guinée et le Sénégal pour faire en sorte que ce mandat d’arrêt soit exécuté. Le gouvernement aurait pu faire ça beaucoup plus tôt, certainement Toumba Diakité aurait été là depuis des années.

Bref, compte tenu du fait que le programme semble avancer, faire un procès et compte tenu que les engagements pris par le ministre de la Justice de façon publique et solennelle que ce procès se tiendra effectivement en 2017, avant  la fin de l’année, je pense qu’on peut essayer de tenir ce procès ici en espérant que la communauté internationale sera présente au chevet de la Guinée, tant sur le plan technique ou plan financier pour donner à ce procès toutes les chances de pouvoir se dérouler dans les conditions optimales.

le démocrate

Entretien réalisé par Alpha Amadou et Jean Tiby Sangaré                

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