Censure

Des pulsions absolument négatives qui empêchent de ‘‘dépasser les lenteurs de l’histoire ‘’ ! (Par Laurent Kourouma)

Des mois déjà, que les temps sont encore chargés de menaces et de soupçons en Guinée. Difficile dans cette ambiance, d’achever une maturation que notre passé rend problématique.

Divergences accrues et contentieux accélérés à propos d’un troisième mandat du Président de la République, laissent entrevoir des signes d’une conjoncture sous tension. Et les témoignages qui nous parviennent, annoncent déjà des retours de passé extrêmement vifs et totalement déplacés. En vérité, à force de clamer sa certitude de posséder la vérité absolue et d’obtenir à peu près n’importe quoi par, le viol des principes et des engagements, à force de démarrer au quart de tour dans des directions imprévisibles et de justifier ses faiblesses par un jeu de bascule assez pervers, la Guinée et ses institutions  finissent par lasser.

Je n’ai certes, ni  qualité institutionnelle, ni  poids économique, pour dire à Monsieur le Président de la République, que la vielle garde politique avec laquelle il a pris le chemin,  est  longtemps restée enfermée dans des contradictions. Ses  actes et ses pensées sont un tourniquet permanent. En vivant sur tirages de notre crédit historique de 1958, elle a cessé de s’interroger sur les sujets essentiels, grâce à un dédoublement de la personnalité et des mots de passe moralement discutables. Elle véhicule ainsi, une maladie si bizarre, que  tout ce qui existe en dehors d’elle, lui fait de l’ombre. Par un pouvoir dont elle a le secret, elle est capable de masquer des erreurs de direction à travers des effets d’annonce absolument fantastiques.  Je voudrais dire à Monsieur le Président de la République, que la morale de la nouvelle génération est affranchie de ce verrou mental qui a figé notre pays dans le temps et qui a souvent donné l’impression aux autres, qu’ici, ne vivent que ces êtres que la nature invente de temps en temps presque par erreur.

Je voudrais l’inviter et le supplier à inscrire dès maintenant, ses actions publiques, dans le respect des exigences démocratiques et dans celui de la parole donnée, au nom du renouvellement du personnel politique auquel il a longtemps souscrit. Il se souviendra pour cela, de ses quarante années de combat pour la justice et l’unité de notre continent. Il se souviendra pour cela de nos cours de sociologie politique avec ses amis COTE et MOUNIER.

Il se souviendra de ce qu’il nous a dit un jour à Paris : compter sur le regard critique de l’autre dont on est sûr qu’il comprend vos objectifs et ne vous passe rien, constitue une grâce absolument unique, à n’échanger contre rien. Le monde nous regarde et j’aimerais pour l’homme que je respecte énormément, une sortie de l’espace public, à la dimension de qu’a été son combat politique.

Je voudrais enfin lui dire, que les pulsions absolument négatives de notre peuple, ont encore du mal à « dépasser les lenteurs de l’histoire » pour reprendre l’excellente formule de François MITTERAND. Je voudrais enfin lui confirmer qu’ici, plus on est lucide, plus on est seul. Pour retrouver ce sentiment d’individualisation si réconfortant, il faut hélas! Obturer sa conscience, renoncer parfois à ses frontières. Mais pour lui, je refuse qu’il accepte de sombrer dans une fusion régressive.

Laurent KOUROUMA   TEL 623 45 39 57  Courriel : lkourouma7@yahoo.com – Conakry

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