Censure

Jusqu’à preuve du contraire …Bambéto, rue Macchabée (Chronique de Top Sylla)

Ces derniers jours ils ont eu chaud les habitants de Conakry (au fait qu’attend-t-on pour leur trouver enfin un nom officiel dans notre langue officielle ?). Comme le disait Coluche, « plus ils (policiers) sont nombreux dans la rue moins on se sent en sécurité ». Beaucoup de gens n’ont pas ainsi voulu – ou pu – sortir le bout du nez lundi dernier. Résultat? Des routes libres de tout embouteillage. Un vrai délice quand on est derrière un volant et qu’on peut appuyer sur le champignon sans retenue. A condition de savoir repérer, quand le mercure social grimpe, certains panneaux de signalisation que personne n’a songé matérialiser. Notamment ces sens interdit vers la « rue Macchabée » de Bambetto, le « Boulevard des allongés » de Cosa ou encore l’avenue si bien nommée de Hamdallaye Pharmacie : « entre la vie et la morgue ».

Pour une marche contre l’insécurité, il faut dire que cette dernière n’a pas voulu s’en faire conter : elle fut même au coeur de l’événement. Surtout à cause des tirs qui ont rayé de la liste des vivants au moins un jeune homme, Bah Souleymane, et envoyé beaucoup d’autres à l’hosto. Depuis le début de la semaine, celui qui s’y aventure risque de faire de mauvaises rencontres. Qu’il s’agisse de la flicaille ou de la racaille, le danger est (presque) le même : avec beaucoup de veine on est juste rossé et  détroussé  (argent et autres téléphones). Les moins chanceux voient leur poids augmenté de quelques grammes de plomb dont on semble ignorer (ou refuse de reconnaître) l’origine.

Ces OVNI, ou « objets violents non identifiés », ne sont rien d’autres que les balles des forces de sécurité chargées de réprimer la marche, clame l’opposition. Tandis que de son côté, le gouvernement, pince sans rire, fait allusion à des fusils de chasse (calibre 12) que détiendraient certains manifestants. On ignore si les pandores du général Baldé et les agents de la CMIS prennent le soin de porter des gilets pare-balles avant d’aller à l’assaut de l’axe Hamdallaye – Bambéto – Cosa, mais toujours est-il que ce sont exclusivement des civils que ces OVNI envoient manger l’herbe par la racine au cimetière de Cameroun, pardon au « cimetière des martyrs » de Bambéto.

Les prochaines retrouvailles sont annoncées pour ce lundi. Des deux côtés on bande les muscles et l’affiche risque de ne rien avoir à envier à des films genre « Mad max » ou « New York ne répond plus ». C’est sûr qu’avec la détermination des jeunes manifestants et la propension des gendarmes et policiers à faire de  la banlieue un stand de tir, ce n’est pas l’hémoglobine qui va manquer. Si la situation n’était pas effroyable, on aurait applaudi comme des gamins dans une salle de ciné.

Jusqu’à preuve du contraire …

Top Sylla

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