Censure

‘‘La gestion de Conté était beaucoup plus transparente et claire que celle d’aujourd’hui’’, dixit Ibrahima Cherif Bah

Le vice-président de l’UFDG, Ibrahima chérif Bah, a, dans un entretien, accordé à la radio Lynx Fm, dénoncé la corruption et le détournement de deniers publics qui gangrène notre administration publique.  L’ancien gouverneur de la Banque Centrale de République de Guinée a aussi rappelé des faits tristes et historiques qui se sont passés en 1971 sous le régime de PDG-RDA. Lisez.

Bonjour  M Bah ! Votre réaction par rapport à la manifestation des Jeunes enregistrée récemment  à Beyla. Et l’anniversaire de fusillade du 18 Octobre 1971.

Merci ! Ce qui se passe à Beyla s’est déjà passé à Boké, à Sangarédy, à Kamsar, à Kolabougni et à Kérouané. Il n’y a pas longtemps. Ce sont des choses qui vont encore se passer dans ce pays plusieurs fois dans les mois et années qui vont venir tant que le pays est gouverné de cette manière-là. A Beyla, ils ont expliqué. Ils voulaient simplement rencontrer les autorités et expliquer leurs doléances. On leur barre la route, on arrête des personnes et on leur bloque le passage. Ce n’est pas comme ça qu’on gouverne le pays si on veut la paix. Je dis souvent que le gouvernement là est ingénieux  de crises,  c’est-à-dire que les choses qu’il peut traiter facilement, rapidement, il les complique, ça devient une crise, tant au gouvernement central que dans les préfectures, c’est ce que nous voyons là.

Donc les jeunes doivent pouvoir espérer  parce que ce qu’ils disent, ce qu’ils demandent est légitime. C’est le cas partout dans ce pays. Dans toutes les villes de ce pays, c’est l’abandon,  c’est le chômage des jeunes, ce sont des infrastructures dégradées. C’est vraiment la déchéance, c’est la chute. J’ai aimé un passage qu’ils ont indiqué dans leurs revendications, ceux de Beyla, la race M’Dama. Ils disent qu’ils veulent que les zébus  qu’on a introduit récemment soient dégagés et que la race M’Dama soit instaurée, qu’elle ne disparaisse pas.

La race M’Dama, c’est la race la plus résistante qu’on a dans cette région en terme  d’élevage, résiste aux maladies, aux intempéries. On doit pouvoir la développer davantage d’ailleurs au lieu de la faire disparaitre. Donc là, nous soutenons ce genre de manifestation et de revendication. La race M’Dama est un patrimoine national de  la Guinée.

Les fusillades?

Les fusillades, nous étions là,  jeunes, à l’Université en train de terminer les études. Bien entendu, on n’a pas su à l’époque mais ce qu’on sentait dans la ville présager quelque chose de grave. J’ai aimé la déclaration de M. Tounkara qui résume bien le cas de la Guinée. C’est-à-dire qu’on doit traiter le cas de la Guinée de manière très, très profonde. On ne peut pas aujourd’hui juste  mettre en avant le ‘’NON’’ du Septembre 58 pour prendre les gens comme des ‘’HEROS’’. C’est une équipe qui a fait cela pour nous, nous Guinéens. On doit pouvoir écrire l’histoire réelle de la Guinée sur tous ses aspects.

Ce que M. Tounkara a  dit, invite les historiens de ce pays à se pencher sur le cas de la Guinée, et à écrire son histoire réelle. On ne peut pas occulter ces crimes odieux qui ont eu lieu dans notre pays. Il a indiqué un fait dont je me rappelle à l’époque. C’était essentiellement des cadres ce jour-là qui ont été liquidés, des gens que nous connaissions, qui nous enseignaient à l’Université. Tout d’un coup, un jour,  on a perdu tous nos professeurs, voyez-vous ? Donc je suis d’accord avec la déclaration de M. Tounkara. J’invite les historiens patriotes à enseigner à nos enfants, à nos petits-enfants ce qu’on a été, ce que nous sommes, d’où nous venons, où nous allons.

Bien entendu, si quelqu’un dit qu’il prend la Guinée là où Sékou Touré la laissée, ça veut dire qu’il n’est pas prêt à traiter les problèmes guinéens. C’est pour cela que nous avons vu dans ce régime actuellement,  le régime RPG arc- en – ciel, les déviations graves en matière de droits de l’homme. Je cite Galakpaye, Saoro, Womey, Zogota et ailleurs. Tout récemment à Boké, il y a eu 5 morts et je reviens à Conakry pour parler de plus de 80 militants de l’opposition républicaine tués par balle.

Nous sommes dans un pays où un docteur, professeur en droit, Chef de l’Etat, président d’un pays dans lequel les gens meurent en manifestant pacifiquement les mains nues. On doit corriger cela. D’ailleurs, c’est l’un des points majeurs de revendications de l’UFDG et de l’opposition républicaine. Nous avons dit qu’il faut que cette impunité cesse. Il faut qu’on installe rapidement la commission d’enquête promise par le ministère de la Justice, qu’on fasse ces enquêtes, qu’on traite les présumés coupables, qu’on les juge et qu’on les condamne. Sans cela, je dis, à nous tous actuellement en Guinée et la génération future, tant qu’on n’aura pas payé le crime de sang, il va encore se répéter en Guinée. Nous nous ne voulons pas cela pour nos enfants et nos petits-enfants.

Récemment en tournée en Guinée Forestière, le président Alpha Condé a accusé  les anciens collaborateurs de feu Général Lansana Conté d’être à l’origine du retard de la Guinée. Il a dit la même chose lors de la journée des enseignants. Beaucoup soutiennent que vous seriez visé dans cette sortie du président ?

Je ne sais pas pourquoi le président s’attaque à un citoyen ordinaire. Je pense que très souvent, il est induit en erreur pour m’attaquer de manière un peu détournée. Ce n’est pas nécessaire. Je pense qu’il a été induit en erreur par ses conseillers ou par ses ministres. Moi personnellement, ancien gouverneur de la BCRG, il y a au moins quatre rapports d’audits sur ma gestion.

Il y a eu un rapport avant Dadis. Il y a eu deux rapports de l’inspecteur d’Etat Mansour Thiam ; tous ces rapports existent. Et moi, je suis blanc comme neige. On ne peut pas me traiter pour dire que  j’ai détourné un franc guinéen de l’Etat pour m’enrichir. Au lieu que les gens l’induisent en erreur, qu’il fasse la synthèse objective de ces quatre rapports là au moins. Et qu’on lui donne ça, il aura la vérité.

Maintenant la question large que vous indiquez. Les anciens gestionnaires du régime Conté. Je dois dire aujourd’hui que nous anciens gestionnaires du régime de Conté, nous défendons le bilan. On ne peut pas dissocier les premiers ministres de Conté et des grands commis de Conté comme moi par exemple. Le bilan de Sydia Touré sous Conté, le bilan de Louceny Fall Sous Conté, le bilan de Maître Sidimé, le bilan de Lansana Kouyaté surtout le bilan le plus important de Cellou Dalein Diallo sous Conté, nous les partageons.

Moi aussi, j’ai fait beaucoup de temps dans la sphère de l’Etat à un haut niveau en tant que directeur du budget pendant quatre ans, et à la BCRG pendant dix ans, vice-gouverneur, deux ans, gouverneur pendant huit ans. Je partage ce bilan et je le défends. Je le défends parce qu’il est positif. Quand ce régime RPG arc-en-ciel venait, le secteur minier guinéen était en bon ordre. Il y avait un code minier de 1995 sur la base duquel des compagnies minières aussi importantes que CBG fonctionnaient en paix. Et on avait des grosses compagnies qui venaient. Rio tinto, GAC, Vale et autres, le projet Simandou, le projet Djandjan ainsi de suite.

Le régime de Conté  a fait que la santé primaire de base de la population était préservée. J’étais jeune à l’époque-là mais je vous rappelle qu’il y avait un bon programme qu’on appelle PEV, CEV médicament essentielle, c’est-à-dire le programme élargi de vaccination (PEV) et SSP (Soins santé primaire) et CEV et ME (médicament essentiel). Dans les campagnes, les gens étaient traités avec des postes de santé bien aménagés à l’époque. Quand Conté quittait, on avait des infrastructures neuves, des routes.

Vous avez occulté le chemin de fer qui avait été bradé  durant cette période aussi. Aujourd’hui, le chemin de fer n’existe plus.

Ça, c’est un point qu’on peut considérer comme négatif mais que voulez-vous ? Il n’y avait pas de train. Le train minéralier était sur le chemin de Boké, le train passager effectivement ne circulait plus mais je peux quand même vous dire qu’il a joué  un grand rôle pour le secteur privé. On sortait de régime révolutionnaire, les privés étaient interdits pratiquement, le secteur privé a été développé sous Conté.

Surtout, Conté nous a évité un choc en 1984. Le changement de régime, il a évité ce pays la guerre civile en calmant les gens. Nous connaissons toutes les exactions qui ont été commises. Il disait restez calmes! Restez calme ! L’histoire jugera, ça sera traité par l’histoire. Il a réconcilié les Guinéens, il nous a réconciliés. Des gens condamnés à mort ont été graciés. Il a demandé à tous les Guinées de l’extérieur de rentrer chez eux. Car son régime est libéral.

 Les gens de la mouvance donnent raison à Alpha Condé parce que les dix dernières années qui ont précédé le décès du feu Général Lansana conté aurait été selon eux des années de dilapidation des biens puisque le président était malade, il ne contrôlait rien. Ceux qui étaient proches de lui selon eux, ont bradé les biens de la Guinée ?

Oui ! J’ai entendu la fois dernière dans une radio, l’ancien ministre de la justice que je respecte bien, excellence Salifou Sylla qui parlait de leur dernière année où des gens effectivement ont commis des fautes face à un président qui était diminué physiquement. Donc cela a terni un peu la fin du régime de Lansana Conté. Mais globalement parlant, je vais dire ceci  que nous anciens dirigeants ou anciens grands commis de l’Etat ou ancien ministre partageons son bilan, nous sommes vraiment fatigués, écœurés d’être insultés, menacés et on nous renvoie la responsabilité du retard la Guinée. Non ! La gestion de Conté était beaucoup plus transparente et claire que celle d’aujourd’hui. Je suis un ancien comptable, j’ai beaucoup de chiffres ici que je vais vous donnez tout à l’heure. L’un des points clés, c’est les marchés publics, c’est à travers là qu’on déchiquette le grand contrat de travaux de l’Etat. C’est un désordre total.

Il y a eu des travaux, le gouvernement a des rapports sur 146 marchés. Vous prenez 68 marchés  audités d’une valeur de 12 000 milliards de francs guinéens et sur ce montant également vous prenez 16 marchés sur 68 d’une valeur de 3 000 milliards de francs guinéens. Le constat est que 13% seulement des marchés sont conformes à la loi sur les marchés publics qu’on appelle code des marchés publics ; 63% sont non conformes, il y a 24% qui ne sont même pas auditables. C’est-à-dire, il n’a même pas de document de base correcte, sincère pour dire qu’ils sont préjugés. Donc grosso modo, 93% des marchés sont hors normes. Et dans ce lot également 92% des marchés sont dé gré à gré.

Vous vous rappelez que notre président, Cellou Dalein Diallo a dénoncé ça maint fois. Les marchés de gré à gré, sont sources de corruption, de surfacturation, de mauvais travaux, de contrôles non faits et toutes les dépenses que nous connaissons. Quand les gens manifestent à Kérouané, manifestent à Beyla pour demander de route, ça vient de là. Les gens sont payés. Les travaux ne sont pas faits. Et ici, il y a une grave iniquité   dans l’affaire. 80% de ces démarches sont octroyés gré à gré à un petit lot d’entreprises, c’est-à-dire un clan. C’est un clan qu’on enrichit, c’est l’affairisme au plus haut niveau de l’Etat que nous avons dans notre pays.

Alors, nous disons que nous sommes très, très fiers du bilan de Conté comparé à la gabegie actuelle, au pillage actuel des ressources de l’Etat. Nous anciens dirigeants surtout qui sont opposants aujourd’hui, ont été entièrement audités. Nous demandons l’équité alors, au moins l’équité, qu’on audite au moins certains dossiers que tout le monde connait aujourd’hui dans ce pays. Qu’on prenne de 2011 à maintenant, je suis sûr qu’il y a ce service d’audits à la présidence. Il y a le secrétariat général d’Etat et surtout le secrétaire général des finances qui est habilité à faire ce genre de travail. Nous voulons qu’ils se mettent à l’œuvre pour travailler sur plusieurs dossiers dont : je vais indiquer certains, 700 millions de dollars de Rio-tinto, vous vous rappelez bien l’accord transactionnel de Rio-tinto signé à l’époque.

Il disait à l’époque que : Rio-tinto voulait avoir la paix, travailler sur le projet Nimba dans lequel, il allait financer 20 milliards de dollars, 800 Km de chemin de fer et 40 mille emplois directs. Il voulait avoir la paix pour faire ce travail. Qui sait comment ce régime s’est arrangé à perdre cette opportunité. Je vous rappelle à l’époque, Dr  Ousmane Kaba, économiste, a fait une sortie pour dire vraiment que cet accord transactionnel est bon, il ouvre la voie. Aujourd’hui, tout ceci est dans l’eau, ils sont partis. Rio-tinto est parti.

Je crois que l’une des divergences avec Dr Kaba, c’est un des points. Vous avez 360 millions de dollars à la société minière de Boké. Là, les gens ne connaissent pas, nous les miniers nous connaissons. Je suis un pionnier des mines parce j’ai fait les au moins de 4 à 5 ans. J’ai connu 5 ministres de mines avec lesquels j’ai travaillé. Qu’est-ce qui se passe au côté de SMB. C’est une taxation qui n’est pas acceptable pour nous Guinéens. Pendant que la CBG paye 10 dollars par tonne de taxe minière, SMB paye 2 dollars 50, (2,50 us). Un simple calcul de collégien. De 2016 à 2017, à la fin de cette année-là, ça fera au moins 300 millions de dollars de manque à gagner pour l’Etat guinéen, pour nous guinéens. Donc, c’est un calcul des collégiens. Pourquoi la CBG paye plus, eux ils pays ce montant-là dans la même zone ? Le même minerai, la même proximité! D’autant plus que la CBG d’ailleurs a investi dans un grand pont, dans des cités, dans des hôpitaux, dans des chemins de fer.

Kassory expliquait l’autrefois ici que ce n’est pas une vision capitaliste qui a été mise en œuvre dans ce cadre. Il a donné d’autres aspects de vision.

Quand j’entends le ministre d’Etat parlant de cela, je ne suis pas d’accord. On ne peut refuser à la Guinée de s’industrialiser pourquoi ? Notre bauxite est un moyen pour nous d’aller de l’avant et non de reculer. Ce gouvernement a montré des schémas artisanaux fondés sur le transport de la bauxite dans le monde moderne d’aujourd’hui par camions. Détruire l’environnement, tuer les gens sur la route, c’est inacceptable. On ne peut pas se contenter d’emplois de chauffeurs, des mécaniciens et des vulgarisateurs.

C’est pour ça, notre président Cellou Dalein Diallo a dit : on peut bien faire dans la zone de Boké pas moins de cinq usines d’alumine, crée 100 mille emplois. Les jeunes de Boké, de Boffa, de Conakry peuvent partir là-bas travailler. Donc le montage fait, nous ne l’acceptons pas, il n’est pas cohérent, il ne développe pas, il nous ramène en arrière.

Donc, SMB doit payer 300 mille dollars à la Guinée. Il y a eu une société qu’on appelle ASTELBRAS, qui a livré des groupes électrogènes, pour soit disant ou faire semblant, on donne près de 122 millions de dollars. Mais c’est du pillage, c’est du vol. Vous payez quelqu’un qui n’a pas fourni les groups ou qui semble fournir les groups, juste pour qu’il ait un objet pour payer de l’argent. Ça, c’est l’argent cash à récupérer. Les deux montants là ; les 300 millions de dollars de SMB et les 122 millions de dollars d’ASTELBRAS. Le ministre des Finances et celui du Budget peuvent tendre la main pour dire donnez-moi cet argent-là, c’est l’argent cash. Et comme actuellement, nous sommes en séance budgétaire à l’assemblée nationale, on les met dans le budget maintenant. C’est l’argent dû à l’Etat guinéen.

Il y a aussi EBOMAF pour la route Kankan-Kérouané. C’est un montant de 192 million de dollars où est le travail fait ? Sans compter qu’il y a là une surfacturation énorme, un (1) million cinq cent mille Euros le km². De l’autre côté, la route de Madina Gounass-Diba-Labé, la route est facturée à 500 mille dollars. Donc, c’est des surfacturations, du népotisme et du travail non faits. Ça, c’est à auditer.

Il y a le montant dont on a entendu parler ‘’PALADINO’’. Paladino  est un dossier révélé par la presse britannique à l’époque d’une hauteur de 25 millions de dollars. Est-ce qu’on a payé ça ? C’est remboursé ? C’est parti où ? Si ça été payé. Quel service, le peuple de Guinée a reçu pour ce montant. Encore, on avait créé une commission de revue des conventions minières à la présidence. Un budget de 10 millions de dollars qui a été alloué à ce service. Brusquement un jour, on met fin à ce comité, on dit bon ! C’est terminé. Que sont devenus ces 10 millions de dollars de budget? Qu’est-ce qu’on en a fait ? On veut savoir !

Alors, il y a un autre montant qui suit, 78 millions de dollars qui est dû aux collectivités, c’est-à-dire : c’est un montant versé par les sociétés minières que l’Etat central a encaissé. Ce montant est apparu récemment il y a un ou deux mois lors des journées ‘’ porte ouverte’’ sur les mines, table ronde sur les mines, tenue à Sheraton. Le document existe s’il y a quelqu’un qui conteste qu’il vienne me voir. Je lui montre le tableau. C’est ce qu’on appelle le vrai détournement au sens initial du terme. C’est-à-dire un montant destiné aux collectivités, l’Etat le prend, le met dans son budget et on ne sait pas qu’est-ce qu’il est devenu. Ce montant aurait pu revenir à Boké pour soulager les gens ou à Siguiri ou à Kérouané les zones minières. A Beyla aussi les taxes liées aux collectivités 78 millions de dollars qu’ils peuvent réclamer à l’Etat aujourd’hui.

Vous savez les gens oublient vite. Il y a la société ‘’Forécariah Mining’’. Elle a fonctionné ici, elle a transporté par camions dans les bases, comme on le fait à Boké actuellement 1 million trois cent mille tonnes (1300 000 t) de fer. A l’époque, le fer était bon. Aujourd’hui, ils ont fermé apparemment mais je prends juste le fer à 100 dollars, à l’époque puisqu’il y a un peu longtemps. Maintenant, l’un des plus bas d’ailleurs, j’obtiens 130 millions de dollars. L’Etat a-t-il encaissé ce montant ? Nous demandons que ceci soit audité et que l’Etat rentre dans ce fonds. Alors un simple petit total, j’obtiens, un milliard cinq cent cinquante-sept millions de dollars que le gouvernement guinéen doit nous expliquer, nous Guinéens.

Aujourd’hui, quand je parle, je parle en tant que citoyen qui observe son pays, en tant que ancien gouverneur  mais aussi en tant qu’opposant. Donc chacun prendra ce qui lui convient. Mais, un simple citoyen peut se demander où sont partis les un milliard cinq cent cinquante-sept millions de dollars. Parlant de la rénovation du palais du peuple c’était 390 milliards de francs guinéens payés immédiatement sans début des travaux. Dès que le contrat a été signé, le montant a été payé et dans le budget 2017, le gouvernement met encore 34 milliards de francs guinéens pour ce palais soit un total de 416 milliards de francs guinéens pour le seul palais qui n’est pas encore entièrement rénové.

Il y a un dossier qui a été sorti par la presse, un des médias de la place, a sorti un dossier concernant l’officie guinéen des chargeurs. Plusieurs semaines, j’ai suivi ce dossier. Ils sont arrivés à un total de  25 milliards de francs guinéens disparus. A ces jours, le média n’a pas été inquiété par le procureur, l’OCG n’a pas été inquiété où est la vérité ?  Nous demandons, le procureur de s’autosaisir  pour édifier les Guinéens sur ça. La route de Dabola-Kouroussa 369 milliards de francs guinéens. C’est resté comme ça sans travailler. Rien n’est fait. Il y a eu plus tard un avenant de 45 milliards.

On peut déplacer de l’argent pour des routes et qu’on ne voit pas de routes. Comment ça ?

Le contrat a été signé à hauteur de 369 milliards de francs guinéens, les travaux non effectués, plus tard, il y a un avenant qui a été fait de 54 milliards, un total  de 414 milliards.

Et jusqu’à présent, il n’y a pas la route ?

Il y a trois mois de cela. Est-ce que les travaux ont commencé? Qui sait ? En tout cas, Beyla s’est plaint, Kérouané se plaint, il manifeste d’ailleurs. Donc, c’est un total provisoire en francs guinéens de 855 milliards de francs guinéens. Nous aimerions bien que le service d’audit après avoir audité les fonctionnaires de Conté, jette un coup d’œil sur ces quelques éléments-là qui ne sont pas exhaustifs. Ça, ce n’est qu’une première partie. Je suis sûr que ce n’est même la moitié.

Quelles sont vos sources ?

C’e sont des sources officielles, ce sont des documents qui existent. C’est lui qui est contre, on va à un débat et on discute. Ces sources sont officielles. Donc, nous ne voulons pas qu’on continue de se moquer de nous à jeter l’opprobre sur la gestion de Conté pendant que le pillage continue. J’aimerais indiquer une image d’un député, je ne sais pas si c’est Koulémou à l’époque, il dit : on parle d’un petit  chaud qui contenait de l’eau qui est maintenant vide, ça c’est au temps de Conté. Aujourd’hui, il y a un grand fût contenant de l’eau qui est en train de se vider. Alors, fermer d’abord le fût actuel qui se vide. Je demande aux auditeurs du gouvernement, allez-y fermer le fût qui se vide avant que la Guinée ne tombe.

Par rapport à Fria, on dit que  les anciens Premiers ministres ont bradé l’usine. On n’est pas d’accord. Avant que ce régime n’arrive, le régime de Conté avait négocié déjà l’extension de l’usine à un million deux cent mille tonnes d’alumine. C’est une usine qui fait 600 mille tonnes d’alumines, l’extension à un million deux cents. Le financement était déjà obtenu. C’était pratiquement une nouvelle ville qui allait naitre à Fria avec des emplois directs au moins de 250 et 300 emplois indirects. On nous dit que les premiers ministres ont bradé mais au moins l’outil est là. Au contraire, le régime actuel a encouragé un syndicat  incompétent ou corrompu à fermer l’usine. Pendant un moment où l’alumine était un peu en difficulté sur le marché mondial.

Donc un audit institutionnel et stratégique sur Fria pourrait montrer comment une décision gouvernementale de ce régime a mis en mal une ville de 120 mille habitants, à éliminer 4 000 emplois avec des drames familiaux très graves, des divorces, des décès, des crises que la Guinée n’a jamais connues. Aujourd’hui, si on dit que la fumée commence à sortir de la chaudière, tant mieux. Mais il faut se rappeler que le régime de Conté  n’a  rien avoir avec ce régime d’Alpha qui a fermé l’Usine.

Alors, il y en a qui pense que toutes ces attaques à votre égard sont liées à votre sortie qui dénonçait un peu la discrimination  de certains cadres d’une certaine communauté au sein de l’administration. Il vous demandait même de fournir des listes. Le gouvernement même avait fait une déclaration à propos.

Oui ! J’ai attaqué le parti Etat. Et encore, c’est le parti Etat qui est là. Vous savez moi, j’écoute très bien quand le président Alpha Condé parle. En 2011, il a dit bon ! Ecoutez, le RPG arc-en-ciel a remporté la victoire. Nous allons faire en sorte que l’administration soit garnie des cadres du RPG comme on le fait en Amérique. Quand le parti républicain gagne, il envoie ses fonctionnaires. Alors là, toute suite, j’ai senti un dérapage venir. Nous, on a vécu des expériences au temps du PDG-RDA. Si dans un pays qui n’a pas assez de cadres compétents pratiquent une expulsion sur la base politique en disant : Mon parti a gagné, j’élimine l’autre parti dans l’administration, la conséquence c’est l’exclusion et le parti Etat s’installe.

Ibrahima Kassory Fofana, le ministre en charge de l’investissement et de partenariat public et privé a dit ici qu’il y a une relance économique en Guinée. Il parle d’une croissance de 7%  qui pourrait aller à 10% à l’horizon 2020 ?

Oui ! À l’époque, il disait qu’il y a un taux de croissance de 6,6% que le Fonds Monétaire International aurait approuvé cela. Mais nous économistes et banquiers, nous ne sommes pas d’accord sur ces chiffres. Le rapport du FMI indique que c’est essentiellement au progrès dans le secteur agricole, ça ne tient pas debout. Nous pensons que c’est totalement faux. Pourquoi ? Le ministre de l’agriculture n’a pas eu les moyens de faire des enquêtes agricoles. Il faut d’abord faire un échantillonnage, faire un échantillon, le traité, le chiffré et l’analyser. Il faut définir des bases, il faut envoyer des missions sur le terrain. Il faut montrer qu’on aménage des plaines, qui ont fait que  le rendement des paysans a augmenté. Il faut montrer que l’eau a été maitrisée, tout ceci est inexistant.

Au contraire, moi, je suis un paysan parce que je cultive le riz que je consomme. A l’heure actuelle, mon riz de l’an dernier est fini. Donc, le paysan qui a fait comme moi, n’a pas de riz a mangé aujourd’hui, il a faim. Dans les chiffres de l’importation douanière, le riz importé est passé de 350 mille tonnes à 600 mille tonnes par an. Où est le progrès ? Des villages de la Guinée Forestière qui n’ont jamais connu de riz importé, aujourd’hui, achète du riz importé et consomme. Où est le progrès. Nous pensons qu’il n’y a pas de progrès en matière agricole et que le rapport sur lequel toutes les croissances là sont fondées est faux. Le gouvernement a trompé le FMI en donnant des faux chiffres.

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo (L’Indépendant)                                 

 

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