Censure

Lancinet Sidimé, Secrétaire permanent de KOSSIMANKAN «Notre association est à la recherche de fonds pour son projet socioéducatif»

Kosimankan

L’association KOSSIMANKAN a très marqué les esprits, en réussissant le tour de force de faire venir en Guinée l’international français Michaël Silvestre. Le footballeur a personnellement assisté à l’ouverture du Centre socioéducatif ouvert à Kanakan par cette structure dont le fondateur n’est autre que Son Excellence Amara Camara, l’actuel ambassadeur de la Guinée en France. Dans cet entretien téléphonique, le Secrétaire permanent de KOSSIMANKAN, Lancinet Sidimé fait le bilan des dix ans de l’association. Lise

Présentez-vous à nos lecteurs?

Lancinet Sidimé : Je suis professeur d’Economie au lycée Morifidjan Diabaté de Kankan, et Secrétaire permanent de KOSSIMANKAN, une association de lutte contre la pauvreté en Haute Guinée.

Quels sont les objectifs assignés à votre association?

KOSSIMANKAN a été créée en 2003 par des ressortissants guinéens résidant à France, qui ont voulu s’attaquer à la précarité de la vie, particulièrement en Haute Guinée, où le niveau de pauvreté est très élevé. Ensemble, ils ont jugé utile de mettre en place une association de lutte contre la pauvreté, pour améliorer les conditions de vie de la population de la Haute Guinée. Comme vous l’entendez bien, la signification du sigle KOSSIMANKAN renvoie aux cinq (5) préfectures de la Haute Guinée. KO veut dire Kouroussa, SI veut dire Siguiri, MAN veut dire Mandiana et KAN fait référence à Kankan et Kérouané.

KOSSIMANKAN a quelles réalisations à son actif depuis sa création?

KOSSIMANKAN compte beaucoup de réalisations. La première porte d’abord sur son projet pilote, qui est le centre socioéducatif de Kankan, qui a été financé par le footballeur français, l’international Michaël SILVESTRE. C’est lui qui a pris en charge ledit centre pour une période de trois ans (2006-2008). Pendant laquelle période, KOSSIMANKAN avait recueilli des enfants de Kankan qui vivent dans la rue, pour les alphabétiser et les conduire vers des corps de métier. Ce projet a démarré avec 25 enfants âgés de 12 à 13 ans. Cette activité visait à donner à ces enfants une seconde chance dans la vie active. Donc, les 25 enfants de la rue ont été alphabétisés et formés, c’est-à-dire conduits vers des corps de métier. Il y en a qui ont choisi la menuiserie, la plomberie et la soudure, et d’autres ont poursuivi leur cycle scolaire. En effet, après ces trois premières années, sur les 25 enfants, il y en a vingt qui ont pu être dans la vie active. Parmi eux, certains sont devenus aujourd’hui des maîtres menuisiers et des maîtres chaudronniers. Les cinq autres enfants ont continué le circuit normal de l’école. Ça, c’est la première réalisation. Par la suite, le centre socioéducatif a eu un autre financement qui a permis de prendre en charge la deuxième promotion pour une période de trois ans (2009-2011). Pour cette deuxième promotion, le recrutement a été élargi. KOSSIMANKAN est allé recueillir au moins cinq enfants dans chacune des préfectures de la Haute Guinée. Ces produits du centre socioéducatif sont aujourd’hui dans la vie active.

L’autre projet phare développé par notre association évolue dans le domaine de la santé. Il s’agit de ‘’La case de santé’’ qui est implantée dans 72 villages de Kankan. Comprenez par-là que ce projet est présent dans toutes les sous-préfectures de Kankan. ‘’La case de santé’’ a été rendue possible grâce à un financement de la province de Trento, une province italienne. Ce projet a commencé en 2009 et a pris fin en 2012. ‘’La case de santé’’ a le double-objectif de sensibiliser et former les accoucheuses villageoises et les agents de santé. A travers ce projet, KOSSIMANKAN est également venu en aide à toutes les structures sanitaires des sous préfectures de Kankan, en leur apportant des médicaments de première nécessité. L’autre segment de ce projet a consisté à sensibiliser la population sur l’importance du lavage de mains.

Dans le cadre de concourir à la propreté de sa zone d’activité, KOSSIMANKAN a offert des brouettes et des matériels d’assainissement à 72 villages. L’association a offert aussi à toute la préfecture de Kankan des carnets de santé, pour pouvoir encourager les femmes malades ou enceinte à aller vers les centres de santé. Au compte de ce projet, l’équipe de KOSSIMANKAN se déplaçait régulièrement vers les villages, pour y mener des séances de consultation gratuite et offrir des médicaments gratuitement aux patients. Donc, ce sont les deux projets réalisés par KOSSIMANKAN. Des projets qui sont encore actifs, et dont l’impact est visible à Kankan.

Vous avez parlé des différents projets financés jusqu’à date. Est-ce qu’il y a des investissements qui sont attendus pour pérenniser ces actions socioéducative et sanitaire?

En termes de perspectives, KOSSIMANKAN est à pied d’œuvre. Nous continuons à nous battre pour avoir d’autres projets, mais en attendant, nous tentons de pérenniser les activités réalisées. C’est pourquoi, en matière d’éducation, malgré le manque de financement, nous essayons de recruter certains enfants à notre niveau pour les former avec le peu de moyens dont dispose l’association. S’agissant de la santé, il faut signaler que le projet de ‘’La case de santé’’ financé par la province de Trento, a permis à KOSSIMANKAN de tisser un partenariat avec le projet dénommé ‘’Les enfants de l’Aïr’’, du nom d’une montagne du Niger. Ce projet de lutte contre la mortalité infantile est porté par une association française qui évolue dans le domaine de la santé. Grâce à ce partenariat, nous avons eu un financement pour une durée de 3 ans. Doté de la même approche que ‘’La case de santé’’, ce projet est de nos jours très actif sur le terrain. Donc, nous sommes en train de travailler avec Les enfants de l’Aïr dans le domaine de la santé.

Par contre, dans le domaine de l’éducation, KOSSIMANKAN est en train de chercher des bailleurs de fonds pour pouvoir encore redynamiser le projet et élargir le champ d’action en matière d’éducation.

L’on se rappelle qu’à l’ouverture du centre socioéducatif de Kankan, l’international Michaël Silvestre a effectué une visite en Guinée, en compagnie de l’actuel Ambassadeur de la Guinée en France. Quelle est la part d’implication de Son Excellence Amara Camara dans cette association?

Je vous remercie. Je n’ai pas voulu anticiper, mais comme vous m’avez posé la question, je suis à mesure de vous répondre. Je n’ai pas voulu dire le nom du fondateur de KOSSIMANKAN, qui n’est personne d’autre que Son Excellence Amara Camara, l’actuel Ambassadeur de la Guinée en France. C’est son amour pour son pays, plus particulièrement pour Kankan, sa préfecture d’origine, qui l’a amené à initier la mise en place de cette association. Il participe directement comme indirectement. D’ailleurs, la plupart des projets obtenus par l’association, c’est lui qui est allé à leur recherche auprès de l’UNESCO, et des relations qu’il a dans les autres pays, particulièrement l’Italie, la France et l’Allemagne. De près ou de loin, il s’implique dans toutes les activités, et il est informé régulièrement des activités sur le terrain. Actuellement, faute de financement, nous n’avons pas assez de projets, mais tout le financement de l’alphabétisation des enfants que nous avons actuellement, est assuré par Son Excellence Amara Camara.

Il faut rappeler que M. Camara a passé plus de 30 ans à l’UNESCO, et que c’est en 2011 qu’il a été nommé Ambassadeur de la Guinée en France?

C’est effectif ! Et j’insiste sur la bonne volonté, le patriotisme et le dynamisme de M. Camara. J’invite tous les fils guinéens résidant à l’intérieur et à l’extérieur du pays à s’inspirer de cet exemple. Qu’ils viennent faire profiter leurs relations aux populations guinéennes pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Si d’autres personnes suivent la même voix que M. Camara, sans compter sur le gouvernement, je pense que c’est la Guinée qui en tirera profit.

Cela est également conditionné par l’environnement créé par les autorités publiques. Alors, quelles relations l’association KOSSIMANKAN entretient-elle avec les autorités de Kankan?

Nous avons de très bonnes relations avec les autorités de Kankan. Par rapport au centre socioéducatif, nous avons des relations directes avec l’Inspection régionale de l’éducation de Kankan. Mais aussi avec le préfet et le gouverneur. Je vous signale que l’actuel gouverneur de Boké, Lancei Condé, a contribué efficacement à l’implantation et à la facilitation des activités de KOSSIMANKAN sur le terrain. Donc, cela veut dire que KOSSIMANKAN a des relations avec toutes les autorités.

Votre dernier mot?

Je voudrais remercier le gouvernement guinéen et l’administration locale. Mais je remercie plus particulièrement Son Excellence Amara Camara.  

Interview réalisée par

Talibé Barry, In La République

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