Censure

Le « pardon » à la coordination mandingue: Et si Alpha n’avait pas le choix…

Ce n’est pas courant de voir un président de la République se confondre en excuse, après des propos blessants tenus à l’encontre d’une communauté. Et bien Alpha Condé a profité d’une visite au siège de la coordination le samedi dernier pour solliciter le « pardon » de la communauté malinké, qu’il avait fâchée suite à un discours qui continue d’alimenter la polémique depuis le 28 mai dernier. Certains observateurs s’accordent à dire que le président de la République n’avait en réalité pas le choix que de tenter d’apaiser les rancœurs, vu le tollé suscité par sa sortie au sein de la communauté mandingue, qui constitue l’essentiel de son électorat.

Le samedi dernier, Alpha Condé s’est rendu au siège de la coordination mandingue où le chef de l’Etat a sollicité le « pardon » de la communauté mainké. Cette démarche qui avait pour but de laver le linge sale en famille, a été souhaitée et voulue par Alpha en personne. Car, à l’allure où vont les choses, avec une gouvernance qui a l’air de battre de l’aile, faisant de plus en plus de mécontents, le président n’a pas intérêt de liguer contre lui, et son opposition et des personnes issues de son camp. Cela pourrait s’avérer « suicidaire » pour le parti au pouvoir, dans la perspective des élections locales à venir, commente un universitaire.  Sans oublier aussi les prétentions qu’on prête au président de vouloir se pérenniser au pouvoir après 2020, qui va marquer la fin de son second mandat. De telles velléités ne peuvent être nourries que si le camp présidentiel est soudé. Mais tel n’est plus le cas en ce moment, avec la fronde qui sévit au sein du parti, et dont le président n’est toujours pas venu à bout. Sans oublier la mise à l’écart de Dr Ousmane Kaba et de Mamadou Diawara,  deux anciens membres de la mouvance présidentielle, qui paient ainsi pour avoir dénoncé les « attaques » proférées par le chef de l’Etat contre l’ethnie malinké. Ils se sont vu écarter sans autre forme de procès du camp présidentiel. Seul le député de Siguiri, Sékou Savané, signataire de la lettre ouverte adressée au président a échappé à ce courroux de la direction du parti. Le vieil homme aurait été ménagé simplement de peur que la capitale du Bouré ne fasse payer une éventuelle sanction contre Savané, par une hémorragie dans les rangs du RPG. Cette décision de mettre Kaba et Diawara à la touche, vient donner raison aux détracteurs de la majorité présidentielle, qui disent que pour faire de vieux os au RPG, il faut se soumettre au « diktat » du professeur Alpha Condé.

Ce « pardon » a bien l’air d’un pied de nez, fait aux thuriféraires qui tentaient de dédramatiser la situation, après le fameux discours présidentiel. Une pantalonnade qui n’a été que contreproductive. Eux qui ne sont en réalité que de simples adeptes d’éloges panégyriques.

Pour sauver le navire, Alpha a sans doute a compris qu’il est temps  de conjurer le mauvais sort, afin de se protéger du mauvais œil, d’ici la fin de son mandat. D’où ce « pardon » à la communauté mandingue, qui était sur le point de lâcher son champion. Car celui-ci avait bien l’air d’avoir franchi le rubicond.

le démocrate

Mamady Kéita

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