Censure

Les accords du 12 octobre: ‘‘Votre constitution n’est pas notre Constitution’’ (Par Pendessa Amara)

Aujourd’hui, l’heure n’est à pas épiloguer, encore moins à polémiquer. L’essentiel du débat ne sera pas non plus de faire constater ou non l’inconstitutionnalité de la désignation des présidents de Conseils de quartier/district. Mais plutôt, à affirmer notre sens des responsabilités, faire montre de profondeur d’analyse, témoigner de la maturité politique et philosophique à (re)produire un modèle de représentation locale basé sur le principe de l’élection et inspiré de nos réalités pour une bonne administration. Ce n’est qu’en consacrant le principe de l’élection à la base, l’on pourrait espérer donner tout son sens à la démocratie pour une gestion horizontale, c’est à dire de la base au sommet. L’heure est grave! Car, il s’agit clairement de la confiscation de l’élection à la base, donc de la violation des droits des Citoyen-ne-s.

La démocratie de proximité ou simplement la démocratie participative implique nécessairement de le suffrage direct dans le choix des représentants, gage d’une implication effective des Citoyen-ne-s par la libération des initiatives dans l’animation des activités de la vie locale. Le parachutage que pourrait favoriser la désignation dans les quartiers est un facteur d’exacerbation de tension sociale déjà latente. Le choix des électeurs au niveau communautaire par exemple procèdent moins de critères politiques et prennent plutôt en considération ceux basés sur la proximité, le consensus, l’honnêteté, la probité, l’intégrité, bref l’exemplarité. Toute considération de valeurs qui, du reste, sont éloignées de la logique nationale. Il faut y préserver la quiétude, raffermir les sentiments de fraternité et de solidarité. La Guinée profonde est notre repère des valeurs!

Toutes les élections n’ont pas le même enjeu et ne suscitent donc pas non plus le même intérêt et enthousiasme auprès des populations qui semblent beaucoup plus tournées vers ce qui participe de l’amélioration directe de leurs conditions ou leur qualité de vie. Les politiques ne leur inspirant plus confiance, les populations à la base sont plus portées à la ‘’dépolitisation’’ des questions liées au développement et cette tendance devient de plus en plus une réalité dans tout le pays. Constat fait, il serait à l’évidence suicidaire d’empêcher l’expression directe de la démocratie à la base. Ce droit, directement, en appelle au sens du devoir. La démocratie à la base étant, généralement, étrangère à l’élitisme et à l’expression radicale des sensibilité et opinion politiques. Le niveau de paupérisation forge progressivement, mais résolument une conscience nationale dans la dynamique de rejet des partis politiques, ou du moins ceux-là qui se situent aux antipodes de la recherche de la satisfaction de l’intérêt général.

Cette démocratie qui se veut directe obéit à l’expression de choix libre et direct. Or, ni la désignation ni la nomination n’en obéissent. La question de représentativité n’est pas essentielle au fonctionnement des Conseils de quartier, voilà pourquoi il est inopportun de changer de mode de votation en faveur de la proportionnelle indirecte. En plus, le consensus est facilement accessible dans les quartiers/districts où, les Conseillers privilégient généralement l’intérêt local et promeuvent le vivre-ensemble.

Ici, c’est notre capacité d’imagination ou de créativité qui est mise à l’épreuve dans la recommandation faite à l’Assemblée Nationale, représentant le pouvoir législatif, par les différentes parties au dialogue, à savoir la désignation des présidents de Conseils de quartier/district.

La gouvernance locale est un laboratoire d’expérimentation de la démocratie; et où l’élection, la concertation et la participation restent un principe de première importance. Et, comme il n’y a pas de démocratie qui n’obéisse à un processus, il serait alors incompressible voire absurde de vouloir étouffer l’expression populaire à la base et surtout au niveau de structures/instances dont l’importance sociale a consacré l’existence légale. Ceci dit, et sans se laisser distraire par une quelconque querelle de vocabulaire, il importe tout de même de porter à l’attention du Parlement, que la légalité ne fait pas forcément la légitimité. 

Le Peuple est le champion de la démocratie. Il est donc une violation de droits de Citoyens que d’empêcher l’expression démocratique dans toute sa plénitude à l’échelle d’une structure locale. Ceci est d’autant indispensable à ce jour, que l’état de notre démocratie est encore brouillon.

De la constitution

Votre constitution n’est pas notre Constitution…Vous avez voulu la vôtre ratifiée, nous voulons la nôtre légitime. Pour sa légitimation donc, la question de la vulgarisation est essentielle et sa soumission par voie référendaire, une exigence de première grandeur. Prière de respecter Dame Constitution!

Il faut récrire la Constitution. Malheureusement, le législateur et le politique incapables de tout examen de conscience ne réalisent pas encore l’énormité de leur faute.

Du code électoral

Il faut que la prochaine révision du code électoral accorde au quartier un statut à même de le soustraire de l’influence de la Présidence de la République et le dégager de l’emprise de partis politiques dont l’irresponsabilité n’a d’égale que leur insouciance.

Consulter le Peuple? Le Président de la République, lui-même, en a rappelé le principe qu’à l’occasion d’une sortie médiatique où, de manière maladroite et tendancieuse répondait-il à une question relative à l’éventualité d’un troisième mandat. Stop !

Comme ils sont fantaisistes, ces gens-là! Malgré, la distinction à la limite de l’hostilité entre le pouvoir et l’opposition, nous continuons de penser qu’elle ne devrait être qu’une différence de démarches intellectuelles et, ne pouvant donc donner lieu à de la division. Qu’à cela ne tienne, la différence d’opinions est respectable et reste une valeur essentielle en démocratie. La pluralité des opinions/idées est fondatrice du multipartisme. Le positionnement imposé au nom de la loi aux partis sur l’échiquier politique n’est pas de nature à promouvoir la diversité et la richesse du débat politique : le parti au pouvoir et l’opposition républicaine ne peuvent pas être les seules mouvances à choisir.

Cette question en appelle une autre, celle des partis dits satellites. Mais, quels sont les critères qui président à l’attribution d’agrément? Preuve s’il en est que  notre démocratie est clientéliste.

Comme ils sont fantaisistes, ces gens-là! Une loi absurde qui, par ailleurs, a prouvé son inconsistance voulait à ce qu’aucun parti de l’opposition ne «collabore» avec le parti au pouvoir.

Ils seront peut être inspirés de la remettre en question. Nous ne concevons pas un paysage politique sans consultations régulières entre les acteurs dont la vocation est d’infléchir d’abord au moyen de contre-propositions une ligne gouvernementale. Un parti qui a de la personnalité, de la conviction et soucieuse de l’amélioration des conditions de vie des populations ne peut pas mourir de cette collaboration qui, généralement, est dictée par la difficulté du moment. Cette union sacrée doit s’imposer à tous !

En outre, contrairement à l’idée répandue, nous sommes peu enthousiastes quant à l’éventualité de rétablir le principe des élections à l’échelle des quartiers à la prochaine session budgétaire. Car, ceci ne ressort ni dans la lettre et ni dans l’esprit de ces accords. Contrairement à la plénière de l’opposition républicaine, les débats ont finalement porté sur la volonté même de saborder l’expression du vote direct à l’échelle des quartiers/districts. Une proposition de la mouvance présidentielle en est sûrement l’inspiration : “Aucun pays de la sous-région n’organise les élections dans les quartiers. Même les pays les plus avancés n’organisent pas les élections dans les quartiers. Ce serait seulement en Guinée qu’on va l’organiser. On nous a dit non !‘’

La suite de sa phrase, une tromperie à peine voilée, concernerait plutôt la question du couplage ou non qui a aussi suscité la contradiction. : ‘’On ne va plus les faire ensemble pour cette année” dira le député Camara Amadou Damaro, président du groupe parlementaire de la majorité.

A l’orée des échéances électorales, plus déterminantes à leurs yeux dans la perspective de la présidentielle de 2020, nous sommes effarés de constater de la précipitation dans l’organisation des élections locales, ce, en dépit du constat fait du fichier électoral. Fait extraordinaire, d’aucuns poussent le cynisme jusqu’à considérer ces joutes électorales comme matière de règlement de compte! Ce qui fait dire à certains que le consensus a un parfum de deal. Et, certains ne sont même plus en odeur de sainteté et l’on crie déjà à la trahison! Une crise de confiance qui risque de laisser des traces. 

Enfin, quoique nous avions toujours souligné la vertu du dialogue indispensable surtout dans une atmosphère de tension socio-politique, nous privilégions rigoureusement le respect de nos textes de loi, car un État ne peut être conduit à coup d’accords politiques. Ceci dit, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain, certains points desdits accords sont salutaires. Que l’esprit de la Salle des Actes vous suive !

Propositions pour ouvrir des pistes de réflexion 

1) – réserver exclusivement la présidence des Conseils de quartier/district à la candidature indépendante sans affiliation aucune à la Société civile;

2) – limiter le mandat à la présidence du Conseil de quartier à un seul, non renouvelable;

3) – le président sortant devient d’office un conseiller honoraire;

4) – la responsabilité d’élu municipal est incompatible à celle de conseiller de quartier;

5) – un conseiller délégué des quartiers doit siéger à titre consultatif au Conseil municipal;

6) -établir un programme de concertations périodiques -semestrielle- entre les quartiers d’une commune donnée;

7) – établir un rapport annuel de la situation des quartiers -doléances comprises- d’une commune donnée.

Faites que vos jugements soient influencés par les réalités. 

PENDESSA Amara, Citoyen.

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