Censure

Médicaments contrefaits : Le ministère de la santé ne peut résoudre le problème

Ce matin, Babady Camara est très malade, Il souffre de fièvre et de courbature. Informé, son ami Kalla Conté accourt à son chevet et lui conseille de prendre deux cachets de ‘‘wayi-wayi’’ (appellation locale d’un antalgique contrefait) contre la courbature et deux de paracétamol contre la fièvre. Son épouse Makhady se rend à l’échoppe de Diallo pour s’en procurer. Les vingt comprimés de ‘‘wayi-wayi’’ lui coûtent mille francs guinéens et les vingt de paracétamol idem. En tout et pour tout elle a dépensé deux mille francs guinéens. Savent-ils que ces médicament vendus à vil prix et sans ordonnance médicale sont contrefaits et dépourvus de principes actifs ?

‘‘La contrefaçon touche tous les produits. Nous avons découvert que l’ampleur du marché avait dépassé certaines limites dans notre pays. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour au marché de Madina. Quelle que soit la classe thérapeutique du médicament, vous l’aurez là-bas, allant des antalgiques, des antibiotiques, jusqu’aux anti-infectieux dans leur globalité (infections intestinales, antipaludiques et autres). Les médicaments y sont disponibles et accessibles sans ordonnance médicale. Seuls les médicaments rares y sont introuvables. Les produits périmés ont comme risque l’intoxication’’, nous dit le docteur Diakité Aboubacar Sidiki, inspecteur général de la Santé au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique.

Le docteur se souvient ‘‘un jour, j’ai vu un vendeur proposer à un client un hémostatique à la place d’un antiparasitaire. Le pire est que la majorité de ces vendeurs est analphabète et profane en matière de pharmacie, ignorant tout de cette science’’.

Les professionnels pensent que ces médicaments peuvent aller du circuit illicite pour le celui licite, et vice-versa. Ce problème préoccupe le monde entier. N’est-ce pas la raison pour laquelle le conseil mondial en fait à ce jour son cheval de bataille ? Au plan mondial, dix pour cent des médicaments sont contrefaits. Ce qui a contraint l’Europe à la création de Médicrime.

Pas de confusion entre médicaments recyclés et médicaments contrefaits

‘‘Les médicaments recyclés  sont des dons de produits non utilisés faits par les services de sécurité sociale dans le cadre d’une assistance humanitaire avec des dates de péremption valides, à ne pas confondre avec ceux reconditionnés , contrefaits et périmés  qui sont très nocifs’’, précise le docteur.

Nos états ne maitrisent pas les marchés

‘‘La vente illicite des médicaments est une réalité propre à toute la sous-région car, nos états ne maîtrisent pas totalement les marchés. La porosité de nos frontières favorise la libre circulation de ces dangereux produits dans l’espace de la C.E.D.E.A.O. Nos capacités sont réduites pour lutter efficacement contre. Pour cela nous devons accroître la surveillance de nos marchés’’, reconnait Dr Diakité.

L’état guinéen premier à signer en 2012, la convention Médicrime dès après son élaboration en octobre 2010, s’est fixé comme objectif  la lutte contre le circuit et la commercialisation des médicaments contrefaits, périmés et reconditionnés.  Cependant, ‘‘seul le ministère de la santé et de l’hygiène publique dépourvu de pouvoir de répression, ne disposant d’aucun pouvoir judiciaire, ne pouvant contrôler les frontières, ne pourrait en aucun cas résoudre ce problème, il faut une mobilisation collective’’, conseille le docteur.

Sur le plan mondial, la fondation Chirac, Médicrime et IPHARMA (fédération internationale de l’industrie pharmaceutique) constituent le trio qui lutte efficacement contre les médicaments contrefaits.

Bayo Ibrahima Kalil

 

 

 

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