Censure

« Notre mission première c’est de soutenir le président dans sa politique et son programme », dixit Dr Saliou Bella Diallo, président de l’AMP

Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le président de l’Alliance des acteurs de la mouvance présidentielle (AMP) se félicite de la rencontre du président de la République avec le chef de file de l’opposition. Pour le président du parti Afia et porte-parole de la mouvance présidentielle, le dialogue est la seule voie pour régler les différends. Mais Dr Saliou Bella Diallo appelle au respect des lois, afin que la Guinée puisse se développer dans l’harmonie et  la cohésion.

Dr Bonsoir. On est toujours dans le tumulte de la période postélectorale, malgré l’accalmie observée en ce moment dans la cité. Vous avez été un acteur majeur de ces élections locales, et de ce fait vous avez votre mot à dire sur toutes ces agitations qui ont entouré ce scrutin, n’est-ce pas?

Dr Saliou Bella Diallo : Nous avions eu avec l’AMP, que j’ai l’honneur de présider, à couvrir tout le pays pendant les élections. Mais après, il y a eu une cascade de manifestations violentes. Nous condamnons toute forme de violence, et nous encourageons le dialogue qui est la seule stratégie de règlement des différends. Je l’ai dit pendant les dialogues politiques qui ont eu lieu dans ce pays. Au deuxième dialogue même, l’opposition avait reconnu que les violences ne règlent en rien des problèmes qui assaillent la Guinée et qu’elle reconnait que seul le dialogue autour d’une table, pouvait régler les différends. Cela doit nous servir. Et en tant que patriote, nous devons tous nous convenir que c’est autour d’une table, par la force des arguments que nous pouvons régler nos problèmes.

Après la proclamation des résultats, il y a eu toutes les formes de manifestations qui ont été caractérisées par des dégâts en ressources humaines, des blessures mais aussi des morts. Il y a eu des dégâts en ressources matérielles et aussi en ressources financières. Nous en profitons pour adresser les condoléances à toutes les familles éplorées, à tout le peuple de Guinée. Et cependant, nous félicitons tous ceux qui de près ou de loin ont pu contribuer à régler ce problème. En premier lieu, le président de la République qui a su réellement être au-dessus de la mêlée pour que cette violence puisse s’arrêter. Il a posé assez d’actes pour désamorcer la crise. Au niveau de l’AMP, un ensemble fort de 57 partis politiques et de mouvements de soutien, nous considérons que nous sommes mieux placés pour pouvoir réellement dire haut et fort que la violence avec l’expérience que nous avons vécue, et pour avoir participé à tous les 5 dialogues qui ont eu lieu dans ce pays, que nous devons maintenant arrêter et favoriser les investissements pour pouvoir absorber les cadres, c’est-à-dire les engager pour pouvoir réduire au maximum le taux de chômage qui est déjà élevé en République de Guinée.

L’actualité politique reste dominée par la rencontre entre le chef de file de l’opposition et le président de la République. Quelle appréciation faites-vous de ce tête-à-tête ?

C’est vraiment un acte de soulagement. Cela a été fait grâce à l’acte magnanime du Pr. Alpha Condé qui a eu à inviter le chef de file de l’opposition et ce n’est pas une première, il l’avait déjà fait. Cela nous avait valu l’organisation du cinquième dialogue où tous les différends ont été réglés. Ce dialogue s’est déroulé dans la convivialité et le soulagement le plus absolu entre mouvance et opposition. Ce qui nous a permis d’organiser les élections communales et communautaires, de faire des conclusions sérieuses pour parler d’une CENI technique pour organiser les élections législatives et présidentielles. Donc, ça c’est totalement une victoire historique. Donc, cette récente rencontre s’est déroulée aussi dans la même similitude, à partir du moment où ils se sont rencontrés cette nuit-là même, il y a eu une décrispation de la situation géopolitique de Conakry jusqu’à Yomou. C’est quelque chose d’heureux. Nous en profitons pour féliciter en premier lieu le Président de la République le Pr. Alpha Condé et en second lieu le chef de file de l’opposition aussi qui est venu, et qui a été à l’écoute. A l’issue de cette discussion par la confrontation des arguments, il y a eu cette décrispation et c’est ce qu’on est en train de vivre.

A la suite de cette rencontre, le comité de suivi a repris ses travaux. Quel regard portez-vous sur ces travaux?

D’abord je suis membre du dialogue depuis le début. Je suis la troisième personnalité de la mouvance présidentielle et je suis signataire des conclusions issues du cinquième dialogue. Donc, j’occupe une place importante en tant que porte-parole de la mouvance et actuellement en tant que président d’une grande alliance comme l’AMP et président du parti AFIA. J’occupe une place prépondérante dans cette vie politique, non seulement de la mouvance, mais aussi des activités communes de la mouvance et de l’opposition. Le comité de suivi a sa composition. Ce sont les représentants de chaque tendance. Personnellement je ne suis pas du comité de suivi. Mais je suis la troisième personnalité du dialogue et  signataire des conclusions. Le comité de suivi en dehors des attributions qui lui avait été fixées, maintenant se voit charger de gérer, donc à peu près le contentieux électoral. Ce comité de suivi est présidé par le général Bouréma Condé, ministre de l’Administration du territoire qui a eu à diriger avec clairvoyance le cinquième dialogue et aboutir à des conclusions ci-heureuses.

Donc, c’est une personnalité qui innove, qui surprend et qui est en train de faire son travail convenablement. Il faut en profiter pour le féliciter par rapport aux résultats qu’il a enregistrés. Donc nous pensons que sous sa direction, le comité de suivi saura faire le travail qu’on lui a confié et trouver le consensus entre la mouvance et l’opposition.

Mais selon la loi après la publication définitive des résultats, il n’y a pas de recours. Donc il doit naviguer entre l’application de la loi et le consensus, s’il s’avérait nécessaire. Puisqu’en réalité, l’effort serait réellement de faire comprendre à chacun, nous devons être en mesure maintenant d’appliquer la loi sur toute sa rigueur pour pouvoir aller rapidement et sortir la Guinée du sous-développement. Donc le comité de suivi saura argumenter tout, et voir comment il faut trouver une solution heureuse afin que la paix, la quiétude sociale et l’unité nationale soient sauvegardées et renforcées. Fort heureusement, nous sommes dans la paix et l’unité nationale, les activités de développement sont en train d’être totalement déployées et exécutées. Donc le programme du quinquennat du Pr. Alpha Condé saura se tenir, se faire convenablement pour que le bilan puisse être largement atteint. Et je pense que pour ça, il n’y a pas d’inquiétude. Il faut faire comprendre à l’opposition que toute chose a des limites, et qu’elle doit observer le calme pour permettre à l’exécutif de faire son travail, de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à tous les Guinéens.

En dehors de la rencontre avec le chef de file de l’opposition, le Président de la République a reçu la mouvance présidentielle. Etiez-vous présent à cette rencontre ?

J’ai pris part à cette rencontre. Le lundi 2 avril, après la rencontre avec le chef de file de l’opposition, le président a demandé à rencontrer aussi la mouvance. Un communiqué est passé dans ce sens sur les medias d’état. Mais ce qui a manqué, le communiqué n’a pas précisé quelles sont les personnalités attendues à cette rencontre. En tant que président de l’AMP, en contactant mes vice-présidents et conseillers, nous nous sommes entendu qu’il faut permettre à tous les leaders qui composent cette alliance, présents à Conakry le mardi 3 avril, de se rendre à la présidence pour pouvoir participer à cette rencontre. Et c’est ce que nous avons fait.

A la présidence, il y a eu deux installations, la première c’est le comité de suivi, et la deuxième ce sont les partis de la mouvance. En premier le président s’est entretenu avec le comité de suivi et en seconde lieu il s’est entretenu avec la mouvance dans le sens large. Donc j’étais présent et face à face avec le président. On s’est entretenu pendant plus d’une heure et tout s’est très bien passé. J’étais avec l’état-major du RPG/AEC et au niveau de l’AMP, toutes les personnalités de première ligne étaient là. Donc notre alliance était largement représentée.

Puisque vous étiez présent à cette rencontre, de quoi avez-vous parlé avec le chef de l’Etat ?

Soucieux comme à son habitude du sort  de ses compatriotes, le chef de l’Etat, a, lors de cette rencontre, mis l’accent sur tous les défis que son gouvernement s’est engagé à relever dans les domaines  politiques,  économiques et sociaux. On a parlé de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche de la communication, de la santé, de l’éducation, de l’habitat, de l’environnement. On a parlé du fonctionnement de la mouvance. Et tout s’est très bien passé. Je dois reconnaître que nous avons beaucoup appris, avec ce qu’il nous a dit ce jour. Nous sommes donc sortis du palais présidentiel, très  réconfortés, redynamisés, et ça a été une bonne leçon. On a senti qu’on était avec le bon professeur.

Que répondez à ceux qui vous accusent d’avoir affaibli la COPAM ?

D’abord je vous rappelle que l’AMP est une alliance des inconditionnels du Pr. Alpha Condé, des gens qui ont un cursus complet, des cadres supérieurs qui ont fait des études universitaires et postuniversitaires en grande majorité, qui ont des objectifs. Cette alliance a trois missions. Premièrement, c’est de soutenir le président dans sa politique et son programme dans l’unité nationale, la paix, la concorde nationale et la quiétude sociale. Deuxièmement, c’est de contribuer à la pérennisation et à la promotion de l’unité et de la paix par des projets concrets pour le renforcement de cette quiétude sociale et l’unité nationale. La troisième des choses  c’est d’assister la population pour mieux comprendre la politique et le programme du président de la République, afin de contribuer à assurer le développement du pays, mais aussi aider cette population à monter des projets bancables pertinents, qui peuvent contribuer à l’amélioration de la promotion économique de la Guinée. Donc on a donné cette initiative, en voyant qu’au niveau de la COPAM les missions divergent. Les gens qui se ressemblent s’assemblent, se retrouvent spontanément. Donc c’est un problème de révolution qui s’est opérée. Et finalement, on a créé spontanément cette alliance qui est devenue la plus forte de la classe politique. 57 partis politiques, ce n’est pas quelque chose de facile à mobiliser. Cette alliance continue à fonctionner avec nos propres moyens. On est en train de faire du chemin. Un premier bilan c’est notre participation à travers tout le pays à l’organisation des élections communales et communautaires. Et actuellement, on est en train de travailler à travers les quartiers et districts. On a activement travaillé pour dénouer la situation actuelle du pays. Puisque pendant la période électorale on a tenu des réunions régulières sans aucune interruption. On s’est reparti pour faire des réunions au niveau des partis respectifs au niveau des états-majors des partis politiques et à travers les démembrements de ces partis politiques. On s’est intéressé à agir en commun au niveau des quartiers respectifs. Quand on prend un quartier quelconque, tous les partis de l’AMP se retrouvent pour sensibiliser, éduquer et former la population au niveau de ces quartiers pour lutter contre la violence et favoriser l’installation durable d’une paix, d’une sérénité d’une quiétude sociale. Ça, nous l’avons fait après ces élections. Donc je vous rassure que nous nous trouvons totalement à l’aise au niveau de l’AMP. Mais la COPAM ce n’est jamais notre concurrent, nous on la respecte. Nous collaborons avec elle. Donc il n’y a aucune forme d’animosité que nous faisons avec n’importe quelle alliance qui soutient le président. Nous sommes derrière le président, nous le soutenons. Nous sommes l’alliance de toutes les circonstances et de tous les instants du Président de la République.

Nous avons appris que le professeur Alpha Condé doit rencontrer l’AMP dans les prochains jours. Qu’en est-il ?

Oui bien sûr. Lors de la rencontre avec la mouvance, le président a commencé par dire qu’il va rencontrer l’AMP, personnellement. Donc le tour de l’AMP va venir incessamment. C’est ce qu’il a dit devant tout le monde. Donc, il va nous rencontrer, et nous attendons impatiemment notre tour d’audience. Ça sera la première que le président va accorder à l’AMP.

Est-ce qu’une date a été fixée ?

Non ! Nous attendons. C’est selon son agenda. Mais il a dit très prochainement, il va nous recevoir.

Entretien réalisé par Sadjo Diallo  (L’Indépendant)

 

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