Censure

Pour Standard & Poor’s, l’épidémie d’Ebola est sans conséquences immédiates sur la notation des pays africains

Pour Standard & Poor’s, l’épidémie d’Ebola, qui a entraîné plus de 1400 décès en Afrique subsaharienne depuis décembre 2013, n’a aucun « impact immédiat » sur la notation des 20 pays africains couverts par l’agence de notation, notamment le Nigeria et la RD Congo où des cas d’infections ont été détectés.

C’est à une mise au point assez inattendue que s’est livrée l’agence Standard & Poor’s dans un document publié ce mercredi 27 août. Pour l’agence américaine, l’épidémie d’Ebola, qui frappe actuellement cinq pays africains – principalement le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, mais aussi la RD Congo et le Nigeria, deux des vingt pays du continent notés par Standard & Poor’s – est sans « conséquences immédiates » sur les notes souveraines attribuées aux États africains.

Commerce négligeable

Dans son communiqué, l’agence rappelle dans un premier temps qu’aucun des trois pays les plus frappés par cette épidémie n’a été noté par ses équipes. Elle explique ensuite qu’aucun de ces États n’est « un partenaire commercial ou financier important » des pays évalués par l’agence.

« Même pris ensemble, ces trois pays représentent moins de 5 % des exportations et une part négligeable des importations du Sénégal ».

Ce pays, frontalier de la Guinée, a refermé le 21 août ses frontières terrestres avec son voisin du sud, après les avoir rouvertes en mai dernier après une première fermeture de trois mois.

Dakar a également clos ses frontières aériennes et maritimes non seulement avec la Guinée, mais aussi avec la Sierra Leone et le Liberia ».

Même constat en ce qui concerne le Burkina Faso, un autre des pays ouest-africains notés par Standard & Poor’s.

Région excentrée

S’agissant du Nigeria et de la RD Congo, directement affectés par cette crise, l’agence américaine estime qu’au vu de son évolution actuelle, l’épidémie devrait être sans effet immédiat sur leur notation. Si le nombre de cas constatés chez le géant ouest-africain « reste faible, comme l’anticipent de nombreux épidémiologistes, la note du Nigeria ne devrait pas être modifiée dans l’immédiat », même s’il existe, prévient Standard & Poor’s, un risque « non-négligeable » de propagation en raison notamment de la densité de la ville de Lagos où les cas d’infection ont été détectés.

Dans le cas de la RD Congo, où 16 décès dus à une autre souche du virus Ebola ont été récensés, Standard & Poor’s note que ces cas on été détectés « dans une région excentrée du pays, […] loin des centres économiques tels que la capitale Kinshasa ou la province du Katanga ». L’agence de notation constate d’ailleurs qu’un cordon sanitaire a été érigé autour de cette zone. Ce qui réduit la probabilité que l’épidémie ait un impact négatif dans l’immédiat sur la note du pays.

Contactée par Jeune Afrique, l’agence américaine explique que ce type de bulletins n’est pas une « confirmation » de la note des pays – qui ne peut être faite que suite à la réunion d’un « comité de notation ». Cette plutôt une « clarification » qui fait plutôt suite « aux demandes d’investisseurs et du marché au sujet de l’impact éventuel de la crise sur les notations », explique une porte-parole de Standard & Poor’s, qui espère, avec cette publication, apporter une réponse « à tous ceux qui se posaient la question ».

Il est important de noter que le document publié par Standard & Poor’s – s’il peut étonner par son ton détaché – exerce en quelque sorte un contrepoids à la psychose que l’épidémie semble avoir provoquée. Sans sous-estimer l’impact de la crise sur les trois pays les plus touchés, ce document ramène à ses justes proportions non seulement son importance mais aussi ses conséquences immédiates sur la plupart des autres pays africains, du moins ceux notés par l’agence américaine.

Une clarification bienvenue au moment où 1 500 touristes thaïlandais annulent leur voyage en… Afrique du Sud ; où Korean Air suspend ses vols vers le Kenya et où Hong Kong se met en alerte parce qu’un patient un peu fiévreux « a voyagé en Afrique ».

Source : Jeune Afrique 

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