Censure

Rapport Global Witness : Pourquoi l’action en justice contre l’ONG est nécessaire (édito)

Le rapport de Global Witness comporte des accusations graves qui méritent d’être éclaircies. Ces accusations visent non seulement le président Alpha Condé en personne, même si ce sont les pratiques supposées de l’ancien joueur de cricket Phil Edmonds et Andrew Groves qui sont dénoncées, le fils du président, Alpha Mohamed Condé est aussi brocardé par le rapport.

Le lead du rapport concernant la Guinée (intitulé “le prix”) est sans ambages : «After Liberia, Edmonds and Groves set their sights on a new prize: Mount Nimba in Guinea. To win it, their company Sable Mining—still listed on AIM—got close to the future president, backing the campaign that brought him to power, courting his son and paying millions to one of his close friends to advance their business with bribery.»

TRADUCTION : «Après le Liberia, Edmonds et Groves jettent leur dévolu sur une nouvelle cible : le Mont Nimba en Guinée. Pour l’atteindre, leur compagnie Sable Mining – listé à l’AIM – s’est rapproché du futur président, soutenant la campagne qui l’a porté au pouvoir, courtisant son fils et payant des millions à un de ses proches amis dans le but de faire prospérer leur affaires par la corruption.»

L’accusation est très grave car l’affirmation est péremptoire. Si Global Witness avait voulu traiter Alpha Condé de corrompu, l’ONG ne s’y prendrait pas autrement. Mais ce n’est que le début car voici une seconde affirmation.

« As Sable took care of campaign logistics—booking flights for the Condés, arranging meetings with a Liberian minister and the heads of South African intelligence, and offering the loan of a helicopter—its agent Sampil, an old confidante of Condé and a member of his entourage, was on the ground in Guinea scouting for permits ».

TRADUCTION : «Alors que Sable (Mining) s’occupait de la logistique de campagne et les réservations de vol des Condé, arrangeant les rencontres avec un ministre libérien et les chefs des services secrets sud africain, et louant un hélicoptère pour leur agent Sampil (Aboubacar), une ancienne confidente de Condé et un membre de son entourage, étaient déjà sur le sol guinéen pour chercher des permis (miniers).»

Tout simplement hallucinant. Le président Alpha Condé a balayé d’un revers de main cette accusation qui porte gravement atteinte à son honneur. « Demandez à un homme d’affaires guinéen ou étranger s’il m’a financé. Personne (ne l’a fait) », a dit le président. Mais les allégations de Global Witness entrent dans les « détails ». Lisez cette autre phrase.

« To get them, he wanted money for bribes. Four times that August Sampil asked Sable for money via Alpha Mohammed’s Paris bank account, leaked emails seen by Global Witness show ».

TRADUCTION : « Pour les obtenir, il voulait de l’argent pour les pots de vin. A quatre reprise au mois d’Août (2010), Sampil a demandé à Sable de l’argent via le compte bancaire d’Alpha Mohamed à Paris, montrent les emails qui ont fuités, vus par Global Witness.»

Cet épisode est facilement vérifiable en cas de procès d’autant plus que l’ONG affirme à la suite que Alpha Mohamed a fourni ses coordonnées bancaires à Sable Mining au début du mois d’Août. (« Alpha Mohammed had sent Sable his bank details earlier in the month—but wiring cash to the son of a high-profile politician was proving tricky »)

TRADUCTION : (Alpha Mohamed a envoyé à Sable ses détails bancaires au début du mois – mais envoyer de l’argent au fils d’un politicien très connu était risqué).

Global Witness livre plus tard des allégations toujours plus « précises » les unes que les autres : 120000 dollars USD de salaire annuel à Aboubacar Sampil plus 6 millions de dollars USD payés après l’obtention du permis au prix de « frais de consultant ». Passons sur les questions environnementales même si Global Witness affirme que le périmètre accordé selon elle à Sable Mining abrite des chimpanzés rares. Pour la petite histoire, ceux-là sont à Bossou…

Malgré tout, après avoir affirmé sans l’ombre d’un doute que Sable Mining a soutenu et financé la logistique de campagne du président Alpha Condé, Global Witness affirme paradoxalement qu’elle n’a aucune preuve de corruption du chef de l’Etat guinéen. Dans le même rapport!

« Global Witness’s investigation did not reveal any evidence of wrongdoing by Alpha Condé Sr. »

TRADUCTION : « L’investigation de Global Witness n’a pas révélé de preuve de malversations d’Alpha Condé sénior »

Alors pourquoi avoir fait des affirmations aussi péremptoires que celles faites plus haut ? Tout ceci est bien contradictoire ! Les enquêtes menées par des journalistes prouvent également que le permis d’exploitation de Zôo (dans Lola) appartient à West Africa Exploration et non pas à Sable Mining. Accuser Alpha Mohamed Condé et Aboubacar Sampil d’avoir fait le jeu de la corruption sont aussi des accusations qui ne doivent pas être passées en pertes et profits, surtout si les preuves s’avéraient inexistantes ou insuffisantes (ou les deux). Toutes ces deux personnalités ont catégoriquement nié les allégations contenues dans le rapport de Global Witness. Pour toutes ces raisons, et pour des questions de transparence l’action en justice clamée et par le gouvernement et par le président Alpha Condé est plus que justifiée.

Ibrahima S. Traoré pour Guinee7.com

 

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