Censure

Thomas Sankara : Un héros controversé

Thomas Sankara et Blaise Compaoré sont les deux héros d’une légende vivante, une légende qui débute en novembre 1982 suite au coup d’Etat qui leur permet de renverser d’abord le colonel Saye Zerbo, ensuite en août 1983 Jean-Baptiste Ouédraogo, chef du Comité du Salut du Peuple. Ils sont alors deux jeunes capitaines instruits, ambitieux, unis par une forte amitié ; ils sont en plus très populaires au sein des forces armées de la Haute Volta aujourd’hui Burkina Faso.

Au bout de quatre ans de règne la rupture entre les deux amis se consomme par un drame. Compaoré fomente  un coup de force contre Sankara le président et l’assassine. L’Afrique entière et le monde s’en émeuvent et condamnent l’acte, ce qui n’empêche pas Compaoré de prendre les rênes du pouvoir, il les gardera 27 ans avant de s’en aller hué et chassé par un peuple exaspéré.

Sankara héros national burkinabé, c’est bien la légende qui court, légende amplifiée par les médias. Mais au-delà de la légende, voyons les raisons de la chute du héros. L’homme était un révolté nourri des idéaux du marxisme-léninisme, il ambitionnait pour son pays un développement autocentré coupé de toute influence néo-coloniale, la France et tout l’Occident sont vus d’un mauvais œil alors que la coopération avec la Libye et les pays de l’Est est activement recherchée. Partant Sankara ne mâchait pas ses mots en parlant de l’ancienne puissance coloniale et de ses suppôts en Afrique dont le vieux de Yamoussoukro, Félix Houphouët-Boigny. En plus le Conseil National de la Révolution (CNR), instance politique suprême du Burkina, faisait exécuter sa politique par ses Comités de Défense de la Révolution (CDR) dont les nombreuses exactions avaient fini par désemparer les populations. Le terrain était donc propice pour mettre fin aux velléités dictatoriales du bouillant capitaine et c’est son bras droit, le capitaine Compaoré, qui servira de porte-glaive aux conspirateurs de l’intérieur puissamment soutenus par les présidents Mitterrand et Houphouët-Boigny.

Thomas Sankara assassiné par son compagnon et ami est vite couvert de l’auréole de héros national. En fait quand deux despotes s’affrontent, c’est le plus fort qui gagne. Si Sankara avait eu le dessus, qui sait s’il ne se serait pas débarrassé de Compaoré de la même manière. Aujourd’hui on peut établir que la différence entre les régimes de Thomas et de Blaise est que le second laisse à son actif, en dépit des crimes qui lui sont reprochés, de nombreuses réalisations socio-économiques que ses détracteurs mêmes ne peuvent nier.

La légende continue néanmoins son cours, Blaise Compaoré va devoir faire face aux tribunaux et cours de son pays ou à un tribunal international en vue de faire la lumière sur les crimes commis au Burkina Faso et dans toute la sous-région ouest-africaine. 

                                                                                              In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com

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