Censure

Tueries du 28 septembre : La présidente d’une association accuse les autorités d’un ‘‘manque effectif de fermeté’’

Hier lundi, des Organisations de défense des droits de l’homme à savoir l’A.V.I.P.A (Association des Parents, Amis et Victimes du 28 septembre 2009), O.G.D.H. (Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen), F.I.D.H. (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), ont organisé un point de presse à Coléah. Avec pour thème : la ‘‘Commémoration de l’an 4 des évènements du 28 septembre 2009.’’

Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des victimes des événements du 28 septembre, Mme Asmaou Diallo, Présidente de l’AVIPA a tout de suite rappelé que des dizaines de milliers de citoyens avaient, le 28 septembre 2009, répondu à l’appel pour l’organisation au stade du 28 septembre, d’une manifestation pacifique qui s’est transformée, selon elle, en l’un des plus grands drames enregistrés dans l’histoire de la Guinée. En plus: ‘‘Cette tragédie a entrainé plus de 150 morts le jour de l’événement et plus de 50 autres les jours d’après, le viol de 131 filles et femmes, des dommages physiques  sur plus d’un millier de personnes, plus de 600 cas de pillages et 90 disparus.’’

Mme Asmaou précise que c’est dans ce  contexte que sont nées des associations bénévoles dont AVIPA pour tenter de sécher les larmes, panser les plaies et atténuer les douleurs des victimes. Elle estime que s’il faut se féliciter de l’inculpation à ce jour de 9 présumés coupables de ces violences, force est de reconnaitre que des blocages de tous genres et un manque effectif de fermeté des autorités politiques de la place handicapent sérieusement l’avancée du dossier. Elle profite pour: ‘‘lancer un appel au pool des juges d’instruction chargés du dossier de rester fermes et sereins. Ils doivent demeurer convaincus que seule leur indépendance et leur impartialité devraient guider leurs pas. Au chef de l’Etat, pour qu’il ne soit guidé que par un impératif. Celui d’assurer aux Guinéens et à tous ceux qui vivent en Guinée une protection effective à travers une justice forte capable de mettre le citoyen à l’abri de la peur.’’

M. Malal Diallo,  a au nom du Président de l’OGDH,  rappelé un fait qui selon  lui était extrêmement grave : ‘‘C’était une première en Guinée. Le viol des femmes et des jeunes filles à ciel ouvert. Malheureusement pour nous jusqu’à maintenant on est en train de tergiverser. Justice n’est pas encore faite.  Ce qui nous importe en tant que défenseur des droits de l’Homme, c’est la volonté politique. Si la volonté politique existe, nous savons que tôt ou tard la justice sera faite et que les victimes rentreront dans leur droit et leurs parents cesseront de pleurer inutilement.’’

M. Abdoul Gadiri Diallo de l’OGDH a indiqué que lorsqu’à un moment donné la procédure a été engagée au niveau national concernant les présumés responsable des massacres du 28 septembre, ils ont pensé qu’à l’allure où  les choses avaient démarré, on ne pouvait pas déboucher sur des résultats probants. Et d’expliquer : ‘‘Ceci, du fait des mauvaises conditions de travail dans lesquelles se trouvaient les juges, mais aussi du fait de l’insécurité qui caractérisaient l’environnement dans lequel ils travaillaient. Nous avons le devoir, nous Guinéens de nous battre et d’engager une pression forte pour que cette affaire connaisse une issue.’’

Me Hamidou Barry, avocat des victimes a, lui déploré le manque de volonté politique pour examiner le dossier du 28 septembre 2009. Et a ajouté : ‘‘En principe, une fois que ces hauts responsables sont impliqués, il n’y a pas d’interrogatoire au fond, il n’y a pas de confrontation. Nous prenons le cas de Claude Pivi. Le 27 juin, ce monsieur a été inculpé par le pool des juges. Il a été interrogé le 4 juillet. Mais il a dit qu’il ne se présente pas. Et il n’est pas venu. C’est l’impunité qui nous fatigue en Guinée. C’est avec le droit qu’on construit la paix. Ce n’est pas avec les chansons ou les caravanes. Il faut qu’on rende justice.’’

Qu’en est-il des 6 milliards alloués aux leaders?

Lors de cette conférence de presse organisée par les associations des victimes du 28 septembre ce lundi 4 novembre, les leaders politiques à savoir Cellou Dalein de l’UFDG, Jean Marie Doré de l’UPG et Sidya Touré de l’UFR qui ont reçu chacun 2 milliards GNF comme soutient par rapport aux dommages qu’ils auraient subi lors de ces événement ont brillé par leur absence. D’où cette interrogation : pensent-ils aux victimes?

‘‘Il y a des victimes qui n’ont rien  à manger ou se traiter. Ces ministres-là ont des moyens déjà’’

Me Hamidou Barry, avocat des victimes d’un ton amer confirme : ‘‘C’est exact. De l’argent a été donné à certains ministres qui ont été victimes. Ils l’ont reconnu dans leurs auditions. Chacun a au moins reçu 2 milliards de GNF. Ce qu’ils en ont fait, honnêtement, je ne peux pas répondre à cette question. Il y a des victimes qui n’ont rien  à manger ou se traiter. Ces ministres-là ont des moyens déjà. Ils ont reçu des milliards. Pourquoi ne pas d’abord examiner l’affaire et allouer une réparation provisoire à ces victimes-là. Il appartient à ces  ministres de justifier la dépense de cette somme.’’

‘‘Je ne peux parler que du fonds donné à Cellou Dalein’’

Mme Hawa Dramé

Pour étayer l’opinion par rapport à cette somme remise à ces leaders politiques, Mme Hawa Dramé qui s’occupe du Centre ‘’Care’’ a  indiqué que le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée lui a demandé en 2010, de l’aider à aider les victimes du 28 septembre 2009 en utilisant l’expérience acquise dans sa propre fondation. Et d’expliquer : ‘‘M Dalein a créé un fonds qui s’appelle le Favip (Fonds d’aide aux victimes de violences politiques en Guinée). Et m’a demandé d’utiliser ce fonds pour aider les victimes du 28 septembre 2009. J’ai créé un centre qui s’appelle Care  le Centre d’aide d’insertion et de réinsertion pour les victimes de violences politiques. Depuis le mois de mai 2012, nous avons reçu, orienté, traité 234 personnes. Parmi ces 234 personnes 141 sont des victimes du 28 septembre 2009 et les autres sont des  victimes plus récentes.’’

Et de conclure : ‘‘Tout ceci est le résultat de l’impunité. C’est parce qu’il y a l’impunité qu’on a encore et toujours des victimes. Je ne peux parler que du fonds du Favip, pas des autres. Nous avons mis en place dans ce centre une prise en charge médicale avec des médecins référents qui ont consulté les patients,  nous avons mis en place un partenariat avec des spécialistes et d’autres centres médicaux, nous avons mis en place une prise en charge sur le plan psychologique, nous avons mis en place un soutien scolaire des enfants des victimes…’’

El Hadj Mohamed Diallo

 

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