Censure

Vœux de nouvel an : ce que Sadakadji ne dit pas

Amadou Oury Diallo Sadakadji est entré en politique. Et veut par un marqueur laisser des traces en s’attaquant tout d’abord à son ancien mentor : Cellou Dalein Diallo avec qui, il a fait des affaires pendant le régime de Conté. La trahison en politique est une stratégie, jamais un problème moral. Les initiés vous le diront. Ça, c’était une parenthèse que nous fermons d’ailleurs.

Sadakadji qui depuis belle lurette se présente comme un robin des bois sympathique- et on sait maintenant les raisons-, a, comme un véritable homme d’Etat écrit à la nation guinéenne pour lui présenter ses vœux de nouvel an. En plus d’innombrables vivres qu’il a distribués à Labé, fief de son désormais rival Cellou Dalein Diallo, à l’occasion de la fête de fin d’année. Dans ses vœux donc, Sadakadji indexe le pouvoir exécutif et l’opposition comme étant à la base de la situation chaotique actuelle de la Guinée. ‘‘Le pouvoir exécutif assume l’entière responsabilité de cette contre-performance. Cependant, il convient de signaler que les acteurs politiques de l’opposition n’ont pas été en mesure d’influencer positivement l’action du gouvernement et leur participation aux travaux de la nouvelle assemblée nationale ne rassure pas quant à leur capacité d’éviter ou de limiter les dérives de l’exécutif’’, pense-t-il.

et d’ajouter : ‘‘Le drame de notre pays réside dans le fait que ceux qui sont sensés le gérer officiellement en notre nom mais qui en réalité le font pour leur compte, veulent tout contrôler alors que la plupart de ceux qui aspirent à le gérer cherchent à tout récupérer. Ainsi, les uns ont peur de perdre le pouvoir qu’ils ont confisqué et les autres sont frustrés de n’avoir aucun pouvoir.’’

Ce qui, selon ses dires, préoccupe Sadakadji ‘‘c’est la pauvreté matérielle grandissante qui affecte la vie de la population  mais aussi  l’injustice volontairement entretenue par le clan au pouvoir. Si je suis profondément touché par la souffrance de la majorité d’entre vous, je suis encore révolté par l’impunité  qui règne dans notre pays. Des  fils et filles de ce pays sont tués de manière récurrente par les forces de sécurité, pour avoir voulu exercer leur droit garanti par la constitution de notre pays sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit engagée pour punir les coupables de ces actes odieux’’. Voici un très beau discours pour un débutant en politique.

Cependant de nombreux observateurs auraient souhaité entendre Diallo Sadakadji sur des questions économiques, sur des crimes économiques. En effet, il y a quelques mois, votre site, guinee7.com révélait qu’une entreprise russo-guinéenne, Enco5, était au cœur de scandale. Cette entreprise dont le principal actionnaire, est, selon nos informations, Diallo Sadakadji a bénéficié d’un triple payement pour un travail non fini.

Ainsi 58 milliards de GNF ont été sortis trois fois  de suite des caisses de l’Etat pour financer la même route : la ‘‘Contournante’’ de Gbessia. Cette route, longue seulement de 14,5km,  aura donc couté plus de 170 milliards de GNF. Et malgré le recyclage répété de la même facture, la fameuse route dans un passé récent n’était pas terminée. La ‘‘Contournante’’ de Gbessia est la route qui va de l’autoroute vers Gbessia port 1 et Gbessia port 2, contournant l’aéroport, pour aboutir  à Yimbaya. Longue d’environ 14 km, sa réalisation a donc couté trois fois 58 milliards de GNF au Trésor public, sans la moindre retenue de garantie. Le montant a été sorti une première fois en 2006 et les travaux, officiellement réceptionnés avant exécution. En 2007, la facture a été recyclée et le paiement, à nouveau effectué. En 2010, la même facture a encore été payée. Le maitre d’œuvre est le ministère de l’Urbanisme à travers la direction de l’aménagement des voiries urbaines. Toutes les factures, selon une source proche du dossier, ont été faites en faveur de Enco5.

Diallo Sadakadji décide de se lancer en politique pour faire de ‘‘notre chère Guinée, un pays où règne l’Etat de droit, la prospérité économique et où chaque citoyen aura toute sa place pour s’épanouir librement et en toute sécurité’’. Ne doit-il d’abord expliquer l’origine de ses immenses richesses ? Et montrer que ses entreprises sont en règle vis-à-vis du peuple de Guinée ? Le peuple de Guinée n’a-t-il pas le droit de connaitre ses futurs dirigeants ? Ce sont là des questions que nous aimerions poser au sieur Sadakadji.

Ibrahima S. Traoré

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