Censure

Le conflit syrien domine la grand-messe de l’ONU

La 68e assemblée générale de l’ONU s’ouvre ce mardi à New York. Le conflit en Syrie, sur lequel le Conseil de sécurité brille par son inertie depuis deux ans et demi, devrait dominer les discussions.

PUne semaine diplomatique intense commence mardi 24 septembre à New York, où les représentants des 193 pays membres de l’ONU se retrouvent pour la 68e assemblée générale de l’organisation. La situation en Syrie et la question du nucléaire iranien devraient vraisemblablement dominer cette grand-messe annuelle de la diplomatie internationale.
La France tente d’inscrire la Centrafrique à l’agenda

Bien seule dans son combat, la diplomatie française va tenter de faire adopter une résolution sur la République centrafricaine, aux mains des rebelles de la Séléka depuis mars 2013. Lors d’un mini-sommet consacré à la RCA à Bamako mi-septembre, François Hollande avait mis la communauté internationale en garde contre le risque de voir le pays devenir un « sanctuaire de terroristes ».

L’Union africaine souhaite augmenter ses contingents présents sur place pour tenter de stabiliser la situation politique et garantir la sécurité des populations, mais elle doit, pour se faire, obtenir l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU. Mardi, dans son discours devant l’assemblée générale de l’organisation, François Hollande va tenter de réveiller l’intérêt de la communauté internationale pour ce pays, plongé dans le chaos. Mais entre le conflit en Syrie et le nucléaire iranien, ses appels risquent fort de rester lettre morte.

Cette semaine pourrait notamment voir significativement évoluer la position internationale sur le conflit en Syrie, crise majeure qui secoue le Moyen-Orient depuis mars 2011 et qui, depuis cette date, a tué plus de 110 000 personnes. En deux ans et demi, l’ONU n’est jamais parvenue à voter une résolution contraignante contre le régime de Damas. La Russie et la Chine ont à deux reprises opposé leur veto au Conseil de sécurité.

Les lignes ont pourtant commencé à bouger au cours de ces dernières semaines. Le 11 septembre dernier, le président syrien, Bachar al-Assad, s’est déclaré favorable au plan proposé par la Russie pour éviter des frappes américaines et françaises en Syrie, consistant à placer ses armes chimiques sous contrôle international avant leur destruction. Trois jours plus tard, Washington et Moscou sont tombés d’accord sur un plan d’élimination des armes chimiques. Mais, depuis, les discussions avec les Occidentaux achoppent sur la question de sanctions en cas de non destruction des armes.

Le chapitre 7 de la discorde

« En coulisse, [les diplomates] discutent beaucoup de cette question, rapporte Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE 24 à l’ONU. Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a par exemple affirmé lundi qu’il y aurait des conditions pour que la France accepte de signer une résolution [fixant les conditions d’application du plan d’élimination des armes chimiques syriennes, ndlr]. Il a affirmé qu’il devait y avoir la mention d’un éventuel recours au chapitre 7, le principal point de friction entre Russes et Occidentaux. ‘Chapitre 7’, ça veut dire sanctions, et éventuellement recours à la force, ce qui était jusqu’à présent un tabou du côté russe. »

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et son homologue américain, John Kerry, doivent se rencontrer ce mardi, dès les premières heures de l’assemblée générale. Mais les désaccords risquent de persister entre les deux pays : dimanche, Sergueï Lavrov a accusé les États-Unis d’exercer un « chantage » sur la Russie afin qu’elle accepte une résolution contraignante pour son allié syrien.

Cependant, si, à l’issue des différentes réunions, les positions entre Russes et Occidentaux finissent par se rapprocher, le Conseil de sécurité pourrait sortir de sa paralysie sur la question syrienne et adopter une résolution dans le courant de la semaine.

Après la terreur Ahmadinejad, l’espoir Rohani

L’objectif de Hassan Rohani : alléger les sanctions

Outre la Syrie, une autre question agite le gratin diplomatique réuni à New York : le nucléaire iranien. Le président tout nouvellement élu, Hassan Rohani, va être scruté à la loupe au cours de cette semaine. Il a, ces derniers jours, multiplié les déclarations conciliantes, saluant notamment le ton « positif et constructif » du président américain, Barack Obama. Une rhétorique bien moins belliqueuse que celle de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad, et face à laquelle les diplomates occidentaux nourrissent un espoir prudent.

Hassan Rohani, qui s’est donné pour mission d’alléger les sanctions internationales qui étranglent son pays, pourrait ouvrir une nouvelle ère des relations de l’Iran avec l’Occident. « Nous voulons que le monde entende la voix de la nation iranienne opprimée. Au lieu de sanctions, il devrait adopter une politique de dialogue, d’échange, de compréhension mutuelle », a déclaré le chef de l’État iranien avant son départ pour New York, tout en maintenant le droit de l’Iran à disposer de l’atome.

Mardi en début d’après-midi, Hassan Rohani doit d’ailleurs rencontrer son homologue français François Hollande, première rencontre entre un président iranien et occidental depuis 2005. Il se dit même qu’il pourrait également s’entretenir avec Barack Obama, une entrevue que la Maison Blanche « n’exclut pas » sans toutefois l’avoir programmée.

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