Censure

Mamady O. Keïta : ‘‘A Kaloum, nous sommes dans un esprit légaliste, serein et combatif’’

Mamady O. Keïta, est le directeur de campagne du candidat RPG-Arc-en-ciel à l’uninominale de Kaloum, Djibril Lévia Bangoura. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à la rédaction de Guinee7, il porte un regard sur le scrutin du 28 septembre et parle de la suite que son parti compte donner aux résultats communiqués par la Céni. Interview.

Vous êtes le directeur de campagne du candidat RPG-Arc-en-ciel de Kaloum, dans quel état d’esprit vous êtes après la proclamation des résultats provisoires ?

Nous entamons l’après élection dans un esprit légaliste, serein et combatif. Nous sommes légalistes dans ce sens que nous avons reçu comme tout le monde par les ondes de la RTG les résultats provisoires de la circonscription électorale de Kaloum notamment à l’uninominale. Nous allons pour ce faire utiliser toutes les voies de recours que la loi nous procure afin que les suffrages des habitants de Kaloum soient reconnus. Car nous estimons que ce résultat ne reflète pas l’expression démocratique des populations.

Nous sommes sereins en ce sens que nous avons une entière confiance  en notre système judiciaire plus particulièrement à la Cour Suprême. Nous pensons que lorsque la Cour Suprême recevra nos requêtes, elle lira le bon droit et le bon droit ira en faveur du candidat Djibril Levia Bangoura.

Nous sommes combatifs en ce sens que  ces  résultats ne nous font pas baisser les bras. Nous continuons notre combat parce que nous estimons que notre victoire nous a été volées  et lorsque votre victoire vous a été volée en démocratie,  vous devez vous battre jusqu’au rétablissement de la vérité.  C’est ce que nous sommes en train de faire et nous sommes persuadés que la vérité jaillira et que le RPG-Arc-en-ciel remportera les élections à Kaloum aussi bien à l’uninominale qu’à la proportionnelle.

La circonscription électorale de Kaloum a été citée par la Communauté internationale parmi les huit circonscriptions électorales où il y a eu ‘‘manquements et irrégularités’’, Qu’en dites-vous ?

Je crois que ce qu’a dit la Communauté internationale n’est que la traduction de ce que nous avons constaté depuis le départ. Il faut savoir qu’au niveau de la centralisation et même pendant le vote, les observations de la communauté internationale étaient présents partout et ont vu la manière dont les choses se sont passées. Eux-mêmes se sont rendu compte que des suffrages n’ont pas été comptabilisés. Et je peux vous dire que  ces suffrages sont favorables au RPG-Arc-en-ciel. Donc, je pense que ce n’est pas une surprise pour nous que la communauté internationale mette  le doigt  sur les irrégularités et je pense que c’est ce qui nous donne encore plus d’assurance que les choses iront dans le bon sens.

Et nous sommes véritablement convaincus que lorsqu’on examinera l’ensemble des Procès-verbaux, on se rendra compte que les autres ne se sont pas battus à la loyale, ils ont plutôt utilisé des manœuvres frauduleuses pour obtenir les résultats qui sont les leurs. Je crois que nous aboutirons à la vérité des urnes.

Par ailleurs, à travers les réseaux sociaux, les sites internet, nous avons vu certains candidats se livrer à des pratiques de corruption (allusion faite au candidat UFR, Baïdy Aribot, montré dans une vidéo donnant (de l’argent ?) à un président de bureau de vote le jour du scrutin, NDLR). Je crois que dans une démocratie,  de telles pratiques sont intolérables. Elles doivent  aboutir à une disqualification, je crois que nous ne pouvons pas confier la représentation nationale à des personnes qui violent la loi, à des personnes qui se livrent à des actes de corruption.

Aujourd’hui en Guinée, nous avons besoin de lutter contre la corruption dans tous les domaines pour  que nous puissions amorcer  et conduire notre développement économique et la renforcer. Je crois que l’exemple doit être donné par les élus du peuple et  lorsque des gens qui sollicitent le suffrage universel se livrent à de telles pratiques, je crois qu’il faut purement et simplement les écartés du jeu démocratique.

Il semble qu’il y a une différence nette entre  les résultats directement sortis des urnes  affichés et ceux qui ont été publiés par la CENI. Qu’en dites- vous ?

Effectivement, il suffit simplement de se référer à un certain nombre de chiffres, notamment le nombre de votants, les bulletins nuls et les suffrages exprimés. Lorsque vous prenez votre machine à calculer et que vous additionnez les bulletins nuls et les suffrages exprimés, vous vous rendrez compte qu’il y a une large différence. Et ce sont les éléments fournis par le Procès-verbal de centralisation  affiché à la Commune de Kaloum. Sur les ondes, nous avons écouté la CENI, curieusement,  nous avons vu un certain ajustement à travers une addition des suffrages exprimés et des bulletins nuls. Ce qui nous amenait à environ trente mille et quelques voix, alors que dans le premier cas de figure nous étions à 33 mille voix. Donc, vous voyez qu’il y a au moins plus de 3000 voix qui flottent. Et je pense qu’il n’y a pas à chercher  midi à 14 heures,  les 3000 voix sont celles du RPG-Arc-en-ciel, et en les remettant à leur place, je crois que la démonstration sera faite encore une fois que le RPG-Arc-en-ciel a gagné l’élection législative dans l’ordre donné.

Kaloum  était à la base de toutes  les convoitises, est ce que cela vous   met trop la pression ?  

Il est vrai qu’on a beaucoup parlé de Kaloum en ce sens que c’est le centre-ville, c’est le centre administratif de la République de Guinée. C’est là où se trouve la Présidence de la République, la Primature et toutes les grandes institutions de la République, ainsi que les représentations diplomatiques. Mais de par la population, c’est à peu près 60 à 70 mille habitants. Je pense que de notre côté nous avons essayé de travailler sans pression,  comme si nous étions dans une situation normale comme un peu partout.

L’essentiel pour nous, c’était de remporter la victoire que d’ailleurs nous pensons avoir obtenu par le suffrage des Kaloumka. Cependant, nous avons entendu de la part de certains leaders de l’opposition des propos belliqueux. Ils disent que s’ils ne gagnaient pas ces élections, ils allaient se livrer à des actes de violence. Permettez-moi ici de condamner avec la plus grande fermeté de tels propos que je trouve irresponsables.

En ce qui concerne le RPG-Arc-en-ciel à Kaloum, nous continuerons toujours à prôner la paix  et la bonne entente entre les Kaloumka. Je pense que nous sommes allés à une compétition en croyant aux règles de la compétition. C’est-à-dire, la victoire ou la défaite.  Aujourd’hui, les résultats provisoires nous donnent battus à l’uninominale et nous estimons que ce n’est pas une raison de faire sortir les Kaloumka dans la rue. Et d’ailleurs, je pense que les Kaloumkas sont des gens responsables et qu’ils ne sont pas prêts à se prêter à de tels exercices irresponsables.

Aller à une élection, c’est gagner ou perdre. C’est ça aussi la démocratie. Nous,  nous continuerons toujours à sensibiliser nos militants dans le sens de la paix, dans le sens de la fraternité et dans le sens de la concorde. Parce qu’à Kaloum, nous avons besoin de développement, à Kaloum, nous avons besoin de nous attaquer aux problèmes qui assaillent les jeunes, les femmes, aux problèmes qui assaillent toute la population de Kaloum. Et cela ne  peut se faire que dans la paix et la concorde.

Interview réalisée

par Ibrahima S. Traoré

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