Aucune des formations politiques en lice pour les législatives guinéennes n’a pu s’arroger la majorité absolue, comme le confirment les résultats provisoires rendus publics ce vendredi par la CENI. De quoi ouvrir la voie à des jeux d’alliances, qui permettront de faire la différence entre la mouvance présidentielle et l’opposition, au sein de la future Assemblée nationale.
Les 114 députés sont répartis entre 15 partis politiques, dont dix petits partis qui ont été repêchés, pour avoir franchi la barre de 1% des suffrages exprimés.
Le RPG-arc-en-ciel a pu s’adjuger 53 députés, dont 18 à l’uninominal et 35 à la proportionnelle, alors que l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo vient confirmer sa position de seconde force politique du pays avec 37 sièges, dont 14 à l’uninominal et 23 à la proportionnelle.
L’Union des forces républicaines (UFR) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré a réussi à se maintenir en troisième position avec dix sièges au sein de la future assemblée. Cela grâce à une alliance avec l’UFDG, qui lui a apporté son soutien, notamment dans trois des cinq communes de la capitale, à savoir Kaloum, Matam et Matoto, où le parti de Sidya Touré a gagné les sièges de députés à l’uninominal.
Un autre ancien Premier ministre, à savoir Jean-Marie Doré, a obtenu 2 sièges, selon les résultats proclamés par la CENI.
Lansana Kouyaté, qui fut lui aussi Premier ministre, sous Lansana Conté, a réussi à travers le Parti de l’espoir et du développement national (PEDN) à rafler deux sièges. Maigre consolation pour cet opposant, qui semblait avoir plus d’ambition pour ce scrutin, comme il l’a fait savoir durant la campagne électorale.
Les dix sièges restants sont octroyés à dix petites formations politiques. A la lecture des résultats, aucun des partis en lice n’obtient la majorité des 76 sièges, soit 2/3 des membres de l’assemblée.
Il faudra donc recourir à des jeux d’alliances pour tirer son épingle du jeu. Pour le moment c’est la mouvance présidentielle qui semble disposer d’une avance dans ce sens, vu que parmi les dix partis repêchés, six avaient flirté avec elle, en prélude à ce scrutin.
Reste à savoir si la donne sera maintenue, en ce qui concerne cette alliance. Du côté de l’opposition, les sièges de l’UFDG, l’UFR et le PEDN réunis font 49. Il faudra lorgner du côté de l’UPG de Jean-Marie Doré, qui bien que se réclamant du centre, semble plus proche de l’opposition, dont il partage les revendications.
Pour preuve, le leader de l’UPG est de ceux qui exigent l’annulation pure et simple de ce scrutin, à cause, selon lui, du « caractère frauduleux revêtu par ce vote ».
Kassory Fofana du parti Guinée pour tous (GPT) est aussi un allié de l’opposition, bien que n’ayant obtenu qu’un siège à l’issue de ce scrutin législatif. Si l’UPG et le GPT se ralliaient à l’opposition classique, cela donnerait 52 sièges. Sans oublier le Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée (RDIG) de Jean-Marc Telliano, ancien ministre de l’Agriculture d’Alpha Condé, qui a basculé dans l’opposition, au lendemain de son éviction du gouvernement.
La partie n’est donc pas terminée entre le pouvoir et l’opposition, qui devront en découdre une fois à l’hémicycle, chacun voulant conforter sa position au sein du futur Parlement.
En attendant, les regards sont désormais tournés vers la Cour suprême, qui devra examiner les différentes requêtes portées à son niveau par les partis politiques qui sentent le besoin de recourir à cette institution censée remettre les pendules à l’heure, par l’application de la législation en matière électorale.
L’opposition a déjà fait savoir sa position consistant à demander l’annulation du vote. Mais, selon la législation guinéenne, il appartient plutôt à la Cour suprême de juger de la nécessité de valider ou d’annuler un scrutin.
Il faut souligner toutefois que la communauté internationale qui est impliquée dans le processus électoral guinéen a dans ses observations relevées des manquements et des irrégularités au niveau de huit circonscriptions électorales sur les 38 que compte le pays.
Partant de ce constat, elle a invité la CENI à en tenir compte en déposant les résultats provisoires auprès de la Cour suprême.
Le président de cette institution Bakary Fofana a, lors de la publication de ces résultats provisoires vendredi soir, indiqué avoir pris bonne note de ces recommandions de la communauté internationale.
Xinhua