Censure

Le bloc-notes de Zacharie : bouchez le nez !

Entre Conakry et ses ordures, ce me semble qu’on file le grand amour. D’une commune Ă  l’autre, il est bien aisĂ© d’apercevoir ce mal naturel, ce mal qui paraĂźt ne plus dĂ©ranger personne. A chaque commune son fatras d’immondices, telle est la loi, la juste rĂ©alitĂ© contre laquelle aucune autoritĂ© et mĂȘme, aucun citoyen ne semble vouloir lever le petit doigt. Mais quand, mĂȘme sur la voirie ces ordures ont la malicieuse audace de vouloir faire la loi, ma plume ne peut que dire : trop, c’est trop !

Faites un tour Ă  Matoto, Ă  son endroit Ă  la fois le plus dense et le plus connu. Dense, parce que tous s’y amĂšnent pour un besoin ou pour un autre. L’activitĂ© Ă©conomique de la commune y est concentrĂ©e. Alors que certains y viennent pour acheter, d’autres en ont fait une caverne, une vĂ©ritable taniĂšre Ă  voleurs. En voici qui en fait donc un endroit connu.

Mais plus encore, on parle de cet endroit en raison de sa particularitĂ© Ă  empiler sans raison des voitures qui devraient passer et repasser tout simplement. Je parle de ses embouteillages lĂ©gendaires. Et c’est bien Ă  ce rond-point que vous constaterez le calvaire de narines obligĂ©es de s’accommoder Ă  des miasmes pestilentiels de dernier degrĂ©. C’est lĂ  qu’on dĂ©couvre de curieuses dames qui reviennent toujours, au mĂȘme endroit, offrir la fragilitĂ© de leurs corps Ă  la froideur d’odeurs qui ne peuvent qu’affecter durablement la santĂ© maladive de ces GuinĂ©ens et GuinĂ©ennes abandonnĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. Ça fait pitiĂ©, tout simplement !

Des campagnes de dĂ©guerpissement, on en a eu plein les yeux mais les rĂ©sultats en restent ce que nous savons, et je me demande bien ce que notre Zorro en dit. En effet, ce singulier gouverneur ne semble circonscrire son action qu’à la rĂ©pression, non pas des ordures, mais des manifestations politiques. Il aime encore mieux vivre dans un environnement insalubre que d’avoir Ă  cĂŽtoyer des sĂ©quences de levĂ©es de boucliers. D’ailleurs Ă  ce sujet, le Resco qui fait peur s’est dĂ©jĂ  fait entendre.

Mais revenons Ă  nos moutons. Ces dĂ©tritus sont aussi le fait d’une culture singuliĂšre de gestion de l’environnement. Le GuinĂ©en semble ne pas saisir la dimension humaine de la nature, celle prĂ©cisĂ©ment de sa rĂ©activitĂ©. Chez nous, en effet, tout est poubelle : Ă  la rue, au bureau, sur la place publique, dans les taxis et  que sais-je encore, nous pouvons Ă  n’importe quel moment jeter n’importe quelle ordure. Vous me comprendrez lorsque vous apercevrez un Ă©norme gaillard se mettre bonnement Ă  l’aise en pleine rue, donc Ă  la vue mĂȘme d’enfants qui pourraient reproduire cet acte fascinant Ă  franc parler.

Il faudra donc pour ces cas bien rĂ©pandus Ă  Conakry,  une politique intelligente et rationnelle de gestion des ordures qui n’ait pas forcĂ©ment Ă  voir avec la maniĂšre forte si chĂšre Ă  notre gouverneur. Cela engage aussi bien le gouvernorat de la ville et les Ă©lus locaux, que les administrateurs d’espaces publiques.

Mais qu’on ne s’y trompe point, rien ne pourra jamais ĂȘtre obtenu sans la complicitĂ© de ces nombreuses populations productrices des ordures de Conakry.

zachariemills@gmail.com