A l’attente des résultats définitifs des élections législatives, l’opposition guinéenne multiplie les rencontres. Partout, elle réitère sa demande d’annulation soit totale soit partielle du scrutin du 28 septembre. Dans l’interview qui suit, le leader de l’UFR en parle.
M. Touré, quel est l’état d’esprit de l’opposition républicaine en attente des résultats définitifs des élections législatives du 28 septembre?
Nous sommes extrêmement sereins. Nous avons demandé à travers nos requêtes, l’annulation de ces élections pour des raisons que tous les Guinéens connaissent. Ceci, à cause des fraudes massives que nous avons constatées partout. Je dois vous dire que n’eut été la présence des observateurs internationaux dans la capitale, on aurait jamais gagné les trois communes de Conakry comme au premier tour de la présidentielle de 2010.
Il y a eu énormément de fraudes. Mais l’une des fraudes courantes que nous avons observées en Basse Guinée notamment : à Boké, Boffa, Dubréka, Coyah, Forécariah et à Kindia et dans les communes de Conakry c’est le fait de mettre de côté les PV de la proportionnelle dans les endroits réputés fiefs de l’opposition. Seulement, les PV de l’uninominal ont été vus. Toute ces manières étaient de diminuer les voix de l’opposition à la proportionnelle. Nous avons signalé cette attitude. A ce jour, toutes les informations sont réunies et les recours ont été déposés. Nous attendons donc la réponse de la Cour Suprême sur l’ensemble de nos revendications.
Dites-nous concrètement ce que revendique l’UFR ?
Il faut comprendre que certaines requêtes ne sont pas d’ordre juridique. En fait, le parti a constaté que partout nous avons obtenu 150 PV, seulement, 120 et 130 étaient retenus. Disons selon le bon vouloir de la commission de centralisation et de la CENI. Sinon, si vous observez de près ces PV, vous comprendrez que partout où l’opposition pouvait remporter, nos voix ont souffert. C’est pourquoi, nous allons inviter la Cour suprême à intégrer ces PV dans le processus électoral pour que le choix des Guinéens soit respecté. Parce que personne n’a le droit de violer ce principe démocratique.
C’est dire que l’UFR abandonne sa demande d’annulation du scrutin du 28 septembre ?
Disons que toutes ces questions sont sur la table. Nous avons parlé de certains zones de Conakry mais, nous avons plus de problèmes à N’Zérékoré où sur 250 000 électeurs seulement, soixante-dix-neuf mille ont pu voter. Pire, la commission de centralisation n’a validé que 39 000 voix sur 228 000 électeurs à la proportionnelle. Alors quand nous parlons de cela, les gens ne comprennent pas. Voilà pourquoi nous citons toujours le cas de Mandiana où il y a eu 93% de taux de participation 0,01% de bulletin nul alors qu’il y a 12% dans les zones comme Conakry et Boffa. Donc, il y a des endroits où nous demandons l’annulation pure et simple des élections. C’est le cas de N’Nzérékoré. Mais aussi à Dubréka. Nous souhaitons par endroit que les choses reprennent. Autant dire que notre demande d’annulation est toujours d’actualité.
Pourtant, certains observateurs estiment que ces élections ont été plus ou moins transparentes ?
Mais cela ne veut pas dire grand-chose. Aller-y voir un peu au Sénégal. Le président Macky Sall même signe des alliances avec des partis politiques au niveau de l’Assemblée nationale. Donc le score obtenu par l’opposition n’est pas à la hauteur des attentes. Si les élections avaient été transparentes, libres et démocratiques, on aurait compris le poids du parti au pouvoir.
La communauté internationale demande aux leaders politiques d’accepter les résultats qui seront proclamés par la Cour suprême. Qu’en dites-vous ?
Ecoutez, cela dépend des résultats qui seront proclamés par la Cour suprême. Mais pour ces élections, nous avons largement informé cette communauté internationale sur ce que le gouvernement manigançait. Il a fallu que les élections se tiennent pour que tout le monde connaisse les partis minoritaires. Je crois que tout le monde est d’accord que la Guinée est dans une situation difficile. Donc, ce ne sont pas des élections truquées qui vont ramener le consensus dans le pays et nous permettre d’aller de l’avant.
Peut-on s’attendre à quelle alliance de l’UFR si la Cour suprême confirmait ces résultats ?
Vous pensez à des alliances mais il faut être d’abord à l’Assemblée. Nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale. Après la proclamation des résultats par la Cour suprême, l’opposition va se réunir pour décider de la suite.
Mais si on confirmait notre demande d’annulation en plénière, cela voudra dire que nous n’allons pas siéger à l’Assemblée. L’UFR demande donc à ses militants de rester à l’écoute et d’attendre la version de la Cours suprême.
Interview accordée au Le diplomate