Lors de son récent voyage à Dakar, la capitale sénégalaise, à l’occasion du sommet extraordinaire des dirigeants de la Communauté économiques des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président guinéen Alpha Condé a fait état de l’éventualité d’associer toutes les obédiences sociopolitiques à la gestion des affaires de l’Etat, ce qui sous-entend la formation d’un gouvernement d’union nationale à court terme.
Depuis, la question fait débat à Conakry, en attendant la publication des résultats définitifs du scrutin législatif, prévue pour le 15 novembre par la Cour suprême.
En effet, depuis son avènement aux affaires, le 21 décembre 2010, le président Alpha Condé dirige une équipe gouvernementale composée essentiellement d’éléments appartenant à son parti, le RPG-arc-en-ciel, ou issus de courants proches de la mouvance présidentielle.
Près de trois ans après son investiture et après la tenue des élections législatives censées mettre un terme à la transition, Alpha Condé serait tenté par l’expérience du gouvernement de large ouverture. C’est le moins qu’on puisse écrire, quand on se fonde sur les propos du président qui, dans un entretien accordé à la presse sénégalaise, lors d’un sommet tenu récemment à Dakar, par les dirigeants de la CEDEAO, a indiqué « être prêt à collaborer avec tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice », sans aucune distinction.
Cela peut être interprété comme une main tendue à l’opposition et à la société civile. La nouvelle a fait le tour de la toile, et alimente en ce moment la chronique dans la capitale.
Ainsi, certains observateurs pensent que la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pourrait constituer un salut pour le professeur Alpha Condé, qui pourrait alors sans grande difficulté mener à bon bord le navire Guinée. Après avoir connu trois ans de gestion dont le bilan est perçu comme globalement positif. Bien que l’opposition y voit elle le contraire.
Cependant la mise en place d’un gouvernement de large ouverture au sein duquel pourraient se retrouver des représentants des partis politiques et de la société civile, est aux yeux d’autres observateurs comme le résultat d’un « échec » de la part de la mouvance présidentielle, de mener seule son programme de société proposé aux Guinéens.
Pour les adeptes de cette thèse, le chef de l’Etat guinéen aura plutôt intérêt à faire travailler une équipe gouvernementale, qui soit composée de cadres issus de son parti et de ses alliances.
Pour le moment, l’opposition guinéenne n’a pas réagi à l’éventualité de formation d’un gouvernement d’union nationale, mais, elle n’y verrait pas d’obstacle, selon des sources proches des milieux politiques guinéens.
L’opposition guinéenne tient pour le moment à ce que la Cour Suprême puisse publier des résultats définitifs conformes aux résultats sortis des urnes. Cela pourrait ouvrir la voie à un compromis pouvant déboucher sur la formation d’un gouvernement de large ouverture.
A défaut de la présence des leaders de l’opposition qui sont pour la plupart d’anciens Premiers ministres, dans une telle structure gouvernementale, d’autres cadres de ces partis ne se priveraient de profiter d’un portefeuille ministériel.
En tout état de cause, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ne pourrait que contribuer à apaiser davantage les tensions, commentent certains analystes.
Xinhua