Censure

Législatives maliennes : « bon espoir » en dépit de l’insécurité

Le gouvernement malien a « bon espoir » que se tiennent les législatives prévues le 24 novembre dans tout le pays, en dépit de l’insécurité persistant dans le nord du pays, où deux journalistes français ont été récemment tués, a affirmé un ministre malien à trois médias français.

« Nous pensons que les choses peuvent s’améliorer pour ce qui concerne les élections législatives d’ici le 24 novembre », a déclaré Cheick Oumar Diarrah, ministre de la Réconciliation et du Développement du Nord, dans cet entretien à TV5 Monde, Radio France Internationale (RFI) et au journal Le Monde diffusé dimanche.

« Nous avons bon espoir, parce qu’il y a des discussions et des actions fortes qui sont menées pour amener ceux qui sont partie prenante au dialogue (avec le gouvernement malien) à Ouagadougou à s’inscrire dans une dynamique positive », a ajouté M. Diarrah, sans les nommer.

Il faisait référence au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et au Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), groupes touareg qui ont signé le 18 juin à Ouagadougou un accord avec Bamako ayant permis la tenue, en juillet et août, de la présidentielle à Kidal (extrême nord-est), chef-lieu de région où sont présents les rebelles qui y refusaient auparavant la présence des armée et administration maliennes.

Ces deux groupes touareg ont annoncé récemment avoir fusionné avec un groupe armé arabe ayant ses bases dans le nord du Mali.

« Je ne pense pas que ceux qui ont fait en sorte que vos deux collègues (deux journalistes de RFI enlevés et exécutés le 2 novembre, NDLR) soient assassinés à Kidal soient aujourd’hui en mesure de faire en sorte que l’élection (les législatives, NDLR) ne puisse pas avoir lieu dans la région de Kidal », a estimé le ministre Diarrah.

« Ils n’ont aucun intérêt stratégique et ils se mettraient davantage en porte-à-faux avec la communauté internationale, la légalité internationale », a-t-il ajouté.

Le MNLA avait lancé en janvier 2012 une offensive contre l’armée malienne dans le Nord, avec des groupes jihadistes, qui a ouvert la voie à une crise politico-militaire de 18 mois marquée par une occupation de ces régions.

Les groupes jihadistes ont été chassés en grande partie par une intervention militaire franco-africaine toujours en cours, qui a permis l’organisation, en juillet-août, d’une présidentielle remportée par Ibrahim Boubacar Keïta.

Le premier tour des législatives est prévu le 24 novembre (éventuel second tour le 15 décembre), mais le pays peine à être sécurisé, particulièrement dans le Nord où se sont produites ces dernières semaines des attaques jihadistes.

Accrochage

Vendredi, un accrochage entre soldats maliens et rebelles touareg a fait trois morts dans le secteur de Ménaka (sud-est, près de la frontière avec le Niger), selon des sources militaires. Et le 2 novembre, a été perpétré l’enlèvement suivi de l’exécution des deux journalistes de RFI en reportage à Kidal, fief du MNLA qui y dispose toujours d’hommes armés.

Le double meurtre a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le ministre Diarrah a par ailleurs assuré que « le gouvernement est prêt » pour le dialogue avec les groupes armés conformément à l’accord de Ouagadougou, qui prévoyait un délai de 60 jours après l’investiture du nouveau président pour l’ouverture de pourparlers.

« Le délai a expiré » vendredi, mais « nous, nous sommes prêts. (…) Il y a des discussions informelles » avec les rebelles depuis l’installation du président Keïta, le 4 septembre, a-t-il indiqué.

Il a aussi affirmé prendre note d’une décision annoncée vendredi par les groupes rebelles, qui se sont engagés à libérer « à partir du 14 novembre » deux édifices publics qu’ils occupent à Kidal depuis plusieurs mois au détriment des autorités.

« Nous attendons de voir que cette décision sera exécutée. Entre-temps, nous continuons à discuter par les canaux informels qui existent entre eux et nous », a déclaré Cheick Oumar Diarrah.

A l’instar d’autres dirigeants maliens, il a également déploré la situation à Kidal, qui échappe à tout contrôle: « Tant que l’insécurité règnera dans Kidal, le processus de paix sera fragilisé, les discussions ne pourront pas avancer et il y a des risques majeurs pour les pays de la sous-région. Donc, Kidal est le noeud gordien qu’il faut trancher ».

AFP

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