Depuis deux 2 ans des sociétés peu connues du grand public exploitent le granite dans les sous-préfectures de Kalan (konkoren) et de Tountouroun à Labé. Les populations riveraines de la zone d’exploitation souffrent des dégâts causés par cette exploitation. Le dynamitage des mines a fissuré de nombreux bâtiments des localités. Victimes donc de l’exploitation du granit, les populations s’insurgent contre les autorités qu’elles accusent de détournements des taxes versées par les sociétés pour le développement des villages abritant les mines en exploitation.
A konkoren où nous nous sommes rendus, Alhassane Sow, porte-parole de la jeunesse de la localité semble amer devant une délégation conduite par le préfet, le commandant Mamadou Lamarana Diallo : ‘‘Depuis que cette société qui appartiendrait à Diallo Sadaka, nous dit-on, s’est installée chez nous, ici c’est la merde. Quand le dynamitage commence, il faut qu’on sorte du village et aller très loin pour éviter des conséquences physiques, toutes les maisons tremblent. Le préfet est là avec nous ce matin ce n’est pas des accusations. Il nous avait promis beaucoup de choses rien n’a été réalisé, il doit tenir sa promesse. Il avait dit qu’il allait refaire la route, grillager nos espaces, construire des écoles. Il n’a fait que parler. Allez voir notre mosquée aujourd’hui elle est à deux doigts de tomber. Qu’il tienne les promesses. Les vieux et nous n’avons pas les mêmes objectifs eux leur souhait c’est de dire ce que les autorités veulent entendre. Je suis persuadé que ce que nous vivons n’est pas connu du professeur Alpha Condé sinon il allait nous rétablir dans nos droits.’’
A sa suite, les femmes à travers la porte-parole, Kadidiatou Konkoren, est très remontée aussi: ‘‘Nous souffrons énormément. Le plus souvent ils ne nous préviennent pas quand ils sont prêts à dynamiter. Même la sirène qu’ils font est assourdissante à plus forte raison le reste. Regardez nos murs où allons-nous avec cette anarchie. Nous ne sommes pas contre l’exploitation, mais nos maisons construites avec toutes les difficultés du monde doivent être épargnées. C’est dans cette case fissurée que je passe la nuit avec mes enfants, on n’a pas le choix. Je mets au défi quiconque dans ce village de dire qu’il a profité des montants versés par cette société.’’
Selon nos investigations, les mines de granite sont exploitées par les sociétés Setrag (Société d’Exploitation et de Transport de granite) au profit notamment de Enco5. Toutes deux appartiendraient à Diallo Sadakadji, installé depuis peu à Dakar. M. Diallo, gérant de Setrag à Labé refuse de révéler l’identité du propriétaire de la société ‘’il n’est actuellement pas au pays’’, dit-il, avant de rejeter les accusations portées par la population contre l’entreprise : ‘‘Notre société n’a fait aucun dégât. Ce n’est pas le dynamitage fait par nous qui fissure les bâtiments. Tous les bâtiments de Labé sont fissurés. Même dans mon quartier à Thialakoun tout est fissuré. C’est la construction même qui fait ça.’’ L’autre société citée, Somaco, ne s’occuperait que ‘’du broyage pour Enco5’’, se défend un de ses responsables.
Parlant des fonds alloués aux localités par les sociétés, Mme Bah Kadiatou Bah, responsable de la section Mine de la préfecture de Labé lève l’équivoque : ‘‘Depuis qu’on a commencé à travailler ici aucun citoyen ordinaire n’est allé à la préfecture pour percevoir un montant issu de l’exploitation du granite. La loi dit que c’est les communes rurales de développement (CRD) qui doivent recevoir ces montants, les maires les transmettent aux populations. Ceux qui viennent à la préfecture sont souvent avec les représentants des propriétaires terriens, les présidents des districts, le receveur communautaire. C’est lui d’ailleurs qui doit recevoir l’argent, tire une quittance qui prouve qu’il a reçu. C’est les responsables ruraux qui savent la destination des fonds.’’
Selon nos informations, la carrière se situant entre deux CRD (Tountouroun et Kalan), la manne issue de l’exploitation est partagée entre les deux CRD.
Le préfet prenant la parole, explique : ‘‘Il y a moins de cinq mois depuis que je suis venu ici. J’avais promis de sécuriser le fond qui sortira de la carrière. Les citoyens ne sont pas informés. Je fais comprendre que les recettes ne sont pas encore utilisées. C’est encore gardé par les collectivités. Entre 2010 et 2012, deux sociétés ont évolué ici. C’est regrettable de constater que près de 3 ans d’exploitation c’est seulement 28 millions de GNF qu’ils ont reçu. Et depuis que je suis venu les rassurer, en 3 mois, 49 millions sont disponibles. De mon côté, j’ai tenu ma promesse. Ensuite j’ai fait venir les Russes de la société Enco 5 pour le reprofilage des routes mais leurs machines n’étaient pas disponibles. Ils ont promis tout de même de revenir. Quelques temps après les citoyens ont pensé que c’était du faux. Ce qui fait qu’ils ont travaillé avec leurs propres mains pour arranger la route et créer même une autre pour faciliter l’accès à leurs localités. Mais l’autorité préfectorale n’était pas informée.’’
Le préfet ajoute : ‘‘J’avoue que les dégâts sont énormes. J’ai constaté comme tout le monde les conséquences de l’exploitation sur les maisons. J’ai même appris que les bêtes trouvent la mort parfois, ce n’est pas une situation facile à gérer. La carrière est presqu’à l’intérieur du village. Pour que la carrière fonctionne, il faut utiliser la dynamite. Mais ils doivent comprendre aussi qu’à côté de ce qu’ils perçoivent pour le développement des localités, il y a des conséquences aussi. Ils ont eu beaucoup de millions avant que je ne sois préfet qui sait où est cet argent ? L’argent n’a pas été utilisé selon le besoin de la population. Ce qui est à la base de tous ces problèmes. Je suis venu encore pour écouter ces populations. Comme l’a dit la responsable de la section mine, la carrière c’est entre 2 CRD. Quand les uns demandent un forage, les autres réclament un grillage et une autre partie crient route ce qui complique aussi parfois.’’
Quand nous quittions les carrières ce 13 novembre, les activités étaient aux arrêts.
Alpha Ousmane Bah