Censure

Labé, les travailleurs de la Sotelgui en détresse

Plusieurs mois après la fermeture de la société de télécommunication de Guinée (Sotelgui), ses travailleurs vivent dans des conditions aussi difficiles que précaires à Labé. Nous avons fait un tour à la Sotelgui de cette localité. Reportage.

Dans la matinée de ce mercredi, un silence de cimetière règne dans l’enceinte de la guinéenne de la téléphonie. Tous les bureaux sont fermés, les portes et fenêtres poussiéreuses. Des travailleurs assis sur des bancs pour ‘‘parler de tout et de rien en vue de faire passer le temps’’.

KIssima Camara, chef service technique réseau et commutation, se lamente : ‘‘comme vous le constatez, notre vie est cailloux, nos chefs ont tué cette boite. S’ils connaissaient où se trouvait l’âme de la Sotelgui, ils l’auraient prise. Présentement, nous sommes dans un trou dont personne ne connait la profondeur et tous les jours on ne fait que s’enfoncer. Le laisser-aller des précédents régimes ont également contribué à la faillite de la société. Aujourd’hui la lumière commence à jaillir. La mauvaise gestion ne paye plus. Ce qui fait qu’on se retrouve dans cette situation. Ceux qui sont restés devant pour tuer la sotelgui pensaient faire du mal aux autres. Aujourd’hui le guet-apens est retombé sur nous tous. Aucun travailleur n’est à mesure de payer la scolarité des enfants ou subvenir aux besoins de la famille.’’

A la Sotelgui, il n’y a pas d’activités, mais certains sont toujours ponctuels. Mamadou Saidou Diallo Jack, financier, justifie cette attitude : ‘‘la Sotelgui  c’est notre vie. Que nous y gagnons un salaire ou pas, nous viendrons ici nous retrouver, même pendant les jours non ouvrables, nous sommes là. Rester à la maison, se regarder avec les femmes, les enfants, cela va vous énerver.’’

Souaré Abdoul, chef section commerciale, arrive tout de même à gérer le quotidien difficile : ‘‘c’est vrai qu’on ne travaille pas depuis 2 ans. C’est très difficile, surtout si vous vous occupez d’une famille qui vous considère être le principal soutien. Malgré tout, on continue à vivre. Nous parvenons quand même à supporter le coup avec des amis qui apportent parfois des soutiens moraux ou financiers. Et moi j’ai l’espoir que les problèmes de la Sotelgui finiront par se régler un jour. Et nous sortirons de cette situation y a des promesses avec l’actuel gouvernement qui nous rassure avec un appui de la Chine.’’

M. Baldé, agent technique ‘‘rend hommage à nos épouses qui arrivent à supporter les charges des familles. Elles sont braves et acceptent de nous comprendre. Elles n’ont point montré l’ingratitude à notre égard. Elles nous acceptent avec notre malheur. Nous avons appris qu’ailleurs les épouses ont abandonné les maris dès que la situation n’était plus comme avant. Ici nos femmes ont attaché les ceintures pour subvenir aux besoins de  la famille.’’

La société de télécommunication de Guinée en faillite est en redressement judiciaire. Certains travailleurs ne croient plus à la reprise des activités.

Alpha Ousmane Bah

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