Des pays comme le Rwanda ou la Côte d’Ivoire ont interdit leur utilisation et donc leur fabrication pour préserver l’environnement. En Guinée, les sachets plastiques ‘‘foré sac’’ semblent avoir de beaux jours devant eux. On les utilise surtout pour de l’eau minérale, et des articles divers après une course. Au grand dam de dame nature. Le constat de notre reporter.
Le grand marché de Madina, sur la route du Niger. Ce matin, comme d’habitude, une marée humaine fait des va-et-vient. Sous leurs pieds, d’innombrables sachets plastiques usés. Pas loin de là, un vendeur en gros de l’eau de Coyah qui ne veut pas être identifié se confie à nous: ‘‘Lorsque nos clients nous ramènent les sachets usés, on les renvoie à l’usine qui gère ces sachets. Ce qui est dommage, c’est le comportement des personnes qui après avoir bu de l’eau dans ces sachets les jettent à terre. C’est ce comportement là qu’il faut changer. Il serait intéressant aussi que les autorités pensent à installer des poubelles dans certains endroits le long des routes.’’
Au marché Mbalia, toujours à Madina, les vendeurs se fraient le chemin entre ces sachets plastiques à longueur de journée. Et Aissata Camara, vendeuse, a sa solution pour s’en débarasser: ‘‘Nous, ici lorsqu’il y en a trop, on les ramasse et on les brûle. Mais parfois, il y a des jeunes qui viennent les récupérer.’’
A Cosa, dans la commune de Ratoma, à quelques mètres du camp militaire Alpha Yaya, une montagne d’ordures attire tout passant. Là, de jeunes garçons fouinent à la recherche de ces sachets plastiques. Interrogé sur la destination de ces sachets usés, Amadou Diallo, environ 13 ans, répond : ‘‘On les revend à des femmes qui sont à Matoto.’’
Une femme interrogée indique que ces plastiques servent à ‘‘allumer les foyers pour la cuisine’’. Ce qui, selon M. Amirou Diallo, directeur général adjoint du Centre d’Etudes et de Recherche en Environnement (CERE) de l’Université de Conakry, n’est pas sans danger : ‘‘Les sachets plastiques ne sont pas biodégradables et de là, ils représentent un danger. Ils envahissent l’environnement partout et sont transportés par le vent sur de longues distances. Dans les sites de dépôts, ils forment des montagnes d’ordures indésirables dont le seul moyen d’élimination est l’incinération. La fumée qui se dégage dans l’atmosphère renferme des éléments toxiques comme le monoxyde de carbone. Ce traitement primitif des sachets peut générer à l’avenir des problèmes de santé.’’
Si certains estiment qu’il suffit de mettre en place un système efficace de réutilisation de ces sachets pour atténuer leur effet sur l’environnement, le scientifique lui estime que : ‘‘la meilleure manière de lutter contre ces sachets plastiques, c’est de les remplacer par des sachets biodégradables (recyclables). C’est l’un des moyens à ma connaissance qu’on peut utiliser de façon durable.’’
Pour tout dire, M. Diallo croit que ‘‘l’envahissement de nos centres urbains par les sachets plastiques interpelle toute la population guinéenne et l’autorité doit prendre des dispositions utiles pour limiter l’usage de ces derniers. Les populations locales doivent aussi comprendre que ces sachets créent un environnement désagréable, dégoutant et même révoltant aux yeux de nos illustres hôtes. Il incombe à tous, d’éviter au grand maximum, l’usage de sachets plastiques pour limiter la pollution physique qu’ils provoquent avec tout le désagrément qu’ils suscitent’’.
El Hadj mohamed Diallo
M. Apollinaire Togba Kolié :
‘‘Nous voulons aller de façon progressive pour aboutir à l’interdiction de la production de ces plastiques’’
M. Apollinaire Togba KoliéDans un entretien qu’il a accordé à notre reporter, le secrétaire général du ministère de l’Environnement, des Eaux et forêt, M. Apollinaire Togba Kolié nous parle des mesures en cours pour lutter contre la pollution de notre environnement par les sachets plastiques. Même si la tâche semble difficile.
Guinee7.com : On constate la présence massive de déchets plastiques dans la ville, que fait le Ministère pour éradiquer cet état de fait dans la capitale ?
M. Apollinaire Togba Kolié: On a une politique d’information, de sensibilisation à la base avec ceux qui produisent ces plastiques et ceux qui en importent, mais aussi avec ceux qui utilisent ces plastiques pour les collecter dans un endroit afin que les services puissent s’en débarrasser. La deuxième étape, c’est d’amener les producteurs à mettre sur le marché des produits biodégradables. La troisième étape, c’est d’interdire l’importation et la production d’emballages non dégradables. C’est toute une chaine.
Allez-vous prendre des mesures pour interdire la production de ces plastiques ?
Il faut savoir que les usines qui produisent ces plastiques utilisent une main d’œuvre importante. On ne peut pas du jour au lendemain les remercier sans apporter une alternative. Il faut revenir sur un aspect. Dès que les gens remarquent les déchets, on interpelle le Ministère de l’environnement. Ce sont les Collectivités qui sont chargées de la collecte des déchets. Une fois que ces déchets sont collectés, il revient au Ministère de l’environnement de prendre toutes les dispositions pour traiter ces déchets. C’est au Ministère de l’Administration du Territoire de prendre toutes les dispositions pour la pré-collecte, la collecte et le transfert des déchets. En fait, on travaille en complémentarité. Nous faisons en sorte qu’il y ait une synergie pour travailler ensemble. Nous voulons aller de façon progressive pour aboutir à l’interdiction de la production de ces plastiques. Il y a des centres de recyclage. Vous voyez des jeunes qui en dépendent.
M Kolié, il y a des pays comme le Rwanda, la Côte d’Ivoire qui ont voté des lois pour interdire la production des plastiques. La Guinée pourrait en faire autant ….
C’est vrai que ces pays-là l’ont fait. Mais tout n’est pas rose. Si vous prenez des décrets sans qu’il n’y ait des alternatives, vous risquez de créer d’autres problèmes. Il y a toute une chaine qui fonctionne. Regardez ceux qui sont dans des chaines de recyclage. Au-delà de ces pratiques, chaque famille produit 2, 5 kg de déchet par jour. Au prorata, la population produit environ 2000 tonnes de déchets par jour. Ces populations doivent être sensibilisées pour ne pas jeter les ordures dans les caniveaux par exemple.
Votre message à l’endroit des populations
J’invite les populations à balayer devant leur porte ou trouver des points de collecte à ces déchets. L’assainissement de notre ville doit être une affaire de chaque citoyen. Ainsi, on aura apporté quelque chose d’utile à la nation.
Interview réalisée par El Hadj Mohamed Diallo