Une mère poule, toutes ailes déployées, protège ses poussins de la menace d’un chat qui voulait s’attaquer à l’un d’eux, des bœufs meuglent, des moutons bêlent, des gargotières s’affairent à servir de la nourriture à leurs clients, çà bouge dans tous les sens. Un acheteur venu se procurer d’un taureau pour une cérémonie de mariage, marchande avec le bouvier. Les vautours survolent les lieux à cause des abattages qu’on y pratique sans oublier les chiens errants venus y chercher un morceau de viande ou de tripe. En débarquant du taxi, on est accueilli par ce méli-mélo. Nous sommes au carrefour Yémbéya sur la route le Prince à Simbaya dans la commune de Matoto.
Ce site, autrefois un terrain de foot pour la jeunesse du coin, abrite actuellement un marché de bétails. En son sein existent des abattoirs défiant toutes les normes sanitaires requises. L’abattage s’y fait à même le sol et la viande est à la merci des mouches, des asticots et de la poussière. Une odeur pestilentielle s’y dégage de jour comme de nuit rendant parfois l’air irrespirable par les riverains et autres passants.
Les bétails abattus ne sont soumis à aucun contrôle sanitaire préalable, a-t-on remarqué. ‘‘Avec l’existence des pathologies qui ont fait des dégâts colossaux dans les cheptels comme la maladie de la vache folle, la peste bovine, les cas de parasitose, aucune officine vétérinaire ne collabore avec ces abatteurs hors la loi’’, s’indigne un riverain.
Une bête abattue ce lundi au carrefour YembéyaSelon un cadre des services vétérinaires: ‘‘Dans la région de Conakry, il y a officiellement un abattoir (celui de Coléah) et deux aires d’abattages dont l’un à Ratoma et celui de Matoto vers chez Lanssana Kouyaté (leader du PEDN, NDLR). Ceux qui abattent en dehors des cadres cités sont dans la clandestinité. Dans le cas précis du marché concerné, notre service autorise seulement l’abattage des petits ruminants fatigués par le voyage dès leur arrivée sur le site. Et ceci pour limiter la perte des vendeurs. Je précise que ce n’est pas un abattoir. Donc l’abattage des gros ruminants n’y est pas autorisé.’’
‘‘Nous ne savons pas qui les a installés sur ce site. On a appris que c’est l’ancien gouverneur qui les installés là. En contrepartie de quoi, il venait s’y ravitailler en bétails en cas de nécessité. Vrai ou faux, je ne saurais le confirmer ou l’infirmer. C’est une situation insupportable. À eux, sont venus s’ajouter des éleveurs de porcs pour davantage polluer l’atmosphère. Mais depuis qu’ils sont là, l’air est vicié à cause de la litière et des excréments des animaux. Par deux fois des bandits on procédé à des braquages soutenus par des coups de feu, emportant leurs recettes. Notre sécurité est parfois menacée’’, déplore Cissé Abdoul Karim, un habitant du coin.
Il faut rappeler que ces genres d’abattoirs clandestins sont légions à Conakry. Au grand dam de l’hygiène et de la santé publique.
Bayo I. Kalil