Quand le malheur d’ébola frappa la porte de la Guinée, le Sénégal un peu dans la débandade prit la solution extrême : fermer les frontières et réfléchir après. Un peu comme le chirurgien qui coupe la jambe du patient à cause d’une plaie puante sur l’orteil et fait après le diagnostic. Le pays de la Teranga a mis sous le sable fin les relations séculaires qui ont existé entre les deux pays pour ‘’sauver sa population d’ébola’’. Sauver sa population est noble et souhaitable, pour être honnête. Mais les experts ont trouvé la solution extrême et ne reposant sur aucune recommandation des instances internationales spécialisées.
L’incompréhension dans la décision du Sénégal réside en ce que le pays est loin de l’épicentre de la maladie : la zone forestière. Des pays frontaliers de ces zones comme la Côte d’Ivoire et le Liberia se sont abstenus de prendre des décisions extrêmes pour le moment mais prennent des mesures moins choquantes et certainement plus efficaces pour se prévenir du virus maudit.
On pourrait bien rétorquer en brandissant la présence de l’Institut Pasteur du Sénégal en Guinée pour aider le gouvernement guinéen à faire face à la maladie. A ceux qui y pensent, je dirai que la fermeture de la frontière a mis tous ces efforts à l’eau par son effet d’annonce. Pendant combien de temps des milliers de citoyens sénégalais et guinéens ont été bloqués aux deux frontières ? Ces citoyens qui étaient indignés et qui dénonçaient cette solidarité bancale entre deux ‘‘pays frères’’ savaient-ils que l’Institut Pasteur du Sénégal était présent en Guinée ? En plus, entre nous, peut-on comparer la présence de MSF en Guinée à celle de cet institut ?
En Afrique l’adage dit : ‘‘il faut aider ton voisin à chasser l’oiseau qui détruit son champ, parce qu’après lui, l’oiseau pourrait bien être sur ton propre champ.’’ Il n’est cependant absolument pas conseillé de mettre les barricades entre ton champ et celui du voisin pour se préserver des oiseaux.
En un mot ou en mille, dans cette affaire d’ébola, certains faits intriguent : Le Sénégal et l’Arabie Saoudite, deux pays influents de la Umma islamique comme la Guinée- prônant à l’envie la solidarité- ont été les seuls à prendre des mesures draconiennes. L’un en fermant sa frontière, l’autre en refusant le visa aux futurs pèlerins. Mêmes les pays occidentaux pourtant d’habitude très regardants des questions de santé et d’hygiène en faveur de leurs populations sont restés solidaires et courtois envers la Guinée. Ne prenant des décisions que celles qui sont nécessaires.
Ibrahima S. Traoré