Depuis l’apparition de la fièvre d’Ébola en Guinée, en janvier dernier, les versions divergent dans la communication qui se fait autour de ce virus mortel. Le département de la Santé, celui de la communication, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF), chacune de ces institutions y va de son discours bilan, se rapportant à l’épidémie, au fil des jours. De sorte qu’on a du mal à appréhender exactement l’étendue des dégâts causés par la maladie.
Le comité interministériel chargé du suivi du dossier relatif à la gestion du plan de riposte contre la fièvre Ébola peine à remplir sa mission. Avec une communication qui se fait de façon impromptue.
Finalement on ne sait qui de Makanera Kaké et de Damantang Camara, est-il le mieux indiqué pour jouer le rôle de porte-parole du gouvernement. Tant le ministre de la Communication semble marcher sur les plates-bandes de son homologue de la Formation professionnelle, depuis l’apparition de cette fièvre foudroyante. Obligeant Damantang à faire finalement profil bas. Et le ministre de la Santé Dr Rémy Lamah ajoute également sa partition à cette cacophonie. Au final, la version du gouvernement est considérée comme ‘’peu fiable’’ aux yeux de maints observateurs, notamment chez certains diplomates.
Ceux-ci considèrent plutôt comme parole d’Evangile ce que les ONG, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières livrent comme informations sur la propagation de
l’épidémie. A ce niveau aussi, il faut relever parfois des contradictions entre ce que dit l’OMS et ce que rapporte MSF.
Concernant notamment les chiffres. Comme ce mardi, lorsque MSF évoquait 98 décès sur 157 cas notifiés, l’OMS elle, fournissait un bilan de 101 morts pour 157 cas enregistrés.
Pour ce qui est de l’équivoque qui entoure ce bilan épidémiologique, Docteur Sakoba Keita, chef de la division prévention et lutte contre la maladie et des experts de l’OMS ont au cours d’une conférence de presse tenue samedi dernier à Conakry, promis de procéder à un toilettage des chiffres, afin de donner un bilan fiable. Ils ont reconnu en effet, qu’il y avait eu une mauvaise communication autour de cette fièvre d’Ébola, dès le départ. Et que les bilans qui étaient
fournis au fil des jours étaient au-delà de la réalité.
Docteur Sakoba Keita avait lors de cette conférence déclaré qu’à ce jour la Guinée avait enregistré ‘’la présence de beaucoup de spécialistes de haut niveau qui ont aidé à mieux connaître la maladie, et même à rectifier certains messages qu’on a dû communiquer déjà sur la fièvre Ébola, pendant des jours antérieurs, et qui n’auraient pas dus’’, a-t-il souligné.
« Grâce à eux, nous serons mieux éclairés sur la nature, le mode de transmission, sur les personnes à risques et les messages clefs que vous devez à votre tour transmettre à la population pour éradiquer cette maladie », a-t-il dit, parlant de l’apport des spécialistes venus au chevet de la Guinée, dans ce plan de riposte contre l’épidémie.
Prenant la parole à son tour, Dr Philippe Barboza, expert de l’OMS a exposé sur l’origine de la maladie, le mode de transmission, les personnes à risques, et prodigué des conseils pour éviter cette
épidémie qui selon lui ne se contracte pas aussi facilement, comme on le croit.
« C’est une maladie très grave avec un taux de mortalité élevé mais qui ne se transmet pas facilement. Ce n’est pas une maladie comme le choléra qu’on attrape avec de l’eau contaminée, avec de la nourriture. Elle n’est également pas comme la rougeole ou la grippe qui se
transmet à travers la respiration ou par voie aérienne. Pour se contaminer de la fièvre Ébola, il faut être en contact rapproché avec un malade, qui manifeste des signes cliniques. Elle se transmet par
des liquides biologiques comme les vomissures, l’urine, le sang, et la sueur», a-t-il dit.
Sur les mesures à prendre pour se prémunir contre le virus, Dr Barboza note qu’il faut éviter ‘’de manger les chauves-souris sauvages, de les toucher et la consommation des cadavres d’animaux
sauvages morts d’eux-mêmes’’. Et de ne surtout pas toucher aux morts des suites de cette épidémie, sans protection’’.
Les conférenciers avaient profité de la rencontre pour fournir des statistiques sur les cas de personnes guéries de la maladie, qui étaient ce jour-là de 31. Reste que les chiffres rectificatifs promis par Dr Sakoba n’étaient toujours pas disponibles au moment où nous allions sous presse. Ça risque de ressembler à une arlésienne, in fine.
In l’Indépendant