La peur commence à s’estomper chez les populations guinéennes autour du virus Ébola, grâce à la multiplication des campagnes de sensibilisation aussi bien dans la capitale Conakry que dans les provinces.
Le comité interministériel chargé de la gestion du plan de riposte a enfourché ses grands chevaux pour mener à bien cette campagne au niveau des cinq communes de Conakry, avec l’appui des partenaires de la santé, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF).
Dans cette foulée, le comité a rencontré les opérateurs économiques pour un état des lieux du plan de lutte contre l’épidémie, qui, selon lui est sur le point d’être maîtrisé.
‘‘Les gens avaient cessé de se serrer les mains en se saluant’’
Le même discours a été servi par Mme Sanaba Kaba, ministre de l’Action sociale et de l’enfance et porte-parole du comité, au niveau des comités, à travers des réunions avec les autorités locales.
Les populations ont été invitées à observer les mesures d’hygiène édictées par les experts médicaux, à savoir éviter le contact avec les malades en phase avancée, le lavage des mains avec de l’eau chlorée et de l’eau de javel.
A ces tournées sensibilisation du comité interministériel, il faut ajouter les communications des experts de l’OMS, de l’Institut Pasteur de Lyon et du Centre pour le contrôle et la prévention de la maladie d’Atlanta, présents en Guinée, dans le cadre de cette opération, qui à travers des discours rassurants sur le mode de contamination de la maladie, ont contribué à émousser cette psychose, qui s’était emparée de la cité. Sans oublier l’intervention du président Alpha Condé en personne, qui, face à la panique provoquée par les flots de rumeurs qui circulaient sur le mode de transmission de cette fièvre foudroyante, a appelé les populations à la sérénité.
Les gens avaient cessé de se serrer les mains en se saluant, chacun voulant minimiser les risques de contracter ce virus mortel.
Les chefs religieux ont aussi joué leur partition dans cette campagne, à travers des journées de prières et de jeûne, organisées à travers le pays. Et une visite du grand imam de Conakry Mamadou Saliou Camara et Vincent Koulibaly, l’archevêque de Conakry, au centre d’isolement de Donka, le plus grand hôpital du pays.
‘‘Je n’ai plus peur comme au départ, depuis que j’ai entendu les experts dire que le virus Ébola ne se contracte pas par un simple contact au toucher’’
En Guinée forestière, les autorités régionales de la santé de N’Zérékoré ont pris les devants, avec l’appui de l’OMS et de MSF pour entreprendre des tournées de sensibilisation dans les préfectures de Gueckedou et Macenta, qui sont les plus touchées par le fléau.
« Je n’ai plus peur comme au départ, ce depuis que j’ai entendu les experts dire que le virus Ébola ne se contracte pas par un simple contact au toucher. Auparavant, j’avais conseillé à mes enfants de sécher les cours à l’école pour ne pas attraper cette maladie, qui fait tant peur. Mais, Dieu merci, on est sur le point de nous en sortir », témoigne Bintou Kaba, employée d’une agence de voyage de la place.
Cette mère de famille n’était pas la seule à vivre dans cette psychose, depuis l’apparition de la fièvre d’Ébola en Guinée, en janvier dernier.
‘‘Même les hôpitaux avaient été désertés par le personnel médical’’
Partout, le sentiment de peur était perceptible. A l’entrée des écoles et de certaines institutions, des bassines étaient remplies d’eau de javel, pour permettre de se laver les mains, avant d’accéder aux lieux.
« Même les hôpitaux avaient été désertés par le personnel médical, par peur de se retrouver avec des malades atteints d’Ébola. Je crois que l’implication des partenaires de la santé, dont OMS et MSF ainsi que la Croix rouge a été payante. Car la donne commence à changer, pour ce qui est du taux de fréquentation des hôpitaux », reconnaît Dr B. Camara, pédiatre au CHU d’Ignace Deen, deuxième centre de santé de la capitale.
La fièvre Ébola a fait à ce jour 102 décès sur 157 cas notifiés. L’intervention des experts médicaux a permis tout de même de sauver 37 malades, selon les autorités gouvernementales.
Docteur Sakoba Kéita, directeur du département de la prévention et lutte contre les maladies au ministère de la Santé, a indiqué qu' »il n’y a pas d’évolution de l’épidémie sur le terrain ».
Il y a « une révision des chiffres à laquelle tiennent le ministère de la Santé et le gouvernement par souci de fournir des chiffres proches de la réalité. Pour cela, appel a été fait au service de Médecins sans frontière (MSF) pour procéder à ce toilettage », a-t-il indiqué.
Xinhua