Tel chez un coiffeur, chacune aura bien son cauchemardesque tour ; sachant surtout que la rudesse des agissements sur l’une ne faiblira pas pour l’autre. Elles attendent pourtant passives l’heure de voir leur petit commerce avili par les bottes de certaines forces de l’ordre. Et leur exaspération ne tient pas tant à cette politique bancale de déguerpissement, qu’à la façon dont celle-ci est mise en œuvre.
Le feuilleton est digne d’une page noire, et aucune n’est assez parée pour affronter la hardiesse du nouveau Gouverneur dont l’aval rend la CMIS si extrêmement puissante. La compagnie d’intervention, comme prise par l’ivresse de son tout-pouvoir procède de la façon la plus inattendue qui soit. Elle démolit d’un coup de sabot, envoie à la rue, insulte, bat et méprise l’activité de ces mères dont le péché est de vouloir subvenir aux besoins de foyers sans pères.
Mais comment le comprendre, comment expliquer l’entêtement et la persistance de nos mères malgré les casses, malgré les pertes ? Sont-elles vraiment entêtées ou ont-elles seulement le choix ? Ces questions déjà abordées méritent qu’on y revienne, leurs effets persistant toutes les années. Il s’agit à mon avis d’un défi qui voit s’imbriquer plusieurs facteurs.
Je m’en prends d’entrée de jeu à l’urbanisme et à l’habitat dont le département, dans le plus banal des cas, aurait dû prévoir des espaces pour l’activité commerciale ; vous et moi savons bien qu’il en a été ainsi. Pourtant, les nombreux entailles et morcellements de ces espaces publics à des fins louches ne se font qu’avec l’ignominieuse collaboration de ce département. Je note au passage qu’il est des plus pourris de l’histoire de la gouvernance guinéenne.
J’en veux ensuite à ces administrations de marchés qui perçoivent des taxes sur ces petits commerces jugés illégaux, au même titre que sur les commerces réguliers. Toutefois à l’heure du déguerpissement, les larmes ne coulent plus à toutes. C’est du deux poids deux mesures que la justice ne peut se permettre. Que font-elles, ces administrations, de ces millions de taxes recueillies ? Pourquoi ne prendraient-elles pas l’initiative avec les autorités de créer un meilleur cadre à nos mères ? Comme toujours, je n’attends pas de réponse.
On peut aussi s’étonner que les nouvelles autorités de la ville de Conakry ne veuillent pas apprendre des erreurs précédentes. Elles initient les même déguerpissements, se servent des même slogans, font appel aux même forces de l’ordre qui se prêtent aux même exactions ; il y a véritablement à craindre qu’on ne soit, encore une fois en face des même mêmes.
Le Gouvernorat ne résoudra jamais définitivement cette problématique de l’occupation anarchique de nos artères si en amont, la question première du recasement n’est pas résolue.
Qu’on arrête donc de se surprendre de l’entêtement des femmes ! Il faut bien que la famille vive, puisqu’il est vrai que « tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie ».
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