En Côte d’Ivoire, Etat adulé par certains de nos hommes politiques, le Conseil national de la presse (Cnp) a suspendu cinq journaux. Il s’agit de quatre quotidiens : Aujourd’hui, Soir Info, Le Quotidien d’Abidjan et Le Temps. La liste est complétée par l’hebdomadaire Bôlkotch. Les décisions ont été rendues les 3 et 10 avril 2014. Ces journaux sont suspendus pour 12 parutions.
L’organe de régulation reproche aux publications Aujourd’hui et Le Quotidien d’Abidjan d’avoir traité le président de République de dictateur, chacune dans son édition du 31 mars dernier. La même faute à l’encontre d’Alassane Dramane Ouattara a été constatée dans le quotidien Le Temps, parution du 4 avril. Le Conseil indique qu’il avait déjà interpellé ces journaux pour des « écrits non conformes à la réalité ». L’organe rappelle que « l’usage abusif du terme dictateur pour qualifier le Chef de l’Etat constitue une offense à son encontre ».
L’hebdomadaire Bôlkotch a quant à lui été suspendu, car dans son édition du 28 mars au 3 avril 2014, le journal a publié une caricature désignant le président de la République sous le vocable « Magellan ». Le Cnp estime qu’Alassane Dramane Ouattara a été présenté « avec les traits du visage exagérément déformés ». Une récidive que le Conseil n’a pas pardonnée à la publication.
S’agissant du quotidien Soir Info, sa Une du 6 avril 2014 est jugée « non opportune et non nuancée qui a pris le contre-pied du communiqué du gouvernement interdisant la consommation de la viande de brousse dans le cadre de la prévention contre la fièvre d’Ebola ». Le journal avait en effet donné la parole à un expert congolais, le Pr Muyembé, qui conseillait de « ne pas cesser de manger la viande de brousse ».
Aujourd’hui, Le Temps, Le Quotidien d’Abidjan et Bôlkotch sont des journaux réputés proches de l’ancien président déchu, Laurent Gbagbo. Soir Info est considéré comme indépendant.
En prenant ces mesures contre la presse doit-on dire que l’Etat ivoirien, est un Etat responsable comparé à celui de la Guinée ?
De toute façon, comparée à la presse ivoirienne, celle de la Guinée peut bien s’estimer heureuse. Il faut avoir le courage de dire qu’en Guinée, le président est traité de tous les noms d’oiseaux par des journalistes à la petite semaine mais aussi par de vieux briscards qui utilisent la presse pour régler sûrement des comptes…politiques. Le paradoxe est qu’en Guinée, traiter le président de menteur sur du faux est plus correct que dire à un opposant qu’il est menteur sur du vrai. Qui a dit que la Guinée est atypique ?
Pire, dans le traitement de la fièvre ébola, la presse a fait à souhait dans le sensationnel. Alarmant par ici et contredisant par-là les informations officielles sans étayer ses arguments par des faits.
Aziz Sylla