Nos mœurs sont attristées, nos valeurs piétinées par une vogue qui fait ses misères à notre chez nous. La junte féminine se retrouve prise dans ses mailles, comme par ensorcellement. Elle y va à fond, enfume ses maigres économies et, aussi celles de machos qui lui sert de financiers, drainée par une sorte de fatalité à laquelle nulle ne saurait se soustraire ; cette expérience culturicide qu’on appela, justement, l’invasion du justaucorps.
Ils envahissent nos marchés, piaulent leur présence à chaque coin de rue, sur chaque étalage, bordent même les lieux de culte, s’invitent dans nos bureaux, talonnent le costume traditionnel de l’universitaire et met des failles aux dogmes du conservateur. Ces vêtements collants s’attachent aux femmes comme une seconde peau ; on pourrait même en dire que là où est une femme, là aussi est un justaucorps !
Un regain d’enthousiasme exceptionnel face auquel on ne peut que rester interdit et, si l’on entend y voir plus clair, se poser un ensemble d’interrogations. On se demandera par exemple pourquoi le body est-il extrêmement apprécié, serait-il plus fonctionnel que toutes nos spécialités vestimentaires ? Pourquoi la tendance chez les femmes est-elle d’ailleurs à se garrotter le corps d’habits moulants et collants ? Enfin, par quelles complicités le justaucorps assure-t-il sa survie au sein d’une culture entièrement opposée à lui ?
Vous l’aurez constaté, le body est une spécialité occidentale dont le nom suffit à déterminer le genre. Il s’agit de vêtements si fortement plaqués sur le corps que celui-ci puisse transparaître tel quel. L’enjeu pour la femme va donc bien au-delà de l’habillement, c’est l’expression caractérielle essentielle de la féminité qui appelle à être vue, appréciée et désirée, et l’on sait bien qu’il s’agit là d’un pari bien réussi auprès des hommes dont on réduit désormais l’effort.
Ainsi le justaucorps gagne en espaces et en cœurs en raison de cette complicité masculine qui est souvent mal couverte. Pourtant, et cela nous le savons, l’usage fait de ces vêtements est parfois loin de convenir à la bienséance. Des parties du corps souvent expressément exhibées à tous n’augurent pas que d’un manque de respect à l’égard de sa propre personne, mais tantôt d’une invite à tenter sa chance, tantôt d’une volonté malsaine de déranger et d’induire l’autre en sale univers. Et dire que l’on s’étonne des interminables viols chez nous, de l’inversement des pôles d’autorité dans les familles, des détournements de fonds et de tout cela … !
Ces fillettes, mineures, ces jeunes dames et même ces mères en font trop. Je sais bien qu’on ne peut pas attendre mieux d’une mère qui donne le mauvais exemple, mais des familles ont choisi de laisser pisser le mérinos à la pratique, les éducateurs de croiser les bras face à une situation qu’ils disent relever de l’environnement familial, et quoi encore !
Or, justement je n’ai rien contre le justaucorps, mais l’exagération découlant de son usage est responsable de bien des dérives aujourd’hui.
Et pourra-t-on seulement vaincre le justaucorps si son retour masculin n’en vient pas à varier ? Je m’en contrefiche à dire juste.
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